6 avril 2016

Erdogan jette de l’huile sur le feu face à l’Arménie

Par Thomas Ferrier

 

La guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour conserver le Haut-Karabagh, peuplé à une écrasante majorité d’Arméniens, a repris ces derniers jours, causant la mort de plusieurs centaines de personnes, combattants et non combattants. Dotée d’un armement russe dernier cri, l’armée arménienne tend à s’imposer sur le terrain, ce qui amène l’armée azérie à s’en prendre à des populations civiles, usant ainsi de l’arme des lâches.

C’est dans ce contexte que le président turc Recep Erdogan a ajouté de l’huile sur le feu, en apportant un soutien total à l’Azerbaïdjan, au nom de l’islamité turque. Ainsi a-t-il tenu à préciser qu’il souhaitait que « nos frères Azerbaïdjanais triomphent de ces combats avec le moins de pertes possibles » et même qu’il convenait de soutenir « l’Azerbaïdjan jusqu’au bout ». Ce soutien total du gouvernement turc, alors que pour le moment la Russie a conservé une attitude neutre, n’est pas un hasard.

Erdogan se sent en effet en position de force, avec des dirigeants d’Europe occidentale se traînant à ses pieds en échange de son bon vouloir afin de conserver les Syriens et autres migrants économiques musulmans sur son sol ; des Syriens qui n’auraient jamais quitté leur pays si Erdogan n’avait encouragé, avec la pathétique complicité, là encore, des dirigeants occidentaux, la rébellion islamique, et jusqu’à Daesh inclus, comme ne cessent de le répéter les medias russes, preuves à l’appui.

Le véritable scandale, c’est que ce soutien à un ennemi traditionnel du peuple arménien ne semble gêner personne à Paris ou à Berlin.

« Qui se souvient du massacre des Arméniens ? », disait jadis un dirigeant allemand de sinistre mémoire. Tous les vrais Européens l’ont pourtant bien à l’esprit. Une fois encore, face à un peuple frère, les dirigeants européens tournent le dos. Seules des nations d’Europe, la Russie ne tournera pourtant pas le sien bien longtemps, d’autant plus qu’elle a désormais un contentieux personnel avec la Turquie depuis qu’un de ses chasseurs a été abattu et son pilote massacré une fois au sol.

Cet exemple dévoile toute la duplicité du chef de l’État turc, même si depuis quelques mois il ne se cache même plus et avance jour après jour ses pions sans rencontrer de résistance. Il a ainsi pu réactiver la guerre au Kurdistan au moment où il sentait que son parti, l’AKP, fléchissait dans l’opinion, récupérant notamment à son profit des voix nationalistes issues du MHP (« Loups gris ») lui offrant une majorité au parlement.

L’Union Européenne va-t-elle enfin apprendre à lui parler la voix de la force, au lieu de n’avoir à son égard que des paroles de miel, malgré les outrances et les provocations permanentes de ce sinistre personnage ? On peut malheureusement en douter, tant qu’elle ne parlera pas d’une seule voix et qu’elle ne se sera pas dotée de véritables dirigeants. En attendant, l’arrogant Erdogan jubile. Mais l’Arménie tiendra bon. Et demain la Russie saura lui rendre la raison.

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