3 octobre 2019

Bye Bye Mr. John Bolton

Par Jérémy Silvares Jeronimo

Le Président américain l’avait promis durant sa campagne, et jusqu’à présent il a tenu sa promesse. Chose rare en politique, tant les électeurs sont habitués à voter pour un programme et à en subir un autre tout à fait différent durant le mandat (rappelez-vous N. Sarkozy et son fameux « Karcher »).

John Bolton.

John Bolton.

Donald Trump avait critiqué les interventions américaines en Afghanistan et surtout en Irak, interventions qui avaient selon lui aggravé les problèmes de l’instabilité au Moyen-Orient, augmenté le terrorisme, tué des soldats américains et fait tâche sur l’image des USA dans le monde. Il avait affirmé que s’il était élu, il adopterait une position plus tournée vers le dialogue, et moins vers les interventions musclées. Et c’est ce qu’il a fait !

Trois ans après son élection, Donald Trump a tenu sa promesse et a décidé de ne pas s’aventurer dans des guerres inutiles et coûteuses en termes humain, matériel et économique. Pourtant, les médias américains avaient affirmé qu’avec Donald Trump aux commandes ce serait bientôt la Troisième Guerre Mondiale, contre la Corée du Nord, contre la Chine, contre la Russie, contre le monde islamique, contre l’Iran, contre Dieu sait qui… Donald Trump, lui, a préféré montrer la poitrine à la Corée du Nord, pour ensuite négocier. Il maintient des relations courtoises avec Poutine, et a décidé de ne pas trop empiéter sur la zone eurasiatique russe. Il a aussi balayé l’idée d’une intervention en Syrie ou au Venezuela.

Mais les choses auraient pu se corser avec l’arrivée de John Bolton aux relations externes. Ce néo-conservateur, interventionniste de la ligne dure, n’avait qu’une idée en tête, écraser toutes les nations qui s’opposeraient aux USA. Comme bon néo-conservateur il avait appuyé l’intervention en Irak, malgré l’avis contraire de certains politiciens et leaders militaires américains (1).

Pire, il voulait que les USA partent tout de suite après l’écrasement du dictateur Saddam Hussein, quitte à laisser le pays dans le chaos le plus total. Et bien sûr, après avoir écrasé les talibans et Saddam Hussein, il fallait à tout prix que le prochain de la liste soit l’Iran, nation pourtant chiite et tout aussi ennemie des islamistes sunnites que l’Occident.

John Bolton est tout le contraire de Donald Trump en matière de politique étrangère. Le président Trump peut à certains moments menacer, montrer la puissance américaine à travers des manœuvres militaires, mais il est avant tout un joueur de poker, cela fait partie du bluff, un bluff qui sert à avoir le dessus durant les discussions.

John Bolton lui, voit le monde en noir et blanc: soit vous êtes avec les USA, soit vous êtes bombardés pour vous remettre les idées en place. Selon les mots du journaliste conservateur Daniel R. Depetris, le conseiller John Bolton « (…) est tout ce que vous ne voulez pas comme conseiller en sécurité. Il est têtu comme un âne, trompeur comme un serpent, et dangereux comme un scorpion. (…) pourquoi vous humilier en négociant alors que vous pouvez simplement bombarder les installations nucléaires de l’Iran ou écraser le régime de Kim Jong Ung par la force » (2).

Heureusement, Donald Trump n’a pas suivi les volontés interventionnistes de John Bolton ni sur le dossier nord-coréen, ni sur le dossier vénézuélien (3) ni même sur le dossier iranien. Donald Trump est toujours aussi ferme avec l’Iran, son discours à l’ONU l’a démontré, mais jusqu’à présent il n’a pas encore déclaré la guerre. Les médias français crient à la victoire de la diplomatie « macronienne » suite à la volonté de Trump de rencontrer le président iranien pendant le G7 à Biarritz (4). Ne serait-ce pas plutôt l’administration Trump qui a bien compris que l’opinion publique américaine ne veut plus de guerres ?

Cela pourrait annoncer un lent mais inexorable changement au sein de la politique américaine, marquée par le retour, après des décennies hors du pouvoir, des courants plus isolationnistes, qu’ils soient issus du conservatisme plus traditionnel ou du paléo-conservatisme (5), cependant que les néo-conservateurs, dont John Bolton a été l’un des plus puissants représentants, sont évincés peu à peu du pouvoir. Ce serait une bonne nouvelle pour l’Europe, surtout occidentale, car nous pourrions éviter des guerres inutiles au Moyen-Orient qui provoquent mort, désolation et des vagues de réfugiés vers nos pays. Ce serait aussi une bonne nouvelle pour les Américains, surtout pour les classes les plus pauvres, et les blancs “oubliés” qui ont voté Trump, car ce sont leurs fils qui vont lutter, pas les fils des hauts dirigeants néo-conservateurs (ni les bobos des grandes villes qui ont voté Hillary Clinton).

Rien n’indique toutefois que les néo-conservateurs sortent du pouvoir aussitôt. Leur influence est énorme (6). Mais au moins, avec Donald Trump les USA sont en train de suivre une politique internationale plus raisonnable. Ce changement de cap, cette volonté de discuter avec les nations aux quatre coins du monde est une excellente nouvelle pour l’ordre international. Alors on ne peut que se réjouir de l’éviction de John Bolton. Qu’il continue de commenter sur Fox News et nous laisse en paix. L’Occident ne s’en trouvera que mieux.

Notes

(1) Il y a eu en effet dès le début, avant même l’intervention militaire, des voix qui se sont levées contre l’invasion de l’Irak, même parmi des officiers militaires. Par exemple, le Joint Chiefs of Staff, le Comité des chefs d’état-major interarmées américain, avait conseillé au président Bush de maintenir le statu quo avec l’Irak (sanctions) et de ne pas s’engager dans une guerre. Source: Ricks, Thomas (28/07/2002) Some Top Military Brass Favor Statu Quo in Iraq, The Washington Post, USA.

(2) Traduit de l’anglais. Source: Depetris, Daniel R.(11/09/2019), John Bolton Meets His Fate, The American Conservative, USA, https://www.theamericanconservative.com/articles/john-bolton-meets-his-fate/

(3) – John Bolton considère le régime de Maduro comme étant dans la troïka du mal.

(4) ce fut lors du G7 que Donald Trump a décidé de reprendre les négociations avec l’Iran et de rencontrer le président iranien. Les médias français en ont déduit que ce fut l’œuvre d’Emmanuel Macron. Voir à titre d’exemple cet article du Figaro : Bourmaud, François-Xavier (26/08/2019), Au G7, la victoire diplomatique de Macron, Le Figaro, France, http://www.lefigaro.fr/international/au-g7-la-victoire-diplomatique-de-macron-20190826.

(5) Le terme paléo-conservateur, inexistant en Europe, renvoie à la “Old Right“, la vieille droite américaine. Plus radicaux que les conservateurs modérés sur nombre de sujets, les paléo-conservateurs sont pour une sévère restriction de l’immigration ; sur le plan international, ils sont isolationnistes, donc contre les interventions militaires, ce qui en fait des ennemis des néo-conservateurs. Ils sont aussi pour un rapprochement avec l’Europe, en faveur d’un nationalisme économique ; socialement très conservateurs, ils sont contre l’avortement, le mariage homosexuel et ils ont une vision très chrétienne de la société. Deux figures connues qui sont présentées comme étant paléo-conservateurs sont Steve Bannon, sur qui j’ai déjà écrit un texte sur Eurolibertés, et Pat Buchanan (qui se revendique en tant que tel), ancien candidat et conseiller sous Richard Nixon. Le livre The Paleoconservatives : New Voices of the Old Right vous aidera à comprendre d’où vient ce concept.

(6) Pour comprendre d’où viennent les néo-conservateurs, un des meilleurs livres que j’ai lu sur ce thème a été écrit par le paléo-conservateur Patrick Buchanan, Where the Right Went Wrong: How Neoconservatives Hijacked the Bush Presidency. Il y démontre comment à partir des années 80 les néo-conservateurs – un mouvement qui a commencé avec d’anciens gauchistes, trotskistes pour certains, venus vers le conservatisme – ont pris peu à peu le dessus sur des conservateurs plus traditionnels, et comment ils ont dominé durant les années George W. Bush. Ils sont responsables de la guerre d’Irak, ils avaient comme objectif de redessiner la carte du Moyen-Orient, en créant des pays artificiellement.

EuroLibertés : toujours mieux vous ré-informer … GRÂCE À VOUS !

Ne financez pas le système ! Financez EuroLibertés !

EuroLibertés ré-informe parce qu’EuroLibertés est un média qui ne dépend ni du Système, ni des banques, ni des lobbies et qui est dégagé de tout politiquement correct.

Fort d’une audience grandissante avec 60 000 visiteurs uniques par mois, EuroLibertés est un acteur incontournable de dissection des politiques européennes menées dans les États européens membres ou non de l’Union européenne.

Ne bénéficiant d’aucune subvention, à la différence des médias du système, et intégralement animé par des bénévoles, EuroLibertés a néanmoins un coût qui englobe les frais de création et d’administration du site, les mailings de promotion et enfin les déplacements indispensables pour la réalisation d’interviews.

EuroLibertés est un organe de presse d’intérêt général. Chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66 %. À titre d’exemple, un don de 100 euros offre une déduction fiscale de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coûte en réalité que 34 euros.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Quatre solutions pour nous soutenir :

1 : Faire un don par virement bancaire

Titulaire du compte (Account Owner) : EURO LIBERTES
Domiciliation : CIC FOUESNANT
IBAN (International Bank Account Number) :
FR76 3004 7140 6700 0202 0390 185
BIC (Bank Identifier Code) : CMCIFRPP

2 : Faire un don par paypal (paiement sécurisé SSL)

Sur le site EuroLibertés (www.eurolibertes.com), en cliquant, vous serez alors redirigé vers le site de paiement en ligne PayPal. Transaction 100 % sécurisée.
 

3 : Faire un don par chèque bancaire à l’ordre d’EuroLibertés

à retourner à : EuroLibertés
BP 400 35 – 94271 Le Kremlin-Bicêtre cedex – France

4 : Faire un don par carte bancaire

Pour cela, téléphonez à Marie-France Marceau au 06 77 60 24  99

Partager :