17 juin 2021

Sahel : le président Macron sait-il vraiment où il va ?

Par Jean-Claude Rolinat

Est-ce une coïncidence ? Au moment même où le Burkina-Faso a été victime d’une sanglante attaque de la part des rebelles islamistes, le gouvernement français annonçait à quelques jours près, le retrait programmé des militaires de l’opération « Barkhane », laquelle avait succédé à « Serval » pour stopper l’invasion du Mali. Je voudrais exprimer mon écœurement devant le massacre « gratuit » de paisibles paysans, de femmes, d’hommes et d’enfants, qui est intervenu au Burkina-Faso, l’ancienne Haute Volta « de papa ». Le drame s’est noué dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 juin à Solhan, dans la province du Yagha à l’est du pays, vers le Niger.

On a dénombré plus de 160 victimes en deux attaques, sans compter les blessés. Le président burkinabé, M. Roch Marc Christian Kaboré a dénoncé cette attaque barbare et ignoble. Il a déclaré, citons le, « Nous devons rester unis et soudés contre ces forces obscurantistes ». Le chef de l’opposition, Eddie Komboigo y est allé de son couplet, comme d’ailleurs Antonio Gutteres, le secrétaire général de l’ONU. Ce dernier s’est déclaré « indigné » par cet assassinat de masse. Les Djihadistes ou les bandits, allez savoir – parfois ce sont les mêmes –, arrivés juchés sur des motos, s’en sont pris tout d’abord aux VDP, les « Volontaires pour la Défense de la Patrie », des paysans armés, justement, pour protéger les populations civiles rurales.

D’après l’AFP, ces supplétifs comptent déjà plus de 200 morts dans leurs rangs depuis 2020. Ce pays de transition entre le Sahel et les lointaines rives atlantiques de la Côte d’Ivoire, du Bénin et du Togo au Sud, recense 21 millions d’habitants, grand comme la moitié de la France. Il n’est pas bien riche : classé 182e sur 189 par le programme des Nations unies pour le développement, c’est dire ! Son armée non plus, avec quelque 11 200 hommes répartis en 3 régions militaires, équipée de quelques blindés légers brésiliens de type Cascavel, d’auto-canons Panhard AML-60 et AML-90. On ne sait même pas si ce matériel est encore opérationnel.

Son aviation comprend sur le papier une trentaine d’aéronefs dont les plus modernes sont des avions d’attaque légers de type Embraer 314, et SIAI-Marchetti warrior. S’y ajoutent des hélicoptères russes et français. Tout cela n’a pas impressionné les tueurs liés à Al Qu’aida et au groupe « État islamique », les nébuleuses islamistes qui infestent le grand Sahel, de la Mauritanie au Tchad. Notre ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est allé à Abidjan en République de Côte d’Ivoire (RCI), et aussi à Ouagadougou, la capitale du Burkina, en plein pays Mossi, pour affirmer la solidarité de la France. Mais, justement, nous avons une mission.

En plus des commandos déjà repositionnés dans ce pays, nous avons ou nous devrions avoir la mission de former une véritable armée burkinabée capable de traquer et de détruire les nids de rebelles islamistes et autres bandits. On ne peut pas lâcher ce petit pays, victime d’un exode de plus d’un million de personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières. Qu’on le veuille ou non, il fait partie de notre ex-pré carré africain. Il y va aussi de la résolution des flux migratoires.

Si la France veut jouer un rôle mondial, au lieu de s’effacer petit à petit et de se noyer dans le magma européen, elle doit retrouver une politique africaine digne de ce nom – ne serait-ce que pour maintenir la présence de la langue française –, politique qui passe par un renvoi systématique des clandestins africains chez eux, et par une assistance massive, avec un très attentif suivi, à ces mêmes pays. (« En même temps » comme dirait « l’autre »).

Que va devenir l’assistance française ?

Quant au redéploiement de l’opération Barkhane, annoncé par Emmanuel Macron, essentiellement centrée sur le Mali, notre « ex-Soudan français », il est trop tôt pour en apprécier les conséquences. Ce que l’on peut dire, c’est qu’avec 5 100 hommes, sur une étendue colossale,– à peu près de Brest à Moscou –, après 8 ans de présence et une demi-centaine de morts, la France, seule, ne pouvait pas stopper les rebelles islamistes de l’Émirat islamique du grand Sahel, ni les troupiers du GSIM/Al Qaïda.

Quant aux Touaregs qui veulent l’indépendance de leur AZAWAD dans le nord du Mali, c’est aux nouvelles autorités de Bamako qui ont l’air de vouloir négocier, ce que ne veut apparemment pas la France, qu’il incombe de régler cette question disons « identitaire ». Là-dessus, le Professeur Bernard Lugan s’est fort bien exprimé sur les erreurs coloniales et post coloniales à propos du découpage des frontières. Peut-être que les participants du sommet des grandes puissances occidentales qui se tient actuellement en Cornouailles, aborderont la question.

Pour l’instant, on attend la mise en route de la force européenne TAKOBA, composée de Suédois, d’Estoniens, et bientôt, en principe, d’Italiens et de Danois. La Hongrie, la Grèce et la Serbie s’étant déclarées intéressées par une participation. En tout cas, nous sommes dans l’inconnu, tant du côté de la mise en route de cette troupe internationale, que d’une force multinationale spécifiquement africaine issue du groupe « G5 Sahel », qui pourrait prendre le relais de la France, cette dernière restant comme opérateur pour la logistique, la planification et l’appui aérien. Il faut le dire aussi, on compte beaucoup sur les Tchadiens qui ont une solide réputation guerrière. Mais, avec la mort du président Idriss Deby, une période d’incertitude s’est ouverte.

Soyons clairs, sans la France ou un pays de même taille, la résistance africaine échouera et là, ce serait très grave pour les pays européens, car les islamistes débouleraient vers les pays de la côte, comme Boko Haram le fait au Nigéria, cette éponge à pétrole du golfe du Bénin. Les pays membres de l’Union européenne ne peuvent pas se désintéresser du continent noir. Ils ont tout intérêt à sa stabilité et à son développement afin d’éviter des migrations massives qui emporteraient leur civilisation. On peut comprendre qu’une puissance moyenne comme la France, ne puisse plus supporter seule ce fardeau. Un fardeau quoique l’on en dise, qui est toujours celui « de l’homme blanc » comme le disait Rudyard Kipling !

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