Fièvre chauvine hexagonale

Bien avant la canicule estivale de la mi-août 2018, l’Hexagone a eu sa poussée de fièvre les 15 et 16 juillet à l’occasion de la finale de la Coupe du Monde de balle au pied en Russie. La victoire de l’équipe dite de France sur une vaillante et méritante équipe de Croatie fit sortir quelques milliers de Français dans les rues. Les manifestations de joie furent ponctuées par de nouvelles coutumes urbaines : la grillade de voitures et les agressions sexuelles minorées par des médiats officiels complaisants.

Depuis plusieurs semaines déjà, au rythme des rencontres gagnées par les gars de Didier Deschamps, les fans de ce sport surmédiatisé se remarquaient par des maillots bleus au coq gaillard et des drapeaux tricolores. Pendant les matchs, combien de fois n’entendit-on pas résonner depuis les tribunes La Marseillaise ? Des supporteurs, à Tergnier dans l’Aisne par exemple, ont même contribué à réduire un tout petit peu l’endettement public en recevant des amendes pour avoir fait des usages « intempestif du klaxon » et « abusif du régime moteur » pour les deux roues. Remercions-les chaleureusement pour leur admirable contribution civique.

Au contraire de la victoire de 1998, le succès de cette année a été bien moins récupéré par l’hyper-classe et ses valets médiatiques. On a célébré une équipe et nullement une fantasmatique France « black – blanc – beur ». Entre-temps étaient passés, il est vrai, le merveilleux 21 avril 2002, la révolte des banlieues de l’immigration en 2005 et les attentats islamistes de 2015 – 2016… Apprécions aussi que le piètre sélectionneur Raymond Domenech et les joueurs Franck Bilal Ribéry, Nicolas Anelka et autres Patrice Évra ne seront jamais champions du monde. Bien fait pour eux !

Toutefois, cette exaltation exubérante des trois couleurs pour une simple compétition sportive relève du chauvinisme le plus mortifère et ressemble par bien des similitudes psychologiques à cet ensemble terrible d’émotions de l’été 1914 qui conduisit à la calamiteuse « Union sacrée ». Ceux qui brandissent le drapeau tricolore et beuglent l’hymne national sont souvent les mêmes qui soutiennent les immigrés clandestins et dénoncent les manifestants nationalistes, patriotes et identitaires. Leur sentimentalité prétendue « patriotique » s’apparente à cet attachement assez superficiel qu’on éprouve à l’égard d’un plat gastronomique, d’un hôtel de charme, d’une plage estivale, d’une piste de ski, d’une pratique sportive ou d’une série télévisée.

Alimenté par des médias aux ordres, ce chauvinisme hexagonal complètement factice évacue de fait tout engagement authentique en faveur de nos patries vernaculaires, de nos communautés de peuple historiques et d’une ardente volonté europolitique.

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