Trudeau, jusqu’à la lie !
Les électeurs ont parlé, et Justin Trudeau, Premier ministre canadien sortant, est assuré de se succéder à lui-même. Pourtant, son bilan est plus que controversé. C’est bien le fils de son père, un Macron à la puissance dix – c’est dire ! – qui détricote le Canada traditionnel en ouvrant toutes grandes les vannes de l’immigration, et en accélérant le déclin du pays avec ses réformes sociétales. Il faut croire que ça plaît à une forte minorité canadienne qui, avec 33,06 %, a donné 157 élus au Parti libéral, son parti, sur les 338 que compte la Chambre des communes, à Ottawa.
Une injustice par rapport au Parti conservateur de l’Américano-canadien Andrew Scheer, car si le PCC n’obtient que 121 députés, il devance le PLC en nombre de voix avec 34,4 % des suffrages, une incongruité due au scrutin majoritaire basé sur le découpage de circonscriptions inégales en population.
Le clown Trudeau
Trudeau, c’est l’anti-Trump, lequel, chef d’un grand pays voisin, l’a pourtant protocolairement félicité. Bilingue, s’exprimant toutefois plus souvent en anglais qu’en français, c’est un olibrius qui n’hésite pas, tels les Dupont(d) des « Aventures de Tintin », à endosser les costumes folkloriques locaux, comme il le fit par exemple, avec son épouse et son fils, lors d’un voyage officiel en Inde, choquant bien plus que flattant les autorités locales. Une vieille photo de lui, jeune, ressortie par des adversaires malintentionnés, le montrait grimé en noir au cours d’une soirée étudiante. Sans aucune dignité, il s’est confondu en plates excuses…
Maintenant, il va falloir trouver une majorité
Les Libéraux n’ont pas la majorité absolue. Dans l’assemblée sortante, ils disposaient d’un confortable groupe de 177 parlementaires. Cette fois-ci, il en manquera une vingtaine. Où peuvent-ils les trouver ? Pas chez les conservateurs du PCC qui sont majoritaires en Alberta, Saskatchewan, Manitoba et une partie de l’Ontario, la plus importante des provinces canadiennes. Ni au Québec, où le Bloc Québécois du chef Yves-François Blanchet fait une spectaculaire « remontada », passant avec 7,7 % des voix – mais il n’était en compétition que dans la seule « Belle province » –, de 10 à 32 députés.
Au BQ, un parti qui ne s’exprime au niveau fédéral que pour défendre les intérêts du Québec, son leader déclare que le parti peut collaborer avec n’importe quel gouvernement canadien, à condition que « ce soit bon pour le Québec ».
Au passage, Blanchet a exclu, « pour l’instant » a-t-il dit, la revendication de souveraineté, affirmant toutefois que « le Québec pourra un jour choisir de se doter de tous les attributs de la souveraineté ». Le feuilleton de l’indépendance éventuelle de ces « arpents de neige » voltairiens, n’est donc pas terminé.
Un sikh comme allié ?
Il ne passe pas inaperçu avec son turban de Maharajah. « Il », c’est Jagmeet Singh, avec sa barbe dense de prophète, populaire leader du Nouveau Parti démocrate (NPD), issu des minorités, ces fameux Néo-Canadiens qui seront bientôt aussi nombreux que les descendants des deux peuples fondateurs. (Là aussi, le « Grand remplacement » devrait être d’actualité !). Jadis, on représentait souvent le Canada par un cavalier de la Police montée, chapeau de boy-scout vissé sur la tête, et sanglé dans une tunique rouge. Autres temps, autres mœurs.
Singh est écologiste : ça tombe bien, c’est une idée qui a le vent en poupe, même si les Verts ne cartonnent pas, avec 6,5 % et 3 élus, dont sa « cheffe », Elisabeth May, confortablement élue dans son fief de l’île de Vancouver, en Colombie britannique. Mais le Parti vert s’implante : il a conquis le siège de Fredericton dans le Nouveau-Brunswick, province au deux-tiers francophone, et s’est implanté au parlement local, comme à celui de l’île du Prince Edouard.
D’ailleurs, c’est dans les provinces atlantiques que les écologistes marquent le plus de points, avec une moyenne cumulée dans ces « maritimes » de 10 %, faisant souvent grimper ses candidats à la troisième place devant le NPD de Singh. Mais ces partis totalisant à eux deux 27 parlementaires, peuvent fournir l’appoint en voix nécessaires à Trudeau pour avoir une majorité. Une simple feuille d’érable les sépare sur des sujets sociétaux ou écologiques, ils sont donc faits pour s’entendre comme larrons en foire.
Trudeau, encore, pour combien de temps ?
Il faudra s’habituer à supporter encore les bouffonneries du Premier canadien, pointé du doigt pour des conflits d’intérêts, et pour avoir fait pression sur sa ministre de la justice, afin que cette dernière intervienne pour mettre fin à une procédure gênante. Mais Trudeau a réussi à enrayer, apparemment, les courbes de sa popularité déclinante. Pour combien de temps ? Sera-t-il moins arrogant que par le passé ? Il lui sera difficile de satisfaire les exigences de May et Singh, ses potentiels alliés, très gourmands en dépenses sociales et écologiques. S’il cédait, alors que le Canada est en relative bonne santé économique bien qu’endetté, « comme tout le monde », il perdrait toute crédibilité.
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