Jagmeet Singh, nouvel « homos canadianus »
Le 1er octobre dernier, le second parti d’opposition au Canada, le Nouveau parti démocratique, élisait son nouveau chef, Jagmeet Singh. La nouvelle avait de quoi surprendre : ce parti de gauche, anciennement défenseur d’un socialisme athée élisait à sa tête un Sikh croyant qui arborait turban et barbe. Cette élection venait en quelque sorte marquer l’apogée de la transmutation d’une gauche anciennement ouvrière devenue sociétale et pour laquelle les minorités visibles étaient devenues le nouveau moteur de la révolution, le nouveau prolétariat à défendre.
Les médias bien-pensants, Radio-Canada en tête, présentèrent Singh comme l’incarnation du multiculturalisme à la canadienne. Avec ses lunettes roses, le média étatique nous dressa un portrait flatteur de cet homme qui, bien qu’enraciné dans les croyances du pays d’origine de ses parents, était un homme moderne sachant prendre des selfies et portant des complets sur mesure, comme si le monde moderne se limitait à la technologie et au bien paraître.
Seulement, l’image brossée est loin de ressembler à la réalité et le masque est en train de tomber révélant un sinistre personnage dont on souhaitait faire l’incarnation de « l’homos canadianus ».
Déjà, l’on savait que Singh était un militant sans compromission des accommodements religieux ayant par le passé combattu l’obligation légale de porter un casque à moto ou sur les chantiers de construction, ce qui viendrait au nom de la sécurité brimer la liberté religieuse des Sikhs. Il avait aussi refusé de condamner le terroriste sikh Talwinder Singh Parmar, instigateur de l’attentat contre un vol d’Air India qui avait coûté la vie à 329 personnes. En octobre, la presse lui pardonnait volontiers ces « petits travers » et il est fort probable que le tout aurait été oublié si des faits troublants n’avaient pas été révélés dans les derniers jours.
Tout d’abord, s’il s’est finalement distancé du bout des lèvres de Parmar depuis son élection à la tête du NPD, il semble qu’il fasse partie de la frange extrémiste sikh la plus militante. Ainsi, il y a moins de 3 ans, Singh s’adressait à la National Sikh Youth Federation à San Francisco, une rencontre se voulant être un hommage à Jarnail Singh Bhindranwale, un chef religieux sikh tué dans l’attaque de l’armée indienne contre le Temple d’Or en 1984. L’année suivante, il se rendait à Londres pour cette même fédération tenir un discours. Lors de cet événement, un autre conférencier fit un violent réquisitoire pour la lutte armée contre l’État indien, un appel à la violence qu’il refusa de condamner. Mieux, pour lui, ces tuiles qui lui tombent du ciel et ternissent son image seraient dues à une conspiration de l’État indien.
Serait-ce donc l’État indien qui aurait mis le Toronto Sun sur la piste de Chani Natt ? Ce dernier est un rappeur extrémiste sikh appelant à la violence pour obtenir l’indépendance et il se trouve, photos à l’appui, que Natt est un ami de Singh.
Les révélations tombent à un mauvais moment pour Singh : dans les dernières semaines, le sujet de l’extrémisme sikh a fait les manchettes en lien avec la visite de Justin Trudeau en Inde où il avait lui-même invité un extrémiste sikh à un événement. La population canadienne reprochait à Trudeau ses liens avec les Sikhs extrémiste, alors il est peu probable qu’elle souhaite élire un militant sikh aux prochaines élections. La carte sikh est donc devenue l’atout dans le jeu du chef conservateur Andrew Sheer qui n’a qu’à se tenir à l’écart des controverses actuelles pour voir sa cote monter dans les sondages.
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