Jouer au paintball avec Emmanuel, Édouard et les autres copains…
Déjà neuf semaines que le personnel des forces de l’ordre, CRS, gendarmes mobiles, brigades anti-émeutes, cinquième colonne ne rentre plus au foyer.
L’un d’eux, Jean, une vieille connaissance dont je tairai le casernement afin qu’il ne devienne pas la risée du régiment, me disait samedi : « Je viens de recevoir un SMS de ma femme qui m’écrit ne plus supporter que je passe mes week-ends à jouer au paintball avec Emmanuel, Édouard et les autres copains… « Je pars avec Marcel », m’annonce-t-elle sans même un mot d’adieu. »
Combien d’autres cœurs brisés, combien de couples encore pleins de projets avant l’automne détruits, combien de familles éclatées, combien de sanglots, combien de gradés se dégradant…
Il est 18 heures à Bourges, six heures que Jean court après un maillot jaune qui le renvoie par la couleur à sa condition de cocu. La lecture de cette missive électronique fait naître en lui une colère soudaine, son cœur saigne. On verra tout de suite après, à la télévision sur RT, la tête du gilet jaune d’en face, qui saigne aussi.
Voilà un motif qui peut expliquer une bonne partie des 1 700 blessés, non ?
Il est de notre devoir cher lecteur d’exiger la vérité du gouvernement.
Car c’est bien le gouvernement qui est responsable. Ce ne sont pas les gilets jaunes qui demandent aux forces de l’ordre de venir faire une virée sur Paris tous les samedis, c’est le gouvernement. C’est un fait, le journaliste doit être impartial.
Aussi, nous demandons que soit rendu public le nombre de cocus recensés au sein du personnel des forces de l’ordre depuis le début du soulèvement.
Oui, chers défenseurs de la loi, des puissants, des lobbys, des nantis, il est temps de tirer, pour vous, la sonnette d’alarme. Votre fidélité à l’oligarchie ne paie pas. Aussi, nous ne saurions que vous conseiller la prudence pour que vos foyers ne se consument.
Au-delà de cette farce, l’excellent et très respectable écrivain historien Éric Hazan, spécialiste de la révolution, ne dit-il pas de tous ces gens d’armes : « Ils sont des prolétaires ». Avec son éclairage, il se pourrait que le pourcentage des personnes du service d’ordre éconduites et trompées soit alors de 100 % ?
Le groupe Beau Dommage dans sa complainte du phoque en Alaska, chantait « Ça n’vaut pas la peine de laisser ceux qu’on aime pour aller faire tourner des ballons sur son nez ». Ça vaut la peine de laisser ceux qu’on aime pour aller frapper son alter ego en protégeant l’indéfendable au risque demain d’avoir des jours amers et cruels.
Éric Hazan rappelait que la Bastille fut prise quand les canons furent retournés par ses gardes.
À bon entendeur…
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