La chaîne CNews passée à la Question (comme à l’Inquisition)
Dans un exercice stalinien, des journalistes et des dirigeants du groupe Canal+ sont passés en audition à l’Assemblée nationale. Interrogés par la commission parlementaire sur l’attribution des fréquences de la TNT, ils ont subi un procès à charge dans un exercice plus politique que médiatique.
À l’interrogatoire
C’est un interrogatoire qui pourrait faire date. Jeudi 29 février 2024, des dirigeants du groupe Canal + et des journalistes/présentateurs vedettes de CNews : Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk et Pascal Praud ont été auditionnés par la commission parlementaire sur l’attribution des fréquences de la TNT. Une journée entière consacrée aux chaînes de Vincent Bolloré à savoir : Canal+, Canal+ Sport, Canal+ Cinéma(s) et Planète+, C8, CStar et donc CNews. C’est la chaîne d’informations en continue qui a suscité le plus d’intérêt de la part des parlementaires même C8 a été l’objet de quelques critiques pour l’émission à succès de Cyril Hanouna. Maxime Saada, PDG du groupe Canal+ a ainsi reconnu que l’animateur pouvait produire « des débordements » tout en assumant ce risque.
Bête noire des Insoumis, notamment après son accrochage avec Louis Boyard (devenu député depuis) et peut-être pour des raisons plus sensibles, Cyril Hanouna a cependant été défendu par son patron qui a déclaré « quand on est sanctionné, on se conforme à la sanction », ce à quoi le député LFI Aurélien Saintoul a rétorqué que les amendes de l’ARCOM « ne sont pas dissuasives ». S’il est parfois reproché un manque d’objectivité aux acteurs du groupe Canal, difficile de voir plus partial qu’un Insoumis pour apporter la critique .
Cyril Hanouna sera lui auditionné le 14 mars par la commission parlementaire. Ironie de la petite histoire, il devrait battre les records d’audience pour un exercice qui habituellement ne déplace pas les foules !
CNews sur le grill
Le « procès » le plus attendu de la journée était celui de CNews, la chaîne d’information en continue.
Au cœur de la polémique depuis la décision de l’ARCOM sur le pluralisme, décision qui pourrait produire un effet papillon, la chaîne avait remis une pièce dans le Juke Box du politiquement correct avec l’émission d’Aymeric Pourbaix « En quête d’esprit » dans laquelle l’avortement est présenté sous un aspect négatif dimanche 25 février, quatre jours avant l’audition. Sur ce sujet, la direction a décidé que la meilleure défense serait les excuses et a donc plaidé coupable avec le directeur général de CNews Serge Nedjar « une erreur impardonnable », affirmant même « c’est véritablement un traumatisme » délaissant un moment le concept de liberté d’expression et de pluralisme souvent invoqué par la chaîne.
Délit d’opinion pour la presse
La journée d’audition a également été marquée par quelques fulgurances, à l’image de la déclaration de Pascal Praud :
« si vous vous contentez d’être purement factuel et d’être un lecteur de dépêches, vous n’apprendrez rien aux gens […] Il faut leur apporter une mise en perspective, un décryptage, une analyse. »
Les échanges ont aussi été marqués par l’actualité au Proche-Orient avec le député Caron, qui a reproché au directeur de la rédaction de CNews sur le nombre de palestiniens morts depuis l’offensive israélienne. Il a ainsi reproché à ce dernier de ne pas lire Libération et profité de l’occasion pour faire valoir son opinion sur le conflit. Que CNews ait adopté une posture plutôt pro-israélienne ne porte pas de doute mais alors d’autres chaînes devraient être pointées du doigt pour leurs prises de positions à l’image de LCI sur la guerre en Ukraine.
Toujours au rayon du délit d’opinion, il a aussi été reproché à Pascal Praud un tropisme « pro-russe » qui pourtant ne saute pas aux yeux. Les détracteurs du journaliste ne sont pas parvenus à citer un intervenant favorable à Moscou…
La gauche Insoumise et Libé (Drahi ?) à la manœuvre, la corporation pas très « corpo »
Le député de la majorité Karl Olive, interrogé sur Europe 1, s’est dit lui-même été étonné du traitement réservé à CNews et s’en est ému sur les ondes d’Europe 1 :
« Vous avez vécu dans un petit échantillon de quelques heures ce que nous autres à l’Assemblée on vit H24 tous les jours depuis de cette 16e législature […] un irrespect total […] »
évoquant même une « garde à vue » et d’affirmer :
« c’est comme ça que ca se passe à la France Insoumise ».
Rare soutien journalistique, Françoise Degois, éditorialiste chez Sud Radio passée par France Inter et le cabinet ministériel de Ségolène Royal, a tenu à dénoncer une « inquisition […] pathétique » de la part de la LFI.
La profession, d’ordinaire très corporatiste n’a pas été tendre avec le cas CNews : ainsi le Huffington Post a‑t-il moqué une réponse de Maxime Saada au député Saintoul en faisant référence à un dialogue de sourds entre les deux personnalités. Le journal Libération a lui foncé sur la brèche du mea culpa de la chaîne et a ensuite poursuivi son travail d’investigation à charge à la manière d’un arbitre du pluralisme. Un pluralisme a géométrie variable, le journal du milliardaire Patrick Drahi, également propriétaire de la chaîne concurrente de CNews, BFMTV, ne s’est pas ému des propos tenus par le député Véran qui a félicité quelques jours plus tard l’émission télévisé « Quotidien » de refuser de recevoir des personnalités qu’il considère « d’extrême droite ».
Voir aussi : L’OJIM saisit l’ARCOM pour faire respecter le pluralisme politique à la radio et à la télévision
Article publié sur le site de l’OJIM.
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