Les drames de la modernité occidentale : La nouvelle Tour de Babel
Entretien avec Richard Dessens, auteur de La nouvelle Tour de Babel
aux éditions Dualpha
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
« Les hommes ont besoin de croyances
et d’éprouver une foi
dans une supériorité même mystérieuse
que le “progrès” et les “droits-de-l’homme”
ont détruite »
Quelle est la signification d’un tel titre « La nouvelle Tour de Babel » ?
Cette histoire biblique renferme en elle-même tous les drames auxquels est confrontée notre modernité occidentale. D’abord l’orgueil des hommes se croyant devenus l’égal de Dieu et dont la seule religion est celle de l’homme lui-même, puisque l’homme est devenu Dieu. Ensuite, la mixité « heureuse » de cette humanité divinisée mélangeant les êtres et les langages. Enfin la sanction divine qui punit les hommes de leur orgueil, de leur rejet d’un ordre que Dieu a voulu et qui provoque un retour des hommes dans leurs milieux d’origine avec leurs langues, leurs identités, leurs territoires.
Vous assimilez cet épisode biblique au monde européen actuel ?
Je considère toutefois qu’il conviendrait de remplacer l’intervention de « Dieu » par le retour à la grande loi de Nature. Mais hormis cette européanisation d’un épisode extra-européen, oui, je pense que notre modernité occidentale, symboliquement, est en train de se rapprocher de la Tour de Babel avec toutes ses conséquences. Mon espoir repose sur la possibilité de renouer avec de nouvelles forces supérieures qui imposeraient ce que le Dieu biblique a réalisé.
Vous insistez beaucoup sur le rôle déterminant et incontournable de la religion en politique. Cela peut surprendre à une époque où la laïcité triomphe…
Elle triomphe en Europe. Mais pas ailleurs. L’Islam nous montre que la religion est au contraire très vivace et renaissante ailleurs qu’en Europe. La politique sans la légitimation religieuse ne peut être crédible lorsqu’elle n’est que le fruit d’une volonté autonome de quelques hommes idéologisés, malgré tout ce que l’on peut en dire. Au fond, les hommes ont besoin de croyances et d’éprouver une foi dans une supériorité même mystérieuse que le « progrès » et les « droits-de-l’homme » ont détruite.
Pourtant vous attaquez parfois très durement le christianisme
Bien sûr ! Le christianisme a amené progressivement le désastre politique actuel à travers une philosophie théologique destructrice. Car au départ de toute politique il y a toujours une philosophie ou une théologie qui la sous-tend. C’est bien là qu’est le problème lorsque les peuples pensent que la politique est une création sans idées directrices enfouies en son tréfond. La philosophie ou la théologie font l’essentiel de toute ligne politique.
On peut être surpris des longs développements que vous consacrez à la « religion naturelle » celtique
J’essaie en effet de réhabiliter ce que le christianisme, religion extraeuropéenne faut-il le rappeler, sans lien avec les identités de l’Europe, a méthodiquement détruit et ridiculisé, alors que combien de rites ou manifestations chrétiennes sont aussi invraisemblables que celles moquées par le christianisme sur les « superstitions » ou crédulités dites « païennes » ? La religion naturelle identitaire de l’Europe n’est pas le christianisme, même si 1500 ans de bourrage de crâne ont imprégné de prétendues vérités bibliques ou évangéliques. Le christianisme fait aujourd’hui parti des legs européens, mais n’en n’est qu’une manifestation culturelle.
Vous évoquez souvent la « frontière infranchissable » entre l’homme et la Nature…
Oui, c’est le fond de tout. La religion naturelle polythéistes considérait que l’homme est une partie intégrante de la Nature et lui doit obéissance. Le christianisme, puis les Lumières et leurs suiveurs modernes rejettent totalement cette idée fondamentale et place l’homme au-dessus de la Nature, devant la dominer, la briser pour son bon plaisir, puisque l’homme a été sacralisé et quasiment déifié. C’est la plus grande catastrophe philosophique qui nous est arrivé. Les conséquences sur la pensée politique sont considérables. Le problème est que cette inversion de la pensée est extrêmement difficile à faire admettre à des peuples lobotomisés auxquels on a fait croire à la vérité absolue qui leur est dispensée depuis deux siècles notamment.
Votre thèse n’est-elle pas utopique et éloignée des réalités actuelles ?
Elle est au contraire une explication implacable du désastre civilisationnel que nous vivons en Europe, face à une religion, notamment, triomphante et fière d’elle-même. Quant à l’« utopie » que vous évoquez, je dirais plutôt « don quichottesque », tant rapprocher les Européens de leur religion d’origine ressemble à une gageure en effet, après qu’elle eût été tant ridiculisée parce qu’elle faisait peur au nouveau pouvoir chrétien. Si l’Europe doit mourir de sa désacralisation, sans religion propre, sans croyances fortes et sans fierté, c’est que ses peuples ne méritaient pas de survivre. C’est là aussi la grande Loi de nature : les plus faibles doivent disparaître. Tant pis pour eux. Malheureusement pour l’Europe.
La nouvelle Tour de Babel, Richard Dessens, Éditions Dualpha, collection « Patrimoine des héritages », 130 pages, 21 € ; pour commander ce livre, cliquez ici
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