27 avril 2019

Morts en Méditerranée, l’Europe coupable

Par Euro Libertes

À INTERVALLES RÉGULIERS, LES MÉDIAS CONSACRENT DES ARTICLES AU NOMBRE DE MORTS PAR NOYADE EN MÉDITERRANÉE ET NOUS TIENNENT EN HALEINE QUAND UN BATEAU D’UNE ORGANISATION NON GOUVERNEMENTALE (ONG) EST À LA RECHERCHE D’UN PORT EN EUROPE. EN CE DÉBUT D’ANNÉE 2019, CES ÉVÉNEMENTS SONT POUR PLUSIEURS MÉDIAS L’OCCASION DE DÉSIGNER UNE NOUVELLE FOIS LES PAYS EUROPÉENS COUPABLES DE NE PAS OUVRIR PLUS LARGEMENT LEURS FRONTIÈRES. REVUE DE PRESSE COMMENTÉE.

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Le 19 octobre 2018, sur France Inter, Thomas Bidegain consacre une partie de sa chronique aux morts lors des traversées de la Méditerranée. Un grand moment de contrition. « Le thème du jour dans le monde du storytelling, c’est un concept un peu abstrait, un peu souterrain mais qui sous-tend un grand nombre d’histoires. C’est celui du cimetière indien. C’est une tache, un pêché originel qui viendrait dramatiser les récits et les teinter comme une ombre portée sur un monde enchanteur. (…). On est à la frontière de l’horreur et de l’inconscient. (…). Nous avons aussi notre cimetière indien et il est en Méditerranée. Emmanuel Macron peut nous dire ce qu’il veut, l’ensemble des faits et gestes pourra être lu sous le prisme de ces corps qu’on repêche en Méditerranée et du silence qu’il essaye d’imposer en refusant d’accorder un pavillon à l’Aquarius. (…) Cette honte-là elle nous survivra ».

Toujours sur France Inter le 4 janvier 2019, le journal « d’information » (7e minute) reprend le terme employé par les ONG pour qualifier le délai avant qu’un pays européen ne laisse accoster le bateau Sea Watch III, qui a à son bord des clandestins : « le record de la honte ». « 14 jours qu’un trentaine de migrants sont laissés pour compte au large de Malte. Le See Eye qui transporte 17 migrants est aussi abrité dans les eaux maltaises. (…). De quoi parlons-nous au juste ? Moins de 50 personnes à accueillir en Europe. Des villes allemandes et italiennes offrent de les accueillir. La France indique qu’elle veut bien en prendre quelques-uns en charge mais il faut trouver un port pour les débarquer. Les 2 pays européens les plus proches, Malte et l’Italie, refusent ».

Le même jour, le journal « d’information » de France Culture reprend à son compte l’interpellation des ONG, qualifiant de « honteuse » l’attitude des pays européens (8e mn). « L’Europe est-elle en passe de battre le record de la honte ? Comme l’expriment aujourd’hui plusieurs ONG, considérant la situation aux abords des côtes du continent. (…). Les statistiques récentes montrent une diminution des flux de migrants, alors que les bateaux bloqués en Méditerranée ne sont manifestement pas surchargés ces temps –ci ». « Par la Méditerranée centrale, le nombre de migrants a chuté de plus de 80%. (…). Cette diminution radicale n’est que très peu due à l’attitude répressive de l’actuel gouvernement italien. Par l’Espagne, les chiffres ont été multiplié par deux, ce qui en fait la porte d’entrée principale de l’immigration illégale ».

UN PEU DE PRESSE ÉCRITE, MÊME TONALITÉ

Le Courrier international consacre le 2 janvier un article aux traversées de la Méditerranée. Le titre ne laisse pas de place aux doutes : « Comment l’Europe et la Libye laissent mourir les migrants en mer ». « En fermant les yeux sur les pratiques libyennes régulièrement dénoncées par les ONG, l’Europe contribue à aggraver la situation et précipite les migrants vers la noyade ». A l’appui de ces accusations, le journal d’articles de la presse internationale, de préférence de gauche, met en ligne une enquête vidéo publiée dans la section Opinions du New York TimesOn y voit des migrants en mer et des gardes côtes libyens à bord d’un bateau qui ne serait pas adapté aux opérations de sauvetage.

L’Obs évoque le 3 janvier dans un article co-signé avec l’AFP « le terrible bilan des migrants morts en Méditerranée en 2018 ». Le journal reproduit une déclaration de la porte-parole du Haut-Commissariat aux Réfugiés : « En 2019, il est essentiel de sortir de l’impasse actuelle et de mettre fin à des approches au cas par cas, c’est-à-dire bateau par bateau, pour savoir où débarquer les passagers secourus”, a-t-elle ajouté, en plaidant pour un “mécanisme régional de débarquement” ». Evoquant la « crise européenne de l’accueil des migrants », le journal mentionne que « Médecins Sans Frontières avait alors pointé la responsabilité des gouvernements européens dans les décès en Méditerranée, “en soutenant les garde-côtes libyens pour intercepter les personnes en mer” ».

Dans les différents articles, le point commun est la responsabilité supposée des pays européens. Les morts en Méditerranée ? Ils sont « la honte »  des européens selon Thomas Bidegain sur France Inter. L’attente des bateaux des ONG avant d’accoster en Europe ? c’est « le record de la honte » pour France Inter et France Culture qui reprennent les termes des ONG. Pour Courrier International, « l’Europe (…) laisse mourir les migrants en mer ».

ANALYSE DES PROCÉDÉS RHÉTORIQUES

Plusieurs procédés sont utilisés dans les articles pour démontrer la responsabilité des pays européens dans les risques encourus en Méditerranée :

  • La culpabilisation. Refuser d’accorder un pavillon français à l’Aquarius couvrirait les européens de honte. Pour illustrer sa théorie de « cimetière indien », Thomas Bidegain évoque les meurtres d’indiens lors de la conquête des Etats Unis. Curieux parallèle : les européens sont-ils sur le sol africain pour y commettre des exactions ? Les clandestins sont-ils forcés par des européens  de quitter leurs pays ?
  • La minoration. Pour démontrer l’indécence du refus de laisser accoster les bateaux des ONG, le journaliste de France Inter nous interpelle : « De quoi parlons-nous au juste ? Moins de 50 personnes à accueillir en Europe »La mise en perspective est faite à partir des clandestins en attente dans la rade maltaise. Le journaliste se garde de mentionner que ces 50 migrants viennent après « 113 482 personnes (qui) ont traversé la mer pour gagner les côtes des pays Méditerranéens» en 2018, comme le relate l’Obs le 3 janvier. Une autre mise en perspective aurait été intéressante : les 500 000 migrants qui veulent gagner l’Europe et attendent en Libye et au Maroc, selon le Huffpostmaghreb.
  • Le déni de réalité. Depuis l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini, l’Italie n’accepte plus que des bateaux d’ONG arrivent sur ses côtes. Il est vrai qu’un véritable pont maritime avait été mis en place par les ONG à partir des côtes libyennes. Cela a abouti à ce que plus 700 000 migrants arrivent clandestinement en Italie par la mer ces dernières années.

Depuis la décision de Matteo Salvini d’instaurer un « No way » (pas d’accostage) à l’image de l’Australie, le nombre d’arrivées en Italie a reculé en 2018 de 80 % par rapport à 2017. Concernant la baisse des arrivées de clandestins en Italie, le journaliste de France Culture affirme néanmoins doctement : « Cette diminution radicale n’est que très peu due à l’attitude répressive de l’actuel gouvernement italien ». Flagrant délit de mensonge, les chiffres montrent un lien évident entre une politique d’immigration ferme et le nombre d’arrivées de clandestins.

  • Le simplisme. Les différents points de vue exprimés dans les articles plaident pour une voie maritime pérenne entre le Libye et l’Europe et pour une plus grande liberté d’action des bateaux des ONG. Selon une enquête parue dans le numéro d’octobre du mensuel Causeur (numéro d’octobre 2018. « Migrants, à qui profite le drame ? »), « les bateaux humanitaires jouent le jeu des passeurs, trop heureux d’affréter des épaves». Chiffres à l’appui, on constate que la mortalité en Méditerranée a baissé en 2018 quand les bateaux des ONG ont réduit leur activité.

Une hypothèse n’est à aucun moment évoquée dans les médias cités : et si la sécurité des migrants passait par un message de fermeté et un refus pur et simple des bateaux clandestins ? Une politique que pratiquent l’Italie et de l’Australie. Les dogmes du clergé cathodique ont la vie dure…

Article diffusé ur le site de l’OJIM (première diffusion le 09/01/2019).

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