2 avril 2016

L’expulsion de 15 à 18 millions d’Allemands de Russie  après 1945 !

Par Fabrice Dutilleul

« Plus de 3,5 millions d’Allemands ont péri
au cours de cet exode
le plus important de l’histoire mondiale
»

Depuis la IIe Guerre mondiale, rares sont les historiens qui s’apitoient sur le sort des populations allemandes…

Je me suis passionné dès ma jeunesse pour l’histoire de cette grande guerre civile européenne doublée d’une inutile et horrible tuerie qu’ont été les deux Guerres mondiales, et je me suis intéressé à la très grave question de leurs origines et des responsabilités respectives des belligérants. Pour cela, je me suis constitué une bibliothèque privée de 30 000 ouvrages en six langues et y ais consacré soixante ans d’études intensives. Licencié d’anglais, d’allemand, de russe et d’histoire, j’ai obtenu en 1978 un Doctorat sur les Allemands de la Volga. J’ai également été détaché aux Relations Culturelles du Quai d’Orsay dans plusieurs pays, puis enfin nommé professeur de Littérature et Civilisation germanique à l’Université d’Abidjan en 1980.

Qu’est-ce qui vous a incité à vous intéresser aux Allemands de Russie, expulsés après 1945 de leurs terres ?

Je ne m’intéressais pas particulièrement à eux, mais seulement à ce que je considère toujours comme un des plus grands crimes commis par les vainqueurs contre le peuple allemand, lequel est depuis plus d’un siècle l’objet de la haine et de l’envie des « trois gredins » comme les appelait Lénine : l’Angleterre, la France et la Russie tsariste ; ces derniers se partageaient les trois quarts de la planète en accusant la jeune Allemagne de viser à l’hégémonie mondiale, alors qu’eux menaient des guerres coloniales et de conquêtes sur toute la planète. Inutile de dire que comme dans Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, les trois étaient quatre avec le pire d’entre eux, d’ailleurs : les USA.

Vous n’hésitez pas à parler de « la plus vaste expulsion de population que le monde ait jamais connu » ; n’exagérez-vous pas un peu ?

Mon propos était de parler de ce crime épouvantable qu’a été l’expulsion de 15 à 18 millions d’Allemands dans des conditions que des Français qui, comme moi, ont fait l’exode de 1940, ont du mal à imaginer. Plus de 3,5 millions d’Allemands ont péri au cours de cet exode le plus important de l’histoire mondiale. Arrivé en Allemagne pour la première fois en novembre 1945 à 19 ans, j’ai eu vite fait de prendre conscience de la terrible tragédie qui était en train de se dérouler à l’Est, dégoûté aussi par les comportement des vaincus de 1940 devenus les occupants de 1945 (200 000 viols selon l’évêque de Fribourg) . Vingt ans plus tard, j’ai formé le dessein de passer sous le « camouflage » du « recul du germanisme » une thèse de doctorat en sachant d’avance les difficultés auxquelles j’allais me heurter.

Est-ce que je n’exagère pas un peu en parlant de la « plus vaste expulsion… » ? Mais pouvez-vous m’en citer une dans l’histoire contemporaine ou ancienne qui ait atteint ces chiffres vertigineux (les échanges de population entre la Turquie et la Grèce en 1921-22 ont touché tout au plus 1,5 millions de personnes.

Essayez de vous représenter l’équivalent en superficie de 35 départements français vidés entièrement de leurs habitants, dépouillés de tous leurs biens – fermes, maisons, appartements, etc. – bref de leur petite patrie (à laquelle nous autres Français sommes tant attachés), de la terre qui, depuis mille ans, appartenaient à leurs ancêtres (quatre fois la superficie de la Suisse).

Est-ce que les Allemands actuels ont connaissance des souffrances endurés par ces Allemands de la Volga… qui pourtant, comme il est indiqué en couverture du livre « n’avaient, et pour cause !, jamais voté pour Adolf Hitler… » ?

Plus ou moins, mais plutôt moins que plus. En 1945, les vainqueurs se sont appliqués à « rééduquer » avec un formidable succès les nouvelles générations. Un enseignant qui en classe se serait avisé de parler des provinces de l’Est risquait à partir de 1945 de perdre son emploi !

Les Allemands de Russie d’Yves Caron, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », 266 pages, 29 euros. Pour commander ce livre cliquez ici.

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