28 mars 2019

Le retrait du cardinal Barbarin : pourquoi tant de haine ?

Par Henri Feng

De Hara-Kiri à Act up, ou de Charlie Hebdo à LGBTQ +, tout est bon dans le « catho ». Dernière illustration en date : les réactions froides qu’a suscitées le retrait du cardinal Philippe Barbarin de la tête du Diocèse de Lyon. Mais sans que sa démission soit, pour autant, acceptée par le Pape François (cliquez ici).

La propagande cinématographique passant par-là – le film de François Ozon, Grâce à Dieu, est sorti le 20 février dernier –, Barbarin est d’ores et déjà jugé coupable, par la médiacratie (depuis 2016), d’avoir tu les rapports mentionnant les crimes pédophiles commis par le père Preynat (durant vingt ans) sur qui il avait, pourtant, autorité au moment des premières révélations.

Mais, comme en matière de lutte contre le racisme, le problème n’est pas le fond, mais la forme. Il relève, en effet, du bon sens de ne pas prendre fait et cause pour un quelconque acte pédophile. Pour autant, la tartufferie dont font preuve ses accusateurs médiatico-politiques est stupéfiante. Car ce sont bien les mêmes personnes qui défendent une idéologie complaisante avec l’initiation, plus ou moins contrainte, à la sexualité auprès des plus jeunes, et ce, au nom du fameux credo : « Vivre sans temps mort, jouir sans entraves ». Parce que la gauche libertaire, à coups de bombes freudiennes, continue de considérer qu’il n’y a pas d’équilibre mental sans une pleine et entière ouverture à la sexualité. En somme, plus on commencerait jeune, mieux ce serait !…

Décidément, le camp du Bien ne manquera jamais de se contredire. Pour le meilleur et pour le pire… En réalité, la société française, de plus en plus américanisée, se complaît dans une hypocrisie censée refaire son honneur : « Faites ce que je vous dis, mais ne dites pas ce que je fais ». Alors, les défenseurs de la Macronie ne seraient-ils pas mieux inspirés de se taire sur le fond de ce scandale ? Quel est l’adolescent charmeur qui est parvenu, du haut de ses quinze ans – qui plus est, dans une école jésuite –, à séduire son professeur de théâtre, pourtant mariée avec trois enfants dont la cadette avait le même âge que lui ?…

Mais, au nom du triomphe de la moraline, il y aurait de bons rapports humains ambigus et d’autres non. Seulement, si un professeur de philosophie, mâle blanc et de plus de cinquante ans, avait l’outrecuidance de céder aux avances d’une de ses élèves, il serait aussitôt congédié et interdit de toute activité pour le compte de l’éducation nationale. Ce qui serait, bien entendu, la moindre des choses. Alors, les relations humaines sont-elles purement noires ou blanches ? Et, Montherlant aurait-il le droit, aujourd’hui, de publier La ville dont le prince est un enfant ?…

En outre, en dehors de la communauté catholique, qui peut croire que ce monde est suffisamment sain ? Comme l’avait écrit Pascal, « que le cœur des hommes est creux et plein d’ordure ! ». Dans le tohu-bohu de « la modernité », toute recherche de pureté se révèle rance. Celle-ci ne fait que mettre la poussière sous le tapis. Puis, ne finit-elle pas par cacher le cadavre dans le placard ?… En fait, les principes moraux perdent tout leur sel dans la sphère politique. Donc, les bouffeurs de curés ne peuvent comprendre cet avertissement de Schopenhauer : « Maximes perchées sur des échasses, du haut desquelles on perd de vue la vie réelle et ses tumultes. »

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