Islande. Baisse de consommation d’alcool et de drogue chez les jeunes
par Nicolas Serrand.
L’alcoolisme et l’usage de drogue sont des fléaux chez les jeunes générations en Europe. Si la consommation des substances addictives reste assez stable, voire même décroissante, ce sont les pratiques qui évoluent négativement.
En Islande, grâce à une politique volontariste, les jeunes se sont massivement détournés de l’alcool, de la drogue et du tabac.
Une augmentation des pratiques à risque
En France, 1 jeune de 15 ans sur 10 consomme de l’alcool au moins 10 fois par mois. À cet âge, 41 % des jeunes déclarent également déjà avoir été ivres. Parmi les jeunes de 17 ans qui ont bu au cours des trente derniers jours, 46 % disent avoir consommé cinq verres ou plus en une seule occasion, au moins une fois dans le mois.
La consommation de cinq verres ou plus est généralement considérée comme une consommation importante, pouvant même être considérée comme du « binge drinking », une alcoolisation expresse pour atteindre rapidement l’ivresse.
Concernant la drogue, Serge Lebigot, président de l’association Parents contre la drogue, déclarait à nos confrères d’Atlantico que la France était « le premier pays européen en termes de consommation de drogues chez les jeunes. » Pire, pour lui « la situation se dégrade d’année en année. »
Une baisse énorme de consommation d’alcool, de tabac et de drogues en Islande
L’étude « Population trends in smoking, alcohol use, and primary prevention variables among adolescents in Iceland, 1997-2014 » réalisée par de nombreux chercheurs et parue en 2016 est très éclairante.
La baisse des pratiques « à risques » a subi une chute incroyable.
Cette baisse est particulièrement extraordinaire au niveau de la consommation d’alcool.
En 1997, 42 % des 15-16 ans avaient été ivres au cours des 30 derniers jours en Islande.
En 2014, ils n’étaient plus que 5 % !
Le pourcentage de fumeurs journaliers parmi les 15-16 ans islandais est lui passé de 23 % à 3 %.
Quand aux 17 % de jeunes islandais qui avaient déjà fumé du cannabis en 1997, il n’en restait plus que 7 % en 2014.
Une méthode américaine en Islande
Dans ce petit pays comptant seulement 330 000 habitants, le gouvernement a d’abord été intéressé par une méthode basée sur les recherches de Harvey Milkman, scientifique américain. Pour ce dernier, la dépendance est avant tout « comportementale ». Les adolescents seraient en recherche permanente d’un « rush » et ils pourraient devenir accro à n’importe quoi (boisson, voitures, argent, sexe, etc.) dans ce but.
Il a donc eu l’idée de développer des programmes artistiques et sportifs qui assouviraient ce besoin de « rush » sans passer par des substances addictives.
Un grand test
Les autorités islandaises ont également mené un test auprès de tous les jeunes élèves islandais. L’analyse des données de cette étude grandeur nature a démontré que les facteurs de préservation de la santé d’un enfant étaient :
– l’activité sportive régulière
– le temps total passé avec les parents
– l’encadrement à l’école
– le confinement en fin de soirée
Un plan d’action volontariste
Liant les résultats de ce test à la méthode Milkman, le gouvernement islandais a décidé de tout mettre en œuvre pour assainir les comportements des jeunes adolescents de l’île.
Premièrement, l’achat de tabac a été interdit avant 18 ans en Islande. Il est également devenu impossible d’acheter de l’alcool avant 20 ans. La publicité pour ces deux substances ont de plus été interdites.
Ensuite, un couvre-feu pour les enfants de moins de 16 ans a été instauré jusqu’à 22 heures en hiver et minuit en été.
Outre ces changements législatifs, la place des parents a été repensée. Chaque école a été obligée à créer des associations parentales qui représentaient notamment les parents d’élèves lors de tous les conseils scolaires. Par ailleurs, les parents ont été incités à encadrer leur enfant et leur accorder du temps.
Enfin, l’état islandais a mis la main à la poche afin de financer de nouvelles activités sportives et artistiques.
Une méthode possible hors Islande ?
L’Islande est un petit pays, extrêmement homogène culturellement. Ces deux facteurs combinés facilitent grandement le succès de projets aussi complexes que celui-ci.
En France, le très grand nombre d’élèves rend une telle solution impossible en l’état. Outre les freins du « mammouth » de l’Education nationale, les critiques rapprochant un tel projet de l’hygiénisme fasciste ou nazi ne manqueraient pas d’éclore de toutes parts.
Le couvre-feu des mineurs serait également attaqué par toutes les composantes de la gauche et de l’extrême-gauche, comme l’a été la mise en place du couvre-feu à Béziers par Robert Ménard.
Ces inévitables critiques n’auraient finalement pas si tort que cela. Dans un pays aussi grand et aussi divisé que la France, seul un pouvoir fort pourrait mettre en place un tel programme de santé publique.
Article paru sur le Breizh Info.
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.