La France, province de l’Europe
Il serait temps que l’opinion publique, autant que nos stratèges politiques et militaires comprennent cette profonde réalité qui fait grincer les dents des « souverainistes » : la France est devenue, légalement et pratiquement, une région (ou une province) de l’ensemble européen. Il faut donc tirer les conséquences de ce fait incontestable, sauf à vouloir repasser en mode nationaliste et s’enfermer dans l’autarcie politique, comme le font, avec succès, les Suisses.
La première conséquence de l’actuel état de fait est d’ordre militaire et douanier. Dans le contexte de notre époque d’immigration-invasion musulmane, ces deux modes opérationnels, la sécurité aux frontières et la défense, n’en font plus qu’un. Or, à toute époque historique, les stratèges du temps de paix se sont lourdement trompés, tant sur les moyens que sur la durée, voire – et c’est plus grave – sur les objectifs, de la guerre prochaine.
En 1990-93, quand l’URSS et ses satellites du Pacte de Varsovie se sont effondrés, il était devenu évident pour le moindre pékin d’Europe occidentale qu’il fallait faire pivoter de 90 degrés vers le sud ses regards angoissés, ainsi que les objectifs militaires des États du continent. Lorsque ce pékin de base exposait cette idée aux stratèges issus de Saint-Cyr ou de Polytechnique, comme aux demi-dieux sortis de l’ENA, il se faisait considérer comme un parfait abruti, qualifié de « dangereux » quand il ajoutait que l’OTAN n’avait plus aucun intérêt, ne servant objectivement que les seuls intérêts de l’État ploutocratique des USA.
Un quart de siècle plus tard, l’OTAN s’est couvert de gloire en déstabilisant – de 2008 à nos jours – les vieilles dictatures musulmanes, transformant ces pays en zones de guérilla permanente et en centres de formation des guerriers de l’islam.
Il y a pire. L’OTAN, initialement créé à fort juste titre pour contenir et combattre le communisme, s’est mué en organisme de combat contre la seule Russie, pourtant occidentalisée, en voie de rechristianisation accélérée, d’économie de type libéral, où le chef de l’État tente de lutter contre le capitalisme de spéculation et contre une maffia qui n’a de russe que le nom (elle est composée de Juifs, de Géorgiens et de Tchétchènes : rien que d’affirmer cette triste réalité vous fait passer pour un « révisionniste »). Il est évident que la Russie de Wladimir Poutine fait hurler nombre d’humanistes financiers de Wall Street, Washington, Londres et autres hauts-lieux de la saine spéculation et de l’arnaque juridiquement inattaquable.
D’un autre côté, l’on nous assure que « la question de guerre ne se pose plus de nos jours comme autrefois… Il n’y a plus de menace à nos frontières » (in conférence donnée le 26 mars 2012 à l’Académie des Sciences morales et politiques – soit un curieux accouplement d’adjectifs –, par un stratège de poids, l’ex-chef d’état-major des armées françaises, Jean-Louis Georgelin). N’importe qui peut aisément se rendre compte que l’on a simplement déplacé notre souveraineté frontalière aux États limitrophes de l’Union Européenne… ce qui, en France, correspond à notre littoral méditerranéen, largement ouvert sur l’Afrique, et au littoral atlantique, offert à qui veut se donner les moyens de débarquer clandestinement.
Or, tout a basculé en ce mois de novembre 2015, moins en raison des attentats islamistes qui ne sont pas une nouveauté s’ils sont d’une ampleur inquiétante, qu’en raison d’un début d’affrontement entre forces aériennes de l’OTAN (en l’occurrence l’aviation turque) et force aérienne russe. L’OTAN contre la Russie : cela peut plaire aux USA, voire à leur « 51e État » – la Grande-Bretagne, si peu « européenne » –, à leurs alliés touraniens (qui, de la Turquie au Turkménistan, menacent le sud de la Russie), mais en aucun cas aux véritables Européens.
Notre continent ne se réduit pas à l’Union des économies européennes occidentales, centrales et danubiennes ; encore moins à une relation de dépendance – qui confine à l’asservissement – avec les USA. Notre continent est le berceau de la race blanche (« caucasienne » selon les anthropologues peu savants du XIXe siècle ; en réalité, née de façon plurifocale des rives de la Baltique aux grandes plaines russo-ukrainiennes). L’Europe s’étend de l’Islande à Vladivostok. Il est temps de s’en souvenir et de mieux choisir nos amis et nos ennemis.