Barkhane, jusqu’où ?
« À bas la France ! », « Barkhane dégage ! », « Stop au génocide français au Mali ! »… Dans un précédent article, je pointais la difficulté pour nos 5000 soldats français de l’opération Barkhane de réussir à contrôler un territoire aussi étendu que l’Europe qui s’étend sur cinq pays, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.
En 2013, les troupes françaises arrivaient au Mali, accueillies par une foule en liesse. Aujourd’hui, notre action est de plus en plus critiquée par une partie de l’opinion. L’euphorie laisse place au doute sur l’issue de ce conflit et même à la suspicion. Les causes de ce revirement ? Elles sont quatre : déception, colère, amertume et soupçon.
Déception, car les Maliens qui avaient sûrement mythifié le pouvoir de nos troupes imaginaient que leur arrivée mettrait un coup d’arrêt rapide aux attaques djihadistes. Mais depuis deux ans la pression des rezzous mécanisés musulmans s’accentue contre les camps militaires maliens, les postes de gendarmerie et les villages. Actions éclairs menées en Toyota ou à motos, par des groupes puissamment armés. Ils frappent, tuent et disparaissent. Au Mali et au Burkina Faso, des dizaines de militaires et de civils sont tués chaque mois et des régions entières échappent désormais à l’autorité de l’État. Terrorisées les populations commencent à se demander si elles peuvent continuer d’avoir confiance en nous aux côtés de l’armée malienne ou si elles ne doivent pas commencer à composer avec les terroristes.
Colère, car ce sont surtout les soldats maliens qui se font tuer et qui apparaissent insuffisamment soutenus par les Français. Après ceux de Dioura et de Mondoro, l’attaque du camp militaire de Boulkessi fut psychologiquement catastrophique, car considéré comme l’un des plus sécurisés du pays, il était occupé par une centaine de commandos parachutistes placés sous le mandat de la Force conjointe du G5 Sahel. Les morts sont les militaires Maliens et les populations sont restées perplexes : comment les djihadistes ont-ils réussi à s’en emparer si facilement ?
Amertume également. De nombreux Sahéliens, dont Mahamadou Issoufou, le président nigérien, considèrent que la pénétration des djihadistes est la conséquence de la calamiteuse intervention militaire contre Mouammar Kadhafi, en Libye, en 2011. La suite était prévisible et ils reprochent aux Français de n’avoir jamais tenu compte de leurs mises en garde. Amertume également vis-à-vis de ce qu’ils considèrent comme du mépris. Au Mali, personne n’a oublié lors de la libération de Kidal, en 2013, que les soldats français sont entrés dans la ville sans aucun militaire malien à leurs côtés alors qu’ils avaient pourtant combattu courageusement et subi des pertes importantes.
Soupçons enfin. Cette guerre s’éternise. La multiplication des attaques et le manque de protection des soldats maliens, malgré la présence de ces forces internationales, engendre une suspicion généralisée de connivence entre Barkhane et les terroristes, explique Issa Ndiaye, politologue et professeur de philosophie à l’université de Bamako. Ainsi l’idée que la France maintiendrait volontairement une forme de chaos dans la région fait son chemin. Certains sont convaincus que si cette grande puissance occidentale, avec tous ses moyens militaires et technologiques, ne parvient pas à neutraliser quelques centaines de jihadistes, c’est qu’elle ne le veut pas vraiment.
Ce discours est relayé par des personnalités politiques ou publiques. En juin, Chériff Sy, le ministre burkinabé de la Défense, s’étonnait que la France n’ait pas réussi à « éradiquer cette bande de terroristes » et se demandait si elle n’avait pas « d’autres priorités ».
« Tout laisse à penser que la France coopère avec les groupes jihadistes pour rendre la zone instable et piller nos matières premières », renchérit Hervé Ouattara, le responsable burkinabé de l’association Urgences panafricanistes, présidée par Kémi Séba.
Soupçons contre lesquels Joël Meyer, l’ambassadeur de France au Mali s’insurge.
« Si la France est intervenue militairement au Mali – une intervention encadrée par un mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies –, c’est parce qu’il y a eu une demande d’assistance des autorités maliennes », insistait-il ainsi en juillet dernier dans un entretien accordé au journal L’Indépendant.
« Nous ne souhaitons pas rester indéfiniment au Mali et n’avons aucun intérêt à le faire, au-delà du devoir accompli ».
Avec les tueries d’Arbinda puis de Silgadji au Burkina Faso, puis de Sokolo au Mali, ces assurances ne convainquent pas les populations massacrées. L’Afrique semble grignotée par ces attaques qui se multiplient trop impunément, faute de pouvoir être contenues par des troupes manifestement insuffisantes et qui apparaissent impuissantes aux yeux des populations. Déçues des résultats contre des terroristes qui donnent l’impression de faire ce qu’ils veulent, elles sont de plus en plus réceptives au discours affirmant que la force Barkhane est impuissante et qu’elle n’est là que pour défendre des dirigeants corrompus au service des intérêts français.
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