Les troubadours par Michel Zink
Michel Zink, membre de l’Institut, est professeur honoraire au Collège de France. Il a étudié toute sa vie l’art des troubadours. Avec cet ouvrage, il nous permet de découvrir la sensualité, l’amour, la beauté des jeux de mots et le charme de la poésie en langue d’oc au XIIe siècle. C’est un réel plaisir pour les passionnés des belles lettres que de parcourir ces pages nous immergeant littéralement aux Temps Féodaux.
Dès les premières lignes, l’auteur explique que « lire les troubadours, c’est remonter à la source de la poésie, et d’une poésie exigeante ». Il précise d’emblée avec une grande pédagogie que « le mot troubadour a encore plus circulé que les troubadours eux-mêmes, pourtant grands voyageurs ». Il convient de définir précisément le troubadour.
Zink expose l’idée suivante : « les troubadours sont les poètes à qui l’on doit les plus anciens poèmes lyriques intégralement conservés dans une langue européenne moderne, plus précisément dans une langue romane, c’est-à-dire dans une des langues nées des transformations du latin parlé. Cette langue est celle qu’aujourd’hui nous appelons souvent par commodité la langue d’oc, à la suite de Dante, grand connaisseur et grand admirateur des troubadours ».
Ne nous y trompons pas. Il ne s’agit pas d’un livre d’histoire au sens propre du terme, mais d’un livre d’histoires. Son étude se veut, selon les propos de Zink, comme « une invitation à lire ces poèmes anciens, écrits dans une langue vieillie et à demi étrangère, truffés d’allusions à des personnages et à des événements oubliés ».
La poésie classique dépasse de loin l’exigence intellectuelle des conteurs contemporains, qu’ils soient chanteurs ou poètes, comme nous le découvrons en lisant des vers vieux de huit cents ans : « la poésie des troubadours, cette poésie si ancienne, cette première poésie composée dans les nouvelles langues de l’Europe, est éperdument élitiste et sophistiquée ».
L’auteur poursuit sa brillante analyse : « Non seulement elle n’a rien de populaire au sens sociologique du terme, tout au contraire, mais encore elle frappe, non par sa simplicité, mais par sa complexité et par sa difficulté délibérées ».
Cependant, il précise « que la poésie des troubadours soit complexe n’implique pas nécessairement qu’elle soit savante, au moins dans le sens d’un apprentissage livresque, et ne dément donc pas en soi la lecture des romantiques, qui n’avaient pas tort d’être sensibles à la fraîcheur qui s’en dégage ».
Toutefois, écrire un très beau poème ne représente pas une fin en soi pour le troubadour. Encore faut-il veiller à sa diffusion pour rivaliser avec ses pairs ou toucher le cœur d’une gente dame… Ainsi, Zink nous apprend que le poète « avait trois moyens de diffuser la chanson qu’il venait de composer. Il pouvait la chanter lui-même, d’où l’importance accordée, non seulement à ses talents de compositeur, mais aussi à la qualité de sa voix. Il pouvait la faire chanter par un jongleur employé à son service. Il pouvait enfin la copier sur un petit rouleau de parchemin, un rollet ». N’oublions pas que les verbes du vieux français jongléer et jangler signifient bavarder et parler d’abondance.
Ainsi, un poème écrit et diffusé n’est en réalité jamais perdu dans la nature. En effet, Zink rappelle que « les troubadours ne cessent de se répondre les uns aux autres et de se citer les uns les autres. On a presque l’impression que chacun connaît la production de tous les autres ».
De fait et même sans les moyens de communication modernes et ultra-sophistiqués dont nous disposons actuellement, les informations circulent plutôt bien d’un bout à l’autre de l’Europe médiévale.
Comme chacun sait « les premiers troubadours sont limousins et aquitains. Très vite cette poésie se répand sur l’ensemble du domaine d’oc, de l’Auvergne aux Pyrénées, de l’Atlantique aux Alpes. Mais bientôt elle déborde même les frontières linguistiques. Les régions voisines l’adoptent dans sa langue d’origine. Les Catalans, les Lombards, les Vénitiens composent leurs chansons en langue d’oc ».
Par ailleurs, Zink dit que « le premier traité de poésie écrit en langue d’oc et traitant de l’art des troubadours a pour auteur un catalan, Raimon Vidal de Besalù ». La poésie se révèle donc comme un excellent vecteur de diffusion des idées et permet le rapprochement des peuples. Effectivement, nous lisons avec intérêt que « dans la Divine Comédie, Dante ne rencontre pas seulement les troubadours périgourdins Arnaut Daniel et Bertrand de Born, mais aussi Sordel de Mantoue, lui aussi grand poète en langue d’oc ».
Les traits des troubadours pour la plupart sont connus et reconnus. Zink l’analyse de cette manière : « il prend la pose de l’amoureux transi, mais non point tout à fait transi. Il attend les faveurs de celle qu’il aime sans en désespérer totalement, sans non plus oser les espérer. Il se plaint d’être tourmenté par le désir, d’en souffrir à en mourir, mais il trouve dans l’amour même une récompense et une joie. Il s’estime heureux d’aimer, même s’il n’obtient rien. Il est à la fois exalté et déprimé. D’autre part, il tend à personnifier Amour, qui est à cette époque, même au singulier, de genre féminin. »
Dans les dernières pages, l’auteur conclut « qu’il est si difficile de parler de poésie sans être ennuyeux, si difficile de donner envie d’en lire ». Nous écrivons, sans aucune flatterie, qu’il atteint parfaitement son objectif. Nous avons pris un très grand plaisir à lire son ouvrage qui nous donne envie d’aller à la rencontre de ces poèmes et poètes oubliés. Son étude se montre intéressante, plaisante et apporte un réel vent de fraîcheur. Étudier et lire de la poésie revient à vivre un enchantement permanent. Les troubadours nous y convient pour notre plus grand plaisir.
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