Otan : un triple défi pour l’Europe
Par Michel Grimard, président du ROUE
Un choix est souvent déterminé par trois raisons. La conviction très rarement, la lâcheté assez fréquemment, l’intérêt très majoritairement. Le positionnement face à l’OTAN se retrouve dans ces trois critères. Les convaincus croient sincèrement à la protection de l’Alliance, quelle naïveté. Les lâches préfèrent laisser le fardeau financier aux États-Unis. Les intéressés veulent bénéficier des avantages, civils ou militaires, que leur offre l’OTAN.
Premier défi, l’utopie otanienne à assurer la sécurité de l’Europe. L’attitude du Président Donald Trump rend illusoire la protection de l’OTAN. Notre vulnérabilité est totale. Nous l’avons constatée, médusés, à travers la précarité de l’engagement réel des États-Unis, face à une agression extérieure. Versatile, déloyal et parjure de l’engagement de son pays dans l’Alliance atlantique, le Président a constamment évité d’affirmer la solidarité de Washington en cas d’attaque externe de l’Union européenne, de même que son expression concrète, l’application de l’article 5 de la Charte atlantique.
Ce comportement demeure à l’ordre du jour. S’il n’a pas annoncé le retrait de l’OTAN lors de son récent discours sur l’état de l’Union, des indiscrétions sur des propos tenus dans le bureau ovale, il y a peu de temps, montrent que la question reste d’actualité. Les déclarations de la Chancelière allemande, autrefois fidèle indéfectible de l’Alliance, sont édifiantes.
« Les temps où nous pouvions totalement nous reposer sur d’autres sont en partie révolus ». « Nous les Européens, nous devons vraiment prendre en main notre propre destin. »
Le dernier retrait des États-Unis, du Traité des Forces Nucléaires Intermédiaires (FNI), confirme une nouvelle fois leur désinvolture à l’égard de l’Europe. Au moins sur la forme, Washington ayant décidé seul, dans un premier temps. Sur le fond, l’accusation de viol du traité par la Russie ne s’avère pas limpide. En vérité, l’abandon de ce traité par les États-Unis et par voie de conséquence par la Russie ne peut les chagriner.
Handicapés face à la Chine qui développe des FNI, ils se libèrent de toute contrainte. L’Europe se retrouvant une fois de plus dans l’impasse. Dépourvue d’une défense qui lui soit propre, elle révèle son incapacité à se protéger et sa fragilité aux menaces extérieures. Au-delà du désaccord sur la portée des missiles, objet de la rupture, il faut remarquer que ceux dont la limite de 500 km est autorisée, peuvent frapper l’Europe en quelques minutes. Une armée indépendante doit naître de la volonté unanime des pays de l’Union européenne, sachant qu’elle en est l’indispensable garantie.
Deuxième défi, l’obstacle otanien à l’émergence d’une défense européenne. En se présentant comme la puissance militaire vitale pour l’Europe, l’OTAN veut affirmer l’inutilité d’une autre protection et marginaliser l’idée d’une défense européenne indépendante.
Or aujourd’hui, l’instabilité de l’Alliance fait courir un danger à l’Europe. Mais chaque tentative pour faire avancer la défense européenne, indispensable à la sécurité de notre continent, se heurte à tous les thuriféraires de l’OTAN qui la lui subordonnent. Il en va de même pour la Coopération Structurée Permanente (CSP), qui à leurs yeux, ne peut être que complémentaire du pilier américain. Toutes les déclarations vont dans ce sens, y compris celles du ministre des Affaires étrangères de notre pays.
Elles concourent, sans exception notoire, à renforcer la suprématie de l’Alliance. Les Européens sont conduits à se complaire dans la passivité et à rejeter la solidarité, moteur d’unité. Prétendre que l’OTAN, à la fois incertaine et sous tutelle des États-Unis, renforce la capacité militaire de l’Europe est pour le moins saugrenu. Malheureusement, malgré l’attitude de Donald Trump, l’Union européenne reste accrochée à l’Organisation et persiste à développer des projets avec elle, au détriment de l’armée européenne. Peu importe l’intitulé, armée européenne ou défense européenne, l’essentiel est que l’Union assume seule et dans l’unité, la protection de l’Europe.
Troisième défi, le danger otanien, d’une force que nous ne maîtrisons pas. Il réside dans les conflits où l’Europe peut être engagée, alors qu’ils lui sont étrangers, parfois même contraires à ses intérêts. C’est pour éviter d’être entraîné dans des aventures dommageables pour la France, mais favorables pour les États-Unis, que le Général de Gaulle s’était retiré du commandement militaire intégré de l’OTAN.
Depuis sa création, bien des événements sont intervenus, réduisant son utilité première, mais réorientant son rôle et définissant d’autres missions, qui sortent de sa vocation initiale, interventions en Libye ou en Afghanistan, notamment. Sans juger de l’intérêt de ses actions, c’est à l’Europe qu’il revient d’en décider, à condition qu’elle se dote de sa propre armée. On m’objectera que la décision d’engager l’OTAN est prise à l’unanimité. Les structures peuvent faire illusion, car le Comité militaire, l’instance militaire suprême de l’Alliance est majoritairement européenne. Seulement cette suprématie paraît toute théorique, tant il est vrai que depuis sa création les 18 commandants suprêmes des forces alliées en Europe sont américains (SACEUR) et pour faire bonne mesure, ils sont également commandants des forces des États-Unis en Europe (CINCEUR). Bien d’autres exemples pourraient venir étayer cette primauté de l’Amérique.
Quand, en octobre 2018, Donald Trump a annoncé qu’il voulait se retirer du traité relatif aux Forces Nucléaires Intermédiaires (FNI), les Européens n’y étaient pas, majoritairement, favorables. Il a pourtant suffi que le Secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, se rende en Europe et les sermonne, pour qu’ils se rangent, sagement, à la volonté du Président des États-Unis. Force est de constater que les discussions menées plus tard à Bruxelles le 25 janvier 2019, dans le cadre du Conseil Otan-Russie où figuraient les Européens, n’exprimaient qu’un dialogue américano-russe. Désormais, à l’inverse de sa vocation, l’OTAN nous fait courir des risques.
Pourquoi pointer du doigt le partenariat militaire russo-chinois. Sommes-nous si étrangers au phénomène ? Nos sanctions, devenues sans commune mesure avec les événements incriminés, comme la pression de l’OTAN sur la dangerosité de la Russie, sont autant d’éléments hostiles, qui devraient nous interroger. Malgré les déclarations de Donald Trump, notre obstination à considérer les États-Unis comme des protecteurs immuables et les Russes comme des ennemis potentiels rendait ce rapprochement inéluctable. La confiance renaîtra si l’Europe s’affirme souveraine. Mais sans défense autonome, l’Union européenne demeurera un leurre.
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