18 novembre 2024

Enfin la Gréve de Noël !

Par Philippe Joutier

En 2023, sur Euroliberté, j’écrivais :  « Un train qui roule, c’est un échec du syndicalisme ! »

Ainsi l’année dernière,  je dénonçais la légitime frustration de tous ces braves cheminots auxquels on avait volé leur grève de Noël. En les achetant par  des primes supplémentaires, davantage de repos et moins d’heures de travail, l’administration scélérate de notre belle société nationale avec la complicité  de Sud Rail et de la CGT avait à l’époque permis aux trains de circuler pour les vacances de Noël. Un scandale pour tous les jusqu’auboutistes qui considèrent que la beauté de la grève se suffit à elle-même et doit être indépendante de n’importe quelle concession.

Heureusement cette année, il n’en sera rien. Le moment est propice qui vient après une vaste campagne pour promouvoir INOUI auprès des usagers (pardon des clients) non sans cynisme puisqu’il est probable que les trains  ne circuleront pas. Il fallait bien sûr un motif. En l’occurrence, un précipité d’angoisse existentielle sur fond d’écologie. Rappelons donc que  la Commission européenne, soucieuse de la libre concurrence, s’accommode mal de la  gestion  soviétique du réseau ferroviaire français. Les aides illégales versées par l’État entre 2005 et 2019 d’un montant estimé à 5 milliards d’euros la font un peu tousser. Cinq milliards, Une paille ! Mais pourquoi pas, si  ces cinq milliards avaient servis à diminuer le coût du fret et à  rendre incitatif le train plutôt que la route. Ne rêvons pas, manifestement l’argent a servi à autre chose. Bien. Mais Comment éviter la procédure de redressement  exigée par l’Europe?  Simple : suffit de faire disparaitre Fret SNCF. Abracadabra ! Suppression de Fret SNCF, suppression du redressement ! L’idée, est donc de faire éclater Fret SNCF  et son trou financier en deux sociétés Hexafret, pour le transport de marchandises, et Technis, pour la maintenance .

Motif en or pour les syndicats qui appelant à la rescousse l’écologie, refusent  en bloc le projet et le risque d’une perte de monopole avec l’arrivée d’une concurrence  plus efficace et moins chère. Donc grève annoncée. Mais de tout ceci, le public est à peu près au courant puisque les syndicats ont commencé à le manipuler afin d’obtenir sa sympathie.

Il faut donc être étranger ou alors   faire preuve d’une grande ingénuité ou d’un immense optimisme pour imaginer réellement pouvoir prendre un train à Noël. A moins que ralliés à la Cause, ces usagers militants (pardon, ces clients)  correctement formatés à la sensiblerie gaucho humaniste ( la seule acceptable) aient à cœur  de verser leur participation spontanée à la lutte des  brav’cégétistes qui les solliciteront pendant  qu’avec enfants, bagages, familles, ils attendront sur un quai glacial un train qui n’arrivera pas.

Finalement, puisque  la SNCF n’est jamais aussi efficace que quand elle organise la grève plutôt que les trains, pourquoi ne pas la considérer  comme sa véritable fonction ? Et je ferai bien une suggestion : pourquoi ne pas  faire de cette grève de Noël une obligation et l’inscrire dans la constitution ?

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