Qu’est-ce que la guerre asymétrique ?
Coup de tonnerre chez les Américains lorsque le 11 décembre dernier, 25 états de l’Union Européenne ont approuvé en matière de sécurité l’inauguration d’une coopération structurée permanente, comme le prévoit le traité de Lisbonne ainsi que le lancement du fonds européen de défense.
La réaction américaine n’a pas traîné : en janvier, au siège de l’Alliance Atlantique à Bruxelles, le secrétaire à la Défense américain, Jim Mattis, a déclaré : « La défense commune est une mission pour l’Otan et pour l’Otan seule. »
Et histoire d’en remettre une couche, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a estimé que « l’UE ne doit pas se substituer à l’Otan » et… qu’elle « ne doit pas fermer ses marchés de défense aux Américains ! » : on ne peut être plus clair !
Naturellement, pour faire monter la sauce, il faut développer une paranoïa active vis-à-vis des Russes : d’abord côté médias, convaincre de la volonté hégémonique de Poutine, notamment sur les ex-pays du pacte de Varsovie. Ensuite mettre la pression militaire sur les frontières européennes pour faire réagir les Russes qui ne manqueront pas d’y répondre en y concentrant des troupes, résultat obtenu avec les manœuvres ZAPAD 2017.
Enfin, démontrer le machiavélisme de la nouvelle stratégie russe, trop subtile pour que l’Europe y comprenne quelque chose. Et c’est là que va apparaître la fameuse « Doctrine Gerasimov » qui fait le buzz dans les états-majors.
Valery Gerasimov, 63 ans est le chef d’état-major de l’armée russe. La prise de la Crimée en 2014 l’a rendu célèbre. C’est à lui qu’un cercle de néocons américain, dont Andrew Exum et l’ineffable Molly McKew, sans oublier le groupe Carlyle toujours en embuscade, attribue la paternité d’une nouvelle théorie de la guerre, dite « hybride » ou « non linéaire » (?) appellations dont l’hermétisme fait expert. Plus prosaïquement, Gerasimov, lui, se contente de parler de « guerre asymétrique ». De quoi s’agit-il ?
Sans intervention militaire directe, loin de débarquements, d’affrontements de masse et autres batailles rangées, l’idée est au contraire de détourner à des fins d’action subversive les réseaux sociaux, puis l’humanitaire et enfin, à partir d’une analyse systémique, d’utiliser les forces spéciales pour taper fort, rapidement et inopinément sur les nœuds sensibles de l’adversaire ainsi bien repérés. Pas de destructions à large spectre, mais des frappes soigneusement ciblées. S’appuyant sur les exemples de la Libye et de l’Ukraine, nos cadors de la stratégie nous l’expliquent dans un numéro du Financial Time de Moscou, avant de nous mettre en garde.
En Libye, par exemple, où une zone d’exclusion aérienne a été créée, un blocus maritime imposé, des entrepreneurs militaires privés ont été largement employés en étroite interaction avec les formations armées de l’opposition. Ainsi les zones d’exclusion aérienne présentées comme nécessaires aux interventions humanitaires et au maintien de la paix ont été aussi utilisées pour favoriser une partie des combattants.
Autre exemple : l’Ukraine. Tandis que le Service fédéral de sécurité (FSB), infiltrait l’appareil de sécurité ukrainien, le GRU organisait l’afflux de volontaires dont le fameux « Bataillon Vostok », considéré comme la plus forte unité des rebelles russophones de l’est ukrainien.
Pendant ce temps, les médias russes maintenaient une campagne incessante contre les agissements du gouvernement de Kiev tandis que des hackers russophiles attaquaient les banques et les sites gouvernementaux ukrainiens.
Pour les lobbyistes américains, Gerasimov est donc l’incarnation du super méchant, tirant partout les ficelles avec sa bande de hackers dont naturellement la prétendue manipulation de l’élection américaine affirmée comme une Vérité Révélée.
Le problème, c’est que la doctrine Gerasimov n’existe pas ! Cette « doctrine Gerasimov » se fonde sur un essai de 2013 où le chef d’état-major des forces armées de Russie, mentionnait différents types de guerre moderne, et analysait la façon dont l’Occident menait ses opérations, notamment en Libye. Les commentaires de Gerasimov ne portaient donc pas sur la doctrine stratégique russe, mais tout au contraire sur les scénarios développés par les Américains et l’OTAN, notamment en Libye et dans les pays du « Printemps Arabe ».
Tout au plus peut-on remarquer qu’il a su se les approprier lors de l’annexion de la Crimée. En fait, si l’on n’est pas subjugué par la boursoufflure de termes tels qu’« hybride » ou « non linéaire », la fameuse doctrine enfonce des portes ouvertes. Depuis Sun Sen et Machiavel, la guerre subversive ou contre-insurrection a été largement théorisée, qu’il s’agisse de Giap, de Galula ou de Petraeus. Lui intégrer aujourd’hui l’humanitaire et les réseaux sociaux relève donc de l’évidence.
Comme en leur temps les fameuses armes de destruction massive de Saddam, prétexte à l’envahissement de l’Irak et falsification grossière que tout le monde savait, mais qui permettait de justifier l’« Axe du Bien », la doctrine Gerasimov a été fabriquée de toutes pièces par les États-Unis. Ciblant les pays de l’Est européen encore mal remis du traumatisme de 50 ans de communisme, elle prétend augurer une montée des périls que seuls les USA seraient capables de contenir. Deux conditions : avant tout laisser tomber le développement de nos armements qui ne vaudraient rien, ensuite faire uniquement confiance à la qualité des techniques militaires « made in USA », incomparables en matière de destructions ciblées ou massives. Évidemment tout ceci a un coût. Mais quand on tue, on ne compte pas. Contribuables à vos portefeuilles.
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