29 mars 2018

Mazarin l’Italien par Olivier Poncet

Par admin

Mazarin l’Italien, Olivier Poncet, Tallandier.

Mazarin l’Italien, Olivier Poncet, Tallandier.

Jules Mazarin, romain de naissance et français par choix, fut Cardinal-Ministre de Louis XIII et du jeune Louis XIV pendant 19 ans (1642-1661).

À cette époque, la longévité dans la conduite des affaires reste la marque des grands. À n’en pas douter, Mazarin excella dans son rôle de ministre, nonobstant les calomnies déversées lors de la Fronde avec les mazarinades ou par des adversaires tel le Cardinal de Retz qui dans ses Mémoires fut « d’une mauvaise foi brillante et venimeuse », comme le rappelle l’auteur.

Ce dernier, est un ancien membre de l’École française de Rome, actuellement professeur à l’École nationale des chartes où il enseigne l’histoire des institutions et des archives de l’époque moderne. Il nous gratifie d’une biographie de qualité, agrémentée d’une intéressante et belle iconographie, mettant au grand jour les rapports si particuliers entre Mazarin et son pays natal. La fin du livre propose une chronologie et un petit dictionnaire regroupant 116 courtes biographies de « personnes qui ont joué dans cette histoire une partition spéciale. »

Rien ne prédestinait cet enfant issu d’une famille modeste à devenir l’égal des Rois et l’arbitre de l’Europe. Dès l’introduction Poncet développe l’idée suivante : « Mark Twain avait probablement raison lorsqu’il déclarait que la vérité historique est plus surprenante que la fiction car la fiction est obligée de coller à ce qui est possible, ce qui n’est pas le cas de la vérité. »

L’auteur poursuit : « C’est la force indéniable de cette réalité historique que nous enseigne la figure du Cardinal Jules Mazarin. »

Mazarin avait écrit en 1651 à Zongo Ondedei, un intime et confident, la chose suivante : « Quoiqu’il m’arrive de mauvais, l’Histoire ne parlera de moi qu’en bien, si elle veut dire la vérité. »

Cette citation se montre très parlante au sujet de la psychologie du Cardinal-Ministre. Pour Poncet, il s’agit de ne pas succomber à la tentation de l’hagiographie ou de la légende noire. Il prend le soin de préciser : « L’Histoire est toujours affaire de choix. Ceux qui ont conduit à la conception de ce livre, qui a d’abord été une suite de conférences données à Rome, visent d’abord à éclairer un homme, Mazarin, environné d’une légende noire et d’une légende rose, deux points de vue qui semblent trop exclusifs l’un de l’autre. »

L’objectif de cet ouvrage semble parfaitement exposé : « Suivre Mazarin sur les voies de son pays natal est l’occasion de faire revivre une histoire un peu oubliée, le XVIIe siècle italien. Le Seicento n’est pas un siècle de transition entre la magnifique Renaissance et les séduisantes Lumières, un siècle de fer, une époque noire faite de guerres, de pestes ou de quelque déclin prononcé. Il est au contraire d’une incroyable vitalité comme en témoignent admirablement la vie et les ambitions de Mazarin. »

On dit souvent que Louis XIII se trouve écrasé par le panache blanc de son père Henri IV et le soleil éclatant de son fils Louis XIV. Selon l’auteur, le même constat pourrait être tiré pour Mazarin : « Coincé entre Richelieu et le gouvernement personnel de Louis XIV, son ministériat semble n’avoir été qu’une étape de transition, voire de recul et de faiblesse, entre deux figures d’un État fort, l’une des grandes passions françaises. »

Pourtant son action à la tête du gouvernement marque une étape décisive dans l’histoire de France. Elle permet la restauration de l’autorité royale et son affermissement, l’émiettement de l’Allemagne avec les traités de Westphalie, la paix en Europe avec une France maîtresse du jeu diplomatique et politique, la domestication de la noblesse française qui s’était montrée bien turbulente durant le règne de Louis XIII et la minorité de Louis XIV, la soumission du clergé français qui avait souvent oscillé entre papisme et gallicanisme. N’oublions pas que le Cardinal contribua également à la formation intellectuelle de Louis XIV, aussi bien sur le plan politique qu’artistique, avec le succès que nous connaissons. Ce n’est pas pour rien que le XVIIe siècle français se voit nommer le Grand Siècle, tant il marqua son époque et les suivantes. Mazarin eut également une influence décisive sur les arts en étant un mécène plus que généreux.

Nous lui devons, entre autres, la bibliothèque Mazarine, plus ancienne bibliothèque publique de France et une collection privée exceptionnelle : « L’inventaire après décès du Cardinal, relève rien qu’au Palais Mazarin à Paris, 858 peintures, 128 statues, 185 bustes, 150 tapis, 514 pièces d’orfèvrerie et d’argenterie, 317 pierres précieuses, sans compter les fameux mazarins, ces 18 diamants célébrissimes dès cette époque. »

L’auteur revient sur les différentes difficultés qui ont émaillé le ministériat de Mazarin, les coups bas, les complots, les cabales, les Frondes : « Les frondeurs ne voulaient pas tant la mort du pécheur que son départ le plus rapide possible des affaires et du royaume. Ce qu’on visait, c’était le ministre italien autant que le ministre tout court. »

C’était sans compter sur l’énergique régente qui ne doutait pas un seul instant que les Grands entendaient réduire le pouvoir de son fils à leurs profits. Une des forces de l’homme rouge tient au fait qu’il put « toujours compter sur le soutien d’Anne d’Autriche », puis sur celui de Louis XIV. La situation politique se montrait de fait très confuse et peu rassurante pour l’avenir : « Le roi était mineur et sa mère, la régente, une Espagnole. »

Sans oublier que le principal ministre était italien (romain) et « qu’il n’a jamais cessé d’être la cible commune de tous les frondeurs, quels que soient leur identité, leurs intérêts, leur lieu de résidence. »

Mazarin sut combattre les ennemis de la couronne, car il « multiplia les changements tactiques et s’attacha à diviser pour mieux régner. »

Il n’hésita pas à enfermer les récalcitrants ou à les forcer à l’exil, peu importe leur rang ou les liens privilégiés entretenus avec la famille royale. De fait, rien d’étonnant à ce que : « Mazarin a cristallisé sur sa personne des espoirs, des attentes, des doutes, des critiques et des haines qui sont l’expression d’une société française traversée de courants contraires, de la xénophobie à l’admiration pour les cultures étrangères, du repli sur soi à l’extraordinaire appétit de conquêtes extérieures, de la vitalité au sentiment de perte de sens moral. »

Mazarin l’italien ne fut pas un ministre italien du roi de France privilégiant son pays d’origine : « Il mettait ses pas dans ceux de Richelieu et son pouvoir n’était pas plus italien qu’un autre, si l’on met à part son mécénat très volontariste. Sujet du roi par choix, le cardinal ne cessa pas pour autant d’être fidèle à sa patrie italienne dans ses goûts. »

À Rome et à Paris on disait de Jules Mazarin qu’il : « est le plus romain des cardinaux français et en même temps le plus français des cardinaux romains ». Cependant, dans la conduite des affaires et avec le recul que nous offrent 357 ans dans d’histoire, sa fidélité au Roi de France et ses réussites politiques ne sont plus à démontrer, ni à discuter.

Poncet analyse la politique de Mazarin aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur. Il nous présente ses forces, ses faiblesses, son fonctionnement, ses affiliés, ses idées pour la France, l’Italie et l’Europe. Il décrypte également le catholicisme de Mazarin et son rapport au protestantisme, à l’islam et au jansénisme.

Mazarin rêvait-il d’une nouvelle croisade ? Souhaitait-il montrer sur le trône de Saint-Pierre ? Avait-il amassé une fortune colossale au point d’en faire l’homme le plus riche de son époque ? L’auteur répond à toutes ces questions en prenant toujours le soin de rappeler le contexte et le rapport si particulier entretenu par Mazarin avec l’Italie, entre goûts culturels et affinités politiques. Biographie intéressante qui nous permet d’explorer une facette peu connue de Mazarin. Du temps de la Fronde, un polémiste avait écrit un dialogue entre Mazarin et un casuiste imaginaire (1) : « Mais la charité chrétienne Monseigneur ? » et l’auteur mettait dans la bouche de Mazarin le propos suivant : « Et la charité politique ? ». N’avons-nous pas ici la pure rhétorique romaine à l’œuvre ?

Note

(1) Apologie pour Monseigneur le Cardinal de Mazarin, auteur inconnu, Paris 1649

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