15 janvier 2019

Le cardinal botté

Par Pierre de Laubier

Voici un point d’histoire par trop négligé : pourquoi Richelieu portait-il la moustache ? Parce qu’à l’origine, il n’était pas destiné à l’état ecclésiastique. Il ne l’embrassa que parce que son frère aîné se fit capucin, dédaignant le siège épiscopal de Luçon que le roi réservait à sa famille. Plus tard, ce même frère (prénommé Alphonse) refusera la pourpre cardinalice que son frère, qui disposait de quelque influence dans les hautes sphères, voulait lui faire attribuer.

Ce fut donc le futur cardinal qui s’assit sur ce siège. Il ne démérita d’ailleurs pas, ouvrant un séminaire et publiant un catéchisme dans ce diocèse qu’il désigna comme « le plus crotté de France », mais qui ne l’était devenu que parce qu’il était infesté de protestants.

Devenu ministre, le cardinal moustachu appliqua son programme, dont le premier point était de « ruiner le parti huguenot ». Le parti huguenot, et non la foi protestante. Il n’abolit pas l’édit de Nantes : il en abrogea seulement l’un des articles, celui qui attribuait aux protestants des places de sûreté. Rappelons la raison de l’agitation de ces derniers : ils ne supportaient pas que le catholicisme fût permis en terre protestante, en l’occurrence le Béarn.

L’un des épisodes principaux de la lutte contre les huguenots fut le siège de La Rochelle (1627-1628), au cours duquel on édifia une digue qui empêcha les secours anglais de sauver la ville. Le célèbre tableau de Motte montre le cardinal, qui vint superviser le siège, en armure. L’a-t-il vraiment portée ? J’en doute. Une gravure de Bosse le montre équipé de la sorte. Mais l’artiste (qui était protestant) l’a peut-être représenté ainsi à titre symbolique.

Autre épisode : le siège de Privas, dirigé par Louis XIII en personne. La ville fut prise après que les artilleurs eurent hissé les canons le long d’une falaise inaccessible, du haut de laquelle ils purent canarder la ville à loisir. Ce qui prouve que les militaires doivent apprendre l’histoire, car un tel exploit fut renouvelé, bien plus tard, à Diên-Biên-Phu.

Après la déconfiture militaire du parti huguenot, la tolérance envers les protestants perdura, mais ils n’étaient plus rien comme force politique. Le second point du programme de Richelieu était de « rabaisser l’orgueil des grands ». En tant qu’ecclésiastique, il savait que l’orgueil est un péché. Mais c’est un péché pour tous, y compris pour les rois.

Richelieu combattit de nombreuses conspirations nobiliaires, plus d’une fois fomentées par la reine et la reine mère. Ces conspirations sont toujours présentées comme des trahisons par les historiographes des rois, ce qui est naturel, mais aussi par les historiens républicains. Ces savants binoclards, barbichus et bedonnants, ont du mal à cacher leur satisfaction à voir une tête bien née rouler sous la hache du bourreau.

Mais ces nobles étaient-ils vraiment des traîtres ? Avaient-ils tort de s’opposer au pouvoir solitaire du roi, fût-il exercé par l’intermédiaire d’un ministre ? Avaient-ils tort de rappeler qu’Hugues Capet avait été élu par ses pairs ? De ce débat sur la nature et l’étendue du pouvoir du roi, le roi sortit vainqueur, mais les pouvoirs qu’il confisquait à la noblesse, il ne les redistribuait pas, tel un Robin des Bois couronné, au bas peuple. Il les gardait pour lui.

Les chroniques de Pierre de Laubier sur l’« Abominable histoire de France » sont diffusées chaque semaine dans l’émission « Synthèse » sur Radio Libertés.

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