Little Big Horn par David Cornut
Par un brûlant dimanche d’été de juin 1876, au cœur de l’Ouest américain, les Amérindiens, plus précisément une coalition de Cheyennes et de Sioux emmenés par Sitting Bull et Crazy Horse, affrontent le 7e de Cavalerie de l’armée des États-Unis d’Amérique commandé par George Armstrong Custer. Ce dernier et deux cent soixante-sept de ses hommes périssent au cours de cette bataille, l’une des plus connues de la guerre des Blacks Hills et de l’histoire de ce très jeune pays. Dès que les faits sont révélés, cette terrible défaite se voit « propulser au rang de mythe identitaire des États-Unis ». Avec cet ouvrage consacré à Little Big Horn, sous-titré autopsie d’une bataille légendaire, David Cornut ouvre l’un des dossiers les plus controversés de l’histoire américaine.
Immédiatement, le responsable du désastre est trouvé : « tout le monde, à l’exception de certains officiers et de particuliers, s’accorda à dire que le désastre de Little Big Horn reposait sur une seule paire d’épaules, celle de George Armstrong Custer ». C’était aller un peu vite en besogne. Mais comme toujours en pareil cas, beaucoup désirent trouver un coupable et le plus rapidement possible. De plus, la simplification outrancière ravit la masse et l’accusation d’un seul individu permet d’éviter de pointer du doigt l’ensemble des responsables. Nous en reparlerons.
Le livre est très enthousiasmant. Il présente les différentes données du problème de manière très pédagogique. Tout d’abord, l’auteur nous plonge littéralement dans cette Amérique, à la fois brutale et fascinante, des cow-boys et des Indiens. Il revient sur le parcours et les compétences militaires de Custer, tout en exposant en parallèle la véritable situation des tribus indiennes concernées. L’historien nous permet de suivre les préparatifs de la campagne militaire de 1876. Il narre aussi la vie de « Taureau assis » et de « Cheval fou ». Ces éléments biographiques permettent de comprendre leurs parcours, leurs motivations et surtout leurs compétences, notamment celle de meneur d’hommes.
Ensuite, nous sommes au cœur de l’affrontement avec un descriptif très minutieux et haletant des épisodes guerriers. On croirait lire un journal de campagne rédigé sur le vif par un soldat, tant le rythme se montre emporté et les descriptions immersives. Enfin, dans une dernière partie l’auteur s’attarde sur les conséquences de Little Big Horn pour les vainqueurs et les vaincus.
Quand les Indiens se battent entre eux ou contre « les visages pâles », il ne faut pas ignorer que : « le combat est rarement propre, car il n’existe pas de loi de la guerre (protection des prisonniers, des blessés et des civils) dans les Plaines ». L’auteur ne le souligne pas, mais la donne fut identique en Europe pendant de nombreux siècles… Ceci étant dit, les Indiens ne sont pas des soldats mais des véritables guerriers. Effectivement, ils maîtrisent réellement l’art de la guerre. De plus ils savent parfaitement s’adapter aux différentes contraintes, géographiques ou climatiques, de leur environnement.
Custer avait dit : « S’il est de mon devoir de tomber au service de mon pays et de ses droits, qu’il en soit ainsi ». Quand il pensait cela, il ignorait sûrement que cela arriverait. Toutefois, l’action de son administration dans les plaines relève-t-elle du bon droit ? Nous ne le pensons pas, mais c’est un autre sujet…
Custer ne fut pas une tête brûlée, ni un inconscient, encore moins un officier médiocre. N’imaginons pas le contraire : le talent militaire de Custer ne peut être comparé à celui de Napoléon ou de César, ni même au meilleur stratège de son époque le général Lee. Cependant, il connaissait très bien son métier. Sa défaite a finalement transformé voire déformé son image pour des décennies : « devenue héroïque dès sa mort à l’âge de 36 ans, sa légende a été considérablement écorchée après 1960 par la guerre du Vietnam et l’attachement du public à la cause des minorités ethniques ». Cornut poursuit son analyse : « dès lors, le brave de Little Big Horn s’est transformé en Attila d’un autre âge dont la haine à l’encontre des Indiens est inépuisable », au mépris de la réalité historique selon la vision défendue par l’auteur.
Ne soyons pas surpris de lire que les termes de « tueurs de squaw, tête jaune, cheveux jaunes, longue chevelure » sont des surnoms attribués à Custer alors que celui-ci, en réalité, ne fut jamais appelé ainsi de son vivant. De même, d’aucuns lui prêtent la phrase suivante : « un bon Indien est un Indien mort ». Celle-ci fut déclamée par le général Sheridan puis attribuée à tort à Custer par d’indélicats journalistes, romanciers et historiens. Sa réputation, très bonne, il la gagne lors de la Guerre de Sécession : « il devient incontournable dans le camp nordiste, il est « Monsieur Nettoie le Chemin », celui qui, sabre au clair, balaie les arrière-gardes confédérées ». Pas étonnant de constater que Custer est un « fervent admirateur de Joachim Murat, le brillant maréchal du Premier Empire, qui fit de la cavalerie une arme puissante et prestigieuse ».
Custer devient général de division à 24 ans, « le plus jeune général de division jamais nommé, encore à ce jour, dans l’histoire des États-Unis ». Il paraît évident qu’on occupe ce poste aussi jeune en étant compétent et non le contraire… De fait, la Guerre Civile américaine permet à Custer « d’avoir l’aura d’un vrai héros ». Rappelons qu’à l’époque, le militaire est « reconnu par ses pairs, vénéré par ses soldats et loué par la presse ». L’homme se montre courageux voire chanceux car lors de la guerre contre le Sud « il apparaît toujours en première ligne, avec son drapeau rouge et bleu reconnaissable à des kilomètres, et bien que onze chevaux soient tombés sous lui, il n’a subi qu’une légère blessure à la jambe et une éraflure à la joue ». Conséquence de sa bravoure et de ses succès, pendant et dès la fin du conflit contre les Confédérés, « la jalousie enfle » à son endroit.
L’auteur explique, dans les pages qui suivent la description pointue et passionnante de la victoire amérindienne que certains de ses subordonnés en profiteront pour mentir sur l’action de Custer au cours de cette campagne afin d’être lavés de tout soupçon… Même si leur conduite fut entachée d’irrégularités comme le défend avec brio Cornut. Après cette déroute, une commission militaire voit le jour. Des enquêtes privées sont même menées par des journalistes, des civils et d’anciens soldats pour tenter d’établir les faits. Pour Cornut, ces derniers sont simples et il les présente de cette manière : « A Little Big Horn, le lieutenant-colonel Custer a placé ses pions. Mais au moment de l’attaque, des pions n’ont pas répondu à l’appel. Trahi sans avoir pu mener l’offensive projetée, il est mort en résistant pendant deux heures et demie, sous les yeux des deux tiers de ses troupes qui n’ont pas bougé ». Custer a-t-il été lâché par certains de ses officiers ? Vaste sujet qui défraye encore la chronique outre-atlantique…
Tous ne s’accordent pas pour défendre la tactique de Custer. Précisons donc que des historiens et des spécialistes de la stratégie militaire reprochent à Custer d’avoir divisé son contingent en trois bataillons, puis d’avoir fractionné celui qu’il commandait. Cela a probablement conduit à la dispersion manifeste de sa force de frappe au moment de l’affrontement. Enfin, la reconnaissance du terrain n’aurait pas été optimale, provoquant une erreur d’appréciation de Custer et de ses hommes concernant le nombre d’adversaires qu’ils devraient combattre.
La difficulté principale reste la suivante : retracer avec exactitude l’enchaînement des hostilités. Les détails de l’affrontement entre les Amérindiens et le bataillon de Custer sont relativement conjoncturels sous certains aspects : aucun des hommes ne survécut à la bataille. Le déroulement supposé se base sur les témoignages souvent contradictoires des Amérindiens, les fouilles archéologiques (notamment la localisation des douilles, des balles, des pointes de flèches) et les positions des troupes américaines au moment de leur anéantissement.
Ces indices sont encore interprétés diversement et toujours discutés par la communauté historique. L’avis de notre historien, que beaucoup trouveront paradoxal, est clair et sans équivoque : Custer a bien mené ses troupes au combat, nonobstant l’échec final. De surcroît, Cornut accuse Reno et Benteen d’avoir délibérément abandonné leur chef au mépris des ordres et des impératifs de la situation. À ses yeux, ils sont coupables de trahison même si la commission d’enquête demandée par Reno lui-même l’a disculpé.
Quelques heures après l’effroyable défaite, lorsque les Américains se rendent sur le champ de bataille pour découvrir l’étendue du désastre et aider les survivants, le général Terry retrouve le corps de Custer et murmure : « La fine fleur de l’armée américaine est morte ». Au chapitre de la mémoire militaire, signalons également que « le Boy General est, avec George Patton, le seul officier dont le nom soit mentionné dans l’hymne officiel de l’armée américaine (The Army Goes Rolling Along) ». De même, la 85e division d’infanterie qui s’est battue en Italie et en France au cours de la IIe Guerre Mondiale porte le nom de Custer Division. Sur l’écusson de cette dernière figure les initiales C.D et la devise suivante : « Le leadership dans l’esprit de Custer ». Belle marque de reconnaissance…
Fruit de sept ans de recherches menées par David Cornut, par ailleurs membre des Little Big Horn Associates, cette brillante étude, véritable immersion au cœur de cet affrontement milliaire de légende, comblera de joie les passionnés d’histoire et de la chose miliaire. Le chef de guerre Two Moon avait dit : « Jamais je n’oublierai cette bataille ». Ce livre y contribue grandement.
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