30 juillet 2019

Les Modérés

Par Rémi Tremblay

S’il y a une chose qui se ressemble tant en France qu’au Canada, et nous pourrions étendre ce constat à plusieurs autres pays, c’est le portrait pathétique que nous offrent nos politiciens hâbleurs, incapables de mettre en œuvre les réformes salvatrices nécessaires et dont la volonté politique prend trop souvent la forme d’une carpette. Mais voilà, en plus d’être faibles, ils ne font ici preuve d’aucune originalité.

L’académicien Abel Bonnard, aujourd’hui sur la liste noire des bien-pensants, s’était déjà intéressé au phénomène et avait analysé ce phénomène de politiciens invertébrés dans son ouvrage majeur, Les Modérés, réédité il y a cinq ans chez les éditions Déterna, un livre qui devrait être vendu dans le rayon des études anthropologiques. Le phénomène n’est pas nouveau, il est un peu la conséquence directe de 1789 qui a su créer un homme nouveau, l’homme démocrate imbu de parole et de lui-même. En termes d’utopie, on est loin de l’homme nouveau proposé par les communistes ou les fascistes. Le romantisme démocratique n’a visiblement que de faibles ambitions.

Avec la guillotine, la révolution misa littéralement sur le nivellement par le bas et attaqua la « valeur de l’homme », le rendant prêt à accepter toutes les postures, même les plus basses pour s’élever un tant soit peu sur l’échelle sociale. La fierté fit place à la servilité au panthéon des valeurs républicaines.

Tout d’abord, disons-le, en visant les modérés, Bonnard visait une catégorie spécifique de politiciens, ceux du centre. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, les modérés se retrouvent partout, le centre ayant englobé comme un immense trou noir tout ce qui se trouvait à sa gauche et à sa droite. Les modérés sont donc en force tant au Parti québécois qu’au Parti libéral ou à la Coalition avenir Québec, et en France ils remplissent les sièges de la République en Marche, des Républicains, des Socialistes et trop souvent du Rassemblement national. Le terme modéré n’est donc plus une étiquette politique, mais une façon de faire de la politique, ou plutôt plus simplement encore, une façon d’être. D’où le terme anthropologique qui devrait figurer sur la couverture pour clarifier le sujet du livre.

Amateurs d’apparences, les modérés veulent donner l’impression d’agir, l’impression de savoir ce qu’ils font, mais ce n’est qu’un jeu, on trompe pour garder une certaine légitimité et conserver son gagne-pain. On joue à la politique avec de fausses réformes, tout comme les fillettes jouent à prendre le thé avec leurs poupées. Au lieu du chantier nécessaire, ils ont dressé un théâtre où se mettre en valeur et dans lequel ils cherchent les applaudissements de la foule. Et au fond, ils n’ont que les miettes de pouvoir qu’on a bien voulu leur laisser avec comme condition de ne pas s’en servir.

Ils n’ont aucune ambition collective, alors qu’ils regorgent d’ambitions personnelles. Si pour un grand homme l’obtention d’un siège de député marque le début d’une aventure formidable, pour le modéré, c’est là le couronnement de sa carrière. Oswald Mosley ne disait pas autre chose aux lendemains de la Première guerre lors de son entrée à la Chambre des communes anglaises, mais il n’avait certes par les tournures de phrases de cet aristocrate du verbe qu’est Abel Bonnard, apôtre de l’élévation et du dépassement. Pas étonnant que son passage au ministère de l’Éducation lui ait valu tant d’ennuis !

Cette race d’hommes qui refusent de guider leur nation quelque part, qui refusent de tout mettre en œuvre pour qu’elle s’élève, est un des indicateurs du déclin de notre civilisation, qui se meurt d’une lente agonie. Il faudrait un remède de cheval, un électrochoc pour réveiller le monde occidental, mais pour cela il faudrait une volonté portée par une élite, exactement ce qui manque en ce moment.

Il ne faut pas compter sur ceux qui vivent et bénéficient de ce système pour le remettre en question, on ne mord pas la main qui nous nourrit. Les seules révoltes permises sont celles factices issues de la gauche, ce qui était vrai à l’époque et qui l’est tout autant.

Cela se traduit par ces sempiternels coups de gueule contre le machisme, l’homophobie et le racisme systémique, des « fanfaronnades de mollesse » tout à fait bénignes qui permettent aux bobos de se révolter dans le confort de la société en dénonçant des travers imaginés, et ce de façon tout à fait sans risque et en suivant l’air du temps.

Abel Bonnard, Les Modérés, Déterna, 2014, 220 p. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Abel Bonnard, Les Modérés, Déterna.

Abel Bonnard, Les Modérés, Déterna.

EuroLibertés : toujours mieux vous ré-informer … GRÂCE À VOUS !

Ne financez pas le système ! Financez EuroLibertés !

EuroLibertés ré-informe parce qu’EuroLibertés est un média qui ne dépend ni du Système, ni des banques, ni des lobbies et qui est dégagé de tout politiquement correct.

Fort d’une audience grandissante avec 60 000 visiteurs uniques par mois, EuroLibertés est un acteur incontournable de dissection des politiques européennes menées dans les États européens membres ou non de l’Union européenne.

Ne bénéficiant d’aucune subvention, à la différence des médias du système, et intégralement animé par des bénévoles, EuroLibertés a néanmoins un coût qui englobe les frais de création et d’administration du site, les mailings de promotion et enfin les déplacements indispensables pour la réalisation d’interviews.

EuroLibertés est un organe de presse d’intérêt général. Chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66 %. À titre d’exemple, un don de 100 euros offre une déduction fiscale de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coûte en réalité que 34 euros.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Quatre solutions pour nous soutenir :

1 : Faire un don par virement bancaire

Titulaire du compte (Account Owner) : EURO LIBERTES
Domiciliation : CIC FOUESNANT
IBAN (International Bank Account Number) :
FR76 3004 7140 6700 0202 0390 185
BIC (Bank Identifier Code) : CMCIFRPP

2 : Faire un don par paypal (paiement sécurisé SSL)

Sur le site EuroLibertés (www.eurolibertes.com), en cliquant, vous serez alors redirigé vers le site de paiement en ligne PayPal. Transaction 100 % sécurisée.
 

3 : Faire un don par chèque bancaire à l’ordre d’EuroLibertés

à retourner à : EuroLibertés
BP 400 35 – 94271 Le Kremlin-Bicêtre cedex – France

4 : Faire un don par carte bancaire

Pour cela, téléphonez à Marie-France Marceau au 06 77 60 24  99

Partager :