La nouvelle classe dirigeante (première partie)
Pendant mille ans, la société française a reposé sur un triptyque sacré, représentation sur Terre de la Sainte Trinité, traduit par les trois Ordres, Noblesse, Église et Tiers-État. Autrement dit, « ceux qui combattent », « ceux qui prient » et « ceux qui travaillent », selon la formule célèbre. Au-dessus des Ordres, le roi et la monarchie. Mais en fait, le Tiers-Etat, au début constitué de la masse des paysans représentant 90% de la population, s’est peu à peu modifié pour ne plus constituer qu’un « vrac » aux profils de plus en plus distincts et même opposés. La bourgeoisie naissante pour devenir triomphante financièrement et intellectuellement au XVIIIème siècle, n’a plus rien à voir avec les paysans, les petits artisans et les travailleurs des villes en expansion avec l’industrie naissante.
D’autre part, Noblesse, Église puis Tiers-Etat dans son volet bourgeois, constituaient des pouvoirs concurrents, parfois opposés, formant ainsi des contre-pouvoirs, entre eux, mais aussi au premier -ou quatrième- pouvoir, prétendument suprême et souverain, incarné par le roi. A partir du XVIème siècle, la France va vivre au rythme de ces pouvoirs concurrentiels : guerres de religions, qui étaient aussi une guerre politique et libertaire ; puis Fronde nobiliaire -la Noblesse s’oppose aux empiétements du roi-, puis Fronde Parlementaire -la bourgeoisie de robe s’oppose au pouvoir législatif du roi-, puis victoire du pouvoir personnel du roi avec Louis XIV, enfin retour d’une bourgeoisie de plus en plus riche qui va utiliser la « philosophie » au siècle dit des « Lumières » pour remporter le dernier combat. En deux siècles, les quatre pouvoirs réels, l’Eglise, la Noblesse, le Tiers-Etat « bourgeois » et le roi, se sont combattus, remportant tour à tour des victoires partielles ou momentanées. Sauf pour la bourgeoisie qui va prolonger sa victoire après 1789.
Car la fin du XVIIIe siècle consacre la fin programmée des Ordres, fondés sur des valeurs religieuses, sur l’honneur et des vertus sociétales très éloignées des références économiques qui vont leur succéder à partir du XIXe siècle. D’autant que l’Eglise, déjà lézardée par les guerres de religion et la liberté d’examen en matière religieuse, est de moins en moins respectée : la foi exaltée du chevalier a disparu ainsi que la foi du charbonnier des masses paysannes de moins en moins craintives face à la loi de Dieu. La Noblesse, quant à elle, n’a plus rien à défendre et sa fonction guerrière a disparu. La vieille Noblesse a en outre été décimée pendant les guerres d’Italie à la fin du XVe siècle, et la noblesse plus récente ne détient plus qu’un pouvoir local seigneurial certes très palpable pour le peuple, mais qui n’est plus justifié. Le rôle du roi et de l’institution monarchique est attaqué et contesté de plus en plus vivement par ceux qui détiennent le seul véritable pouvoir de la modernité : l’argent et le commerce; c’est-à-dire la bourgeoisie.
Reste le petit peuple, encore très majoritaire, celui des campagnes et des industries des faubourgs des villes en pleine expansion. Mais bourgeoisie et petit peuple sont toujours regroupés dans un même ordre : le Tiers-Etat, en réalité verrouillé par la bourgeoisie.
C’est ainsi que la Révolution va abattre la Noblesse, le roi et abaisser encore l’Eglise, faisant de la bourgeoisie le grand vainqueur, et pour longtemps de la lutte pour le pouvoir. Mais cette fois le pouvoir, jusqu’alors morcelé en quatre, va se concentrer entre les mains d’une seule catégorie sociale. On ne parlera plus d’ « Ordres » mais de « Classes », avec une connotation exclusivement socio-économique qui balaiera tout un système de valeurs supérieures et traditionnelles, tout une construction sociale fondée sur des vertus humaines et religieuses jugées dépassées. Il ne va plus exister que deux classes : celle des bourgeois possédants et des propriétaires des moyens de production, d’une part, et d’autre part les travailleurs. Ces deux classes censées s’opposer ne dégagent en réalité bien sûr qu’une seule « classe » dirigeante : la bourgeoisie. On va ainsi passer d’un système de pouvoirs et contre-pouvoirs à quatre au pouvoir d’un seul. Beau résultat de la Révolution libératrice du peuple.
(à suivre)
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