Nos pigeons, fils de héros vétérans reprennent du service
Récemment un pigeon a été placé en détention pour avoir transporté une lettre de menace destinée au Premier ministre indien, l’avertissant de futurs actes de violence qui pourraient être commis par le groupe djihadiste Lashkar-e-Taiba auteur des attentats à Bombay en 2009. Les pigeons espions du Pakistan sont désormais nombreux. (1)
Nos pigeons biset reprennent du service, mais pas pour la même cause. Souvenons-nous de ceux qui ont permis à la France de gagner la bataille de Verdun de février à décembre 1916. Rendons hommage à nos pigeons soldats, fils de héros vétérans !
Nous sommes le 4 juin 1916 à Verdun. Le fort de Vaux, cerné depuis le 1er juin par les Allemands ne peut plus communiquer vers l’extérieur. Le commandant Raynal fonde ses ultimes espoirs sur son dernier pigeon voyageur qui devra passer au travers des rafales de balles des tireurs d’élite des lignes ennemies pour atteindre Verdun.
Malgré les fumées des gaz asphyxiants du fort, « Le Vaillant » réussit à prendre son envol. Il portait le message suivant : « Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon. Signé : Raynal. »
Le 7 juin, le fort tomba aux mains des Allemands. Cinq mois plus tard, la contre-offensive française permit de le reprendre.
L’oiseau avait réussi sa mission. Il revint se poser au colombier fortement intoxiqué. Il fut à plusieurs reprises entre la vie et la mort. « Le Vaillant » était une femelle pigeon qui avait accompli déjà d’autres voyages périlleux dans les bombardements.
« Le Vaillant » ou plutôt « La Vaillante », matricule 787-15, fut décorée de la bague d’honneur aux couleurs de la Légion d’honneur. Elle coula une retraite heureuse près de son compagnon de combat, le commandant Raynal. Ironie du sort, le commandant et « dame pigeonne » sont morts la même semaine de janvier 1939.
Nombreux étaient les pigeons soldats à avoir été mutilés et tués par des barrages d’artillerie ennemis pour défendre notre liberté. Un autre pigeon força l’admiration… ou du moins, le respect : « Cher Ami » qui, malgré les éclats d’obus, délivra son message et regagna son pigeonnier, distant de 40 kilomètres. Il avait perdu une patte et son corps était transpercé d’une balle. Il sauva un bataillon.
En novembre 1918, l’armée disposait de 30 000 pigeons, dont la plupart étaient entraînés. Les Alliés utilisaient des pigeons en tant qu’espions depuis l’Angleterre, puis la Hollande pour atteindre la Belgique.
Plus de 20 000 pigeons ont été tués du côté français. À Charleroi (Belgique), un monument est érigé à leur mémoire.
Nous avons le devoir de nous souvenir de ces pigeons biset, soldats héros vétérans de cette Ire Guerre mondiale.
Pour les communes qui seraient tentées de les décimer par des moyens innommables car ils salissent nos rues, il est bon de faire savoir que l’heure est au souvenir, peut-être même à l’anticipation car seuls les oiseaux peuvent nous redonner la liberté ! Regardons autrement ces oiseaux, ils sont nos amis…
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Philippe Randa,
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