L’Ukraine : une histoire qui vient de loin
La République d’Ukraine, qui a hérité des limites de la République Socialiste Soviétique (RSS) du même nom, a des frontières communes avec sept autres états : Moldavie, Roumanie, Hongrie, Slovaquie, Pologne, Biélorussie et surtout Russie. Kiev, sa capitale, compte environ 2,6 millions d’habitants, et les autres villes principales sont Kharkov (1,5 M), Dnipropetrovsk (1,5 M), Odessa (1,2M), Donetsk (1,1 M), Lvov (0,8M). Le pays reste malgré tout largement rural.
Nous serons amenés à revenir sur le problème linguistique, fondamental, mais l’on peut déjà signaler que la langue ukrainienne, voisine du russe, appartient au rameau oriental de la branche slave, elle-même faisant partie de la famille des langues indo-européennes. Elle était bannie de la vie publique à l’époque russe, alors qu’aujourd’hui c’est le russe auquel on refuse le statut de « langue officielle ». Il y aurait actuellement 67 % d’« ukrainophones » contre 24 % de « russophones », mais ces statistiques sont illusoires dans la mesure où l’emploi n’est pas le même : on peut à la fois pratiquer la « langue maternelle » chez soi et la « langue des élites » à l’extérieur, outre que l’ukrainien est plutôt le parler des campagnes et le russe celui des villes : l’auteur d’origine ukrainienne M. Riabtchouk y voyant une situation « post-coloniale » (in De la « Petite-Russie » à l’Ukraine, 2003).
Enfin, ce que peut ignorer le Français peu féru de géographie, l’Ukraine est, après la Russie, le deuxième pays du continent européen par la superficie : 603 700 km2 (1).
En revanche, le chiffre de sa population, dont la croissance est négative depuis l’indépendance, n’était plus en 2013 que de 45,49 millions d’habitants (2) – ce qui la classe tout de même en ce domaine parmi le peloton de tête des pays européens (1).
Une histoire qui vient de loin : il est en quelque sorte permis de dire que les « premiers Ukrainiens » sont les Pithécanthropes, présents sur le territoire de l’actuelle république il y a 1 000 000 d’années. Ils sont suivis par les Néandertaliens (– 130 000 à – 28 000), éliminés ou assimilés comme ailleurs par les Homo Sapiens Sapiens ou « hommes modernes ».
Mais ce qui fait l’originalité du territoire (bassin du Dniepr et du Dniestr) est l’apparition de la culture de Tripolié (4 500 – 3000 av. J-C), ignorée des encyclopédies françaises.
L’historien d’origine ukrainienne Iaroslav Lebedynsky (voir note 2) la qualifie de «… remarquable par son niveau d’évolution sociale et technique ». On peut la rattacher à la civilisation chalcolithique (« âge du cuivre ») et elle connaît déjà ce que l’on qualifierait de « villes moyennes », en outre l’artisanat (céramique) ainsi que l’agriculture y étaient très développés (3).
Notes
(1) Ce chiffre ne prend pas en compte la récente sécession de la Crimée et ne préjuge pas de l’avenir de la région du Donbass, théâtre de combats entre indépendantistes pro-russes et forces gouvernementales au moment où nous écrivons. Dans tous les cas la République d’Ukraine – sauf éclatement – conservera un territoire d’une superficie considérable.
(2) 47 956 500 habitants en 2003 se répartissant alors comme suit : 77,8 % d’Ukrainiens ethniques, 17,3 % de Russes, 0,6 % de Biélorusses, 0,5 % de Moldaves, 0,5 % de Tatars (en Crimée), 0,4 % de Bulgares, 0,3 % de Hongrois (idem pour Roumains et Polonais), 0,2 % de Juifs. La minorité allemande a été éliminée par les Soviétiques. Nota : ces chiffres sont empruntés au Quid 2004 et confirmés par I. Lebedynsky in Ukraine une histoire en questions (2008).
(3) Voir également Arkady Joukovsky, autre historien d’origine ukrainienne, in Histoire de l’Ukraine – Des origines à nos jours – (réédition de 2005). Celui-ci situe la civilisation tripolienne entre 4 000 et 2 000 av. J-C, mais ceci n’est qu’une divergence de détail.
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Philippe Randa,
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