En Pologne, une présidentielle inédite par correspondance
par Gauthier Bouchet.
Le 10 mai, les Polonais seront amenés à désigner leur prochain président, bien que, plusieurs jours durant, la possibilité même d’une élection dans les formes soit demeurée incertaine. La réponse à cette interrogation est finalement arrivée le 7 avril dernier, après vote en extrême urgence d’une modification du Code électoral généralisant le principe du vote par correspondance. L’initiative en est revenue à l’ancien président Jaroslaw Kaczyński, chef de la formation conservatrice Prawo i Sprawiedliwość (PIS, Droit et justice), majoritaire.
Le maintien dans les temps de ce scrutin est pourtant loin de faire consensus. Les dissensions viennent bien sûr du milieu scientifique : ainsi, le comité de bioéthique de l’Académie polonaise des sciences, invoquant le fait que l’organisation régulière du scrutin en mai « serait une décision moralement irresponsable » qui implique « une augmentation considérable du nombre de contaminés ». Mais la contestation la plus retentissante est politique, unissant dans un arc large le premier ministre PIS Mateusz Moraviewki et son homologue de la Santé, Lukasz Szumowski, Jaroslaw Gowin, vice-premier ministre désormais démissionnaire, autant que les oppositions de gauche, demandant le report du scrutin à l’hiver prochain.
En vertu de la modification du Code électoral proposée par Kaczyński, c’est la Poste polonaise qui, de facto, endossera le rôle de commission électorale. Visiblement craintif, le pouvoir vient donc de limoger le directeur de la Poste, remplacé sur-le-champ par le vice-ministre de la Défense, Tomasz Zdzikot. Sûre de son bon droit, la majorité PIS affirme « s’inspirer des solutions adoptées en mars par la Bavière », comme le rappelle Le Monde dans un article récent, précisant que le scrutin polonais concernera évidemment une population trente fois plus importante.
Le pic du COVID-19 devrait intervenir fin mai en Pologne. Les aspirations à la stabilité du pouvoir malgré le contexte de crise expliquent bien sûr la volonté de la majorité d’une organisation dans les temps du scrutin, qui, si elle est combattue, demeure largement soutenue au sein du PIS lui-même. Seule la mise en place d’un état de catastrophe naturelle — d’ailleurs réclamée par les oppositions — pourrait entraîner un report du scrutin.
Une dizaine de compétiteurs en présence
Au reste, l’élection présidentielle à venir se caractérisait initialement par la diversité des candidats en présence. L’irruption du COVID dans la campagne, ces dernières semaines, a un peu mis de côté cette apparente profusion de candidatures, de l’extrême droite à la gauche radicale, en passant par les deux formations d’alternance (coalition majoritaire de droite et chrétiens-démocrates de Platforma obywatelska, la Plateforme civique) inédite dans une élection présidentielle en Pologne. Parmi les dix prétendants, le président sortant, Andrzej Duda, et son premier opposant, Bronislaw Komorowski, sont naturellement favoris.
Classiquement, la carte électorale de la Pologne se divise en deux moitiés homogènes. La partie orientale, qui touche la Biélorussie, donne d’habitude ses voix au PIS, notamment à Lublin et Bialystok, fiefs solidement tenus. Est fidèle au PO, l’ouest de la Pologne ainsi que les plus grosses villes du pays : la capitale Varsovie (5 % du corps électoral), et Cracovie. En 2015, les Polonais ont par ailleurs perturbé le bipartisme PIS-PO en donnant au populiste indépendant Paweł Kukiz un succès d’estime, 21 % au niveau national et la majorité à Opole, seul powiat — division administrative — à se distinguer de la sorte. Le second tour, malgré la victoire du PIS, a paradoxalement vu le PO arriver premier dans une majorité de powiat.
La pandémie devrait bien sûr perturber ce jeu électoral classique. Une mauvaise gestion de crise pourrait sortir le PIS du pouvoir en laissant entendre son incapacité, tandis qu’un succès face à la pandémie contribuerait à garder le PO dans l’opposition, sur fond de sentiments eurosceptiques du peuple polonais.
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