Grèce : le vote de conviction reste auprès d’Aube Dorée
La rentrée trouve les populistes européens prêts à faire face à plusieurs défis. Les élections européennes de mai ont montré que les forces de la Droite Nationaliste, Radicale et Identitaire vont continuer d’influencer la vie politique d’Europe. Or, de Salvini et des élections qu’il propose pour l’Italie à l’éclipse parlementaire d’Aube Dorée en Grèce, un passage à un nouveau niveau de politique, qui surpassera l’automatisme et les stéréotypes imposés, est de rigueur.
Pour ceux qui pensent autrement, il faut signaler que le rôle des partis serait de présenter leur vision et en même temps de répondre aux questions du peuple ; de diriger le public vers cette vision, tout en tenant compte des besoins réels des électeurs.
À part le quotidien de chaque pays, les thèmes présentés au grand public, comme l’écologie, le sont par des entités qui ne s’affichent pas comme politiques, mais qui labourent le terrain sur lequel la bataille politique va se dérouler d’ici cinq mois ou cinq ans. Les grandes questions se renouvellent pour que le Système et ses agents se renouvellent et se réinventent.
Tel est le cas de l’antifascisme qui se métamorphose depuis la fin de la IIe Guerre européenne et se traduit en anti-tradition, anti-européanisme, anti-diversité. Un thème de la démocratie post-1945 qui persécute toute voix qui ose s’opposer à la propagande reçue, si la voix n’est pas contrôlée ou contrôlable.
En Grèce, le cas d’Aube Dorée est, dirait-on, formé sur le thème d’une tragédie Grecque. Une élévation spectaculaire et des actions hors de l’ordinaire, par des personnages se formant auprès de Leonidas, suivie par des persécutions par l’État de la Droite Libérale en 2013, l’emprisonnement de dizaines de cadres dont son Secrétaire Général et des députés du parti – sans même la levée de leur immunité parlementaire –, et l’assassinat de deux jeunes militants, le 1er novembre 2013.
Le parti prometteur essuie en mai 2019 une mauvaise surprise électorale, tel Prométhée qui voulut apporter le feu aux hommes : des élections mal menées, des ex-députés qui s’expriment soudain contre les dirigeants d’un parti dont ils furent candidats aux dernières élections , et qui quittèrent le vaisseau à quelques jours des élections perdues, en considérant, les uns comme les autres, qu’ils se battent pour le Nationalisme clair et net.
La grande majorité des militants, par contre, lui reste fidèle, et espère que le parti trouvera son pas à la rentrée. Sophocle aurait beaucoup de matière pour travailler dessus.
Quelles leçons à tirer ?
Aube Dorée fut exclue de toute présence dans les médias. Le « traitement du silence » de la part de l’« arc constitutionnel » autoproclamé – comme s’il ne va pas de soi que si on participe aux élections on accepte le parlementarisme et on adhère à la démocratie –qui a uni des libéraux jusqu’aux communistes, fut beaucoup plus efficace que les persécutions pour épuiser le parti et ses supporters. Sans la subvention de l’État, prévue pour tout parti parlementaire, Aube Dorée a survécu grâce à la bonne volonté de quelques-uns de ses députés, eurodéputés, employés et supporters.
Or, sans argent versé aux actions pour lesquels le parti a été connu, comme la distribution de nourriture aux Grecs défavorisés, la ferveur de 2013 à 2015 dont a bénéficié Aube Dorée a laissé la place au « j’ai entendu dire »… Le système sait bien comment polluer les âmes et le jugement, si on lui laisse le terrain.
Le procès d’Aube Dorée, commencé le 20 avril 2015, est loin d’être achevé. On connaîtra la décision dans les premiers mois de 2020 ; il y a donc encore quelque six mois d’attente. À noter que c’est la première fois depuis le procès de Nuremberg qu’un parti politique est accusé d’être « une organisation criminelle » dont les membres ont « commis des actes violents ».
En outre, les élections de 2019 marquent la montée d’un parti-produit des programmes payants de la télévision. Son président/présentateur, un ex-député populiste du nom de Kyriakos Velopoulos utilise les thèmes d’Aube Dorée, mêlés à un complotisme similaire à celui d’Artémis Sorras, un conspirationniste qui n’arrive pas à être élu, mais qui promet de payer la dette du pays avec une fortune hypothétique et qui construit autour de lui un culte quasi sectaire.
À l’image d’un Raspoutine manqué, Velopoulos fait sa fortune en vendant des crèmes miraculeuses du Mont Athos, ainsi que des lettres écrites par Jésus Christ en personne. Son parti obtient 4,18 % aux Européennes et 3,70 % aux législatives, et fait élire un député au parlement Européen et dix au parlement grec. Le silence forcé d’Aube Dorée paye.
Sept ans après son entrée au parlement grec avec 7 % et 21 députés en mai 2012, en passant par le succès d’être devenu le troisième parti politique de Grèce aux élections de janvier et de septembre 2015, Aube Dorée n’a plus de représentant élu. Avec 2,93 % des voix aux élections législatives anticipées du dimanche 7 juillet, cette formation n’a pas réussi à franchir le seuil des 3 % nécessaire à une représentation.
Au parlement Européen, après avoir obtenu 9,4 % aux élections de 2014 (trois députés), le parti a fait 4,9 % (deux députés) en 2019, dont un quittera le parti après les législatives.
Cependant, 2019 n’est pas 2012. Il y a sept ans, les Grecs étaient fâchés contre l’Union Européenne et les politiciens Grecs qui leur ont imposé des mesures d’austérité qui ont fait baisser de deux tiers leur niveau de vie. Aube Dorée a exprimé cette fureur.
Or, comme l’expérience de la grenouille – on fait bouillir une grenouille en élevant progressivement la température, au lieu de la jeter dans l’eau bouillante d’où elle saute immédiatement –, les Grecs se sont adaptés aux nouvelles conditions. La vie continue, comme elle le doit, malgré les exercices théorétiques qu’on veut lui imposer.
En plus, les chiffres montrent une certaine croissance de l’économie et la réduction du chômage, même s’il s’agit d’emplois à mi-temps et si elle s’accompagne du départ de quelque 500 000 jeunes diplômés et de salaires de 250 à 400 euros.
Fatiguée par la longue crise, désillusionnée par la Gauche de SYRIZA qui a fait du NON au référendum de juillet 2015 un « Yawohl, Madame Merkel », une certaine partie de la population n’est plus attirée par l’appel à une révolution par les « extrêmes », l’Aube Dorée incluse.
Que cela plaise ou pas, on a besoin de promesses – que l’Aube Dorée ne fait pas de par son idéologie – et de résultats qu’elle ne peut pas produire, étant à la marge du Système. Dans tous les cas, le silence, imposé n’est pas désiré.
Le jeu tourne alors vers le centre de l’échiquier politique et des solutions testées et connues.
Mais si le vote de protestation est peut-être parti ailleurs, le vote de conviction reste auprès d’Aube Dorée. Les accusations exprimées après les élections (et pas pendant la longue période entre les élections de 2015 et celles de 2019), montrent que le pouvoir vrai ou imaginé « huile les différences » ; le système ayant l’argent et la presse (officielle comme « jaune », des blogs et des sites tels Facebook ou Twitter) sèment le doute avec une réussite certaine…
Même si les t-shirts noirs au méandre ne sont plus nombreux dans les rues d’Athènes, il y a un héritage auquel Aube Dorée ne renoncera pas. C’est grâce à elle que le nationalisme grec a connu son Printemps. Reste à voir si le parti trouvera la force de se redresser en faisant sa critique honnête et profonde.
Ce qu’on peut dire avec certitude c’est que 2019 a sonné le début d’une autre forme de nationalisme en Grèce, une forme qui sera plus proche du paradigme Salvini. Il y aura sans doute d’autres partis ou organisations qui essaieront de gagner du terrain. Il y aura en parallèle des personnes coulés à la nostalgie des années passées, et peut-être d’autres qui profiteront de cet « entre-deux-actes » pour construire un nationalisme bien informé et soucieux de sa mission. L’essentiel est de faire progresser ce que l’Aube Dorée a réussi avec ses grands moments de gloire et ses faiblesses.
La politique se mesure par son succès à rendre le peuple heureux. C’est ce que les grands hommes d’État du siècle dernier ont accompli. Satisfaire sa passion pour l’histoire, la littérature ou la philosophie est une chose. Se mettre à la tête de son peuple, une autre.
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