27 octobre 2017

Réflexions sur la mort (Entretien avec Maurice Bonnet)

Par Fabrice Dutilleul

« L’homme ne cessera pas de questionner,
étant parfois conscient qu’il est lui-même une énigme »

Entretien avec Maurice Bonnet, auteur de Réflexions sur la mort (éditions Dualpha)

(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

 

Maurice Bonnet, Il y a deux ans, dans votre Enquête sur le destin (éditions L’Æncre), vous faisiez déjà à la mort une large place ; aujourd’hui, vous livrez aux lecteurs vos « réflexions sur la mort », est-ce pour vous un sujet dominant ?

Dominant, peut-être pas, mais important assurément, et depuis longtemps. J’en ai parlé aussi dans Précis de recomposition (chez Via Romana). À lire des auteurs, à consulter les philosophes à travers les âges, c’est loin d’être une exclusivité. Personne n’échappe à la pensée de l’échéance finale, mais, en général, on ne s’y attarde pas, on préfère se plonger dans le travail, l’aventure et les divertissements qui abondent. Tous les prétextes sont bons pour y échapper, consciemment ou non.

Alors quelle est votre démarche personnelle ?

Je n’aime pas les échappatoires. Comment se dispenser d’affronter un sujet aussi grave ? On voit bien que la mort est le point d’achèvement, la conclusion nécessaire de toute vie. Il faut partir de là, ce qui, d’ailleurs, nous rappelle que le mystère premier, majeur, c’est la vie ! La vie, cette survenance bizarre qui s’inscrit dans une stricte durée entre deux points extrêmes, la naissance et la mort, c’est-à-dire qu’à première vue nous ne faisons qu’aller d’un rien à un autre rien. J’ai concentré mon attention sur l’infaillible disparition qui nous guette en tant que simple témoin et future victime. Mais aussi, comme l’indique mon sous-titre « La vie, ce qu’on y trouve, et comme on en sort », après m’être intéressé au « baisser de rideau », j’ai abordé un grand nombre de sujets qui nous occupent du temps que nous vivons. C’est le contraste qui est saisissant entre les ténèbres finales et le spectacle du monde, entre d’un côté le mouvement, les passions, intérêts, pensées qui nous occupent ou nous agitent, et de l’autre ce vide inconcevable. Dans les derniers moments, tout ce qui semblait compter a perdu tout attrait, peut sembler dérisoire, et résonne peut-être aux oreilles le mot de l’Ecclésiaste : Vanités des vanités, tout n’est que vanité…

C’est une vision très pessimiste, non ?

Je m’efforce à la clairvoyance. Vous connaissez le mot de Paul Valéry, « voir clair, c’est voir noir ! » C’est une bonne formule, quoique sans doute un peu trop péremptoire, mais c’est le cas de tous les aphorismes. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour régler leur compte aux qualificatifs d’optimiste et de pessimiste qui sont des mots piégés portant à la caricature. Il est certain que l’optimiste à tous crins est d’une grande niaiserie, mais le pessimiste intégral n’est pas moins idiot. Quant à moi, je préfère toujours prévoir le pire, sans rien exclure d’autre, ce qui me donne souvent la bonne surprise d’être démenti.

Quelles conclusions tirez-vous de vos observations et réflexions ?

Aucune. Il y a des gens qui écrivent des livres dans l’intention de démontrer quelque chose, de soutenir une thèse, bref, avec une intention préconçue. Mon écriture à moi est le plus souvent exploratoire, je m’aventure pour essayer de comprendre.

C’est pour cela sans doute que dans les divers textes réunis dans ce livre vous vous impliquez, recourant à votre propre expérience ?

Comme le disait Montaigne, ce qu’on peut connaître le mieux c’est soi-même et nous sommes par la pensée notre premier moyen de connaissance pour tout le reste. L’objectivité pure est un leurre. Donc, je m’efforce d’approfondir, j’ouvre des perspectives, mais ne prétends résoudre aucun problème. La vie, la mort demeureront à jamais des énigmes ; dire qu’on en a découvert la clé serait présomptueux et surtout absurde. Mais la représentation de tout cela est bien intéressante. L’homme ne cessera pas de questionner, étant parfois conscient qu’il est lui-même une énigme.

Réflexions sur la mort, Maurice Bonnet, Éditions Dualpha, collection « Patrimoine des héritages », 224 pages, 25 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.

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