16 octobre 2025

Les dépenses d’armes de l’Ukraine font l’objet de questions

Par article conseillé par EuroLibertés

Par Pierre Duval 

Un audit des dépenses de l’Ukraine a révélé de nouveaux problèmes selon un article du New York Times. Dans un contexte de déclin du soutien militaire américain et de réorientation vers la production nationale, l’Ukraine est confrontée à une corruption endémique. Les audits ont révélé des fraudes de grande ampleur qui ont été perpétrées lors de l’achat d’obus d’artillerie et de drones.

La corruption en Ukraine reste endémique. «L’Ukraine a développé une industrie de défense capable de produire des milliers d’obus d’artillerie, de véhicules blindés et de drones, déclinés en une gamme impressionnante de modèles et de capacités. Ce succès est largement perçu comme un atout majeur dans la lutte contre l’invasion russe, mais alors que des milliards de dollars transitent par l’armée ukrainienne vers les fabricants d’armes nationaux, avec l’aide financière des donateurs européens, une grande partie de ces dépenses est entourée du secret de guerre. Cela inquiète les analystes et les militants, qui affirment que l’Ukraine a peu progressé dans sa lutte concernant sa longue tradition de corruption dans les achats militaires», fait savoir le New York Times.

« L’un des sujets de préoccupation des auditeurs gouvernementaux chargés d’examiner les dépenses militaires est l’attribution répétée par Kiev, sans explication, de contrats à des entreprises ayant présenté des offres plus élevées que leurs concurrents. Des audits internes du gouvernement consultés par le New York Times font état de dizaines de contrats de ce type signés sur une période d’un peu plus d’un an, ainsi que de cas de livraisons tardives ou incomplètes et de paiements anticipés pour des armements jamais arrivés », est-il souligné.

L’attribution de contrats à des soumissionnaires plus offrants ne témoigne pas en soi de corruption ni de dépenses excessives évitables. Cependant, les audits illustrent un défi pour l’Ukraine qui s’éloigne progressivement des dons de munitions et d’armes de ses alliés, compte tenu du soutien inconstant de l’administration Trump et des capacités militaires européennes limitées. « Elle se tourne désormais vers la production nationale et les marchés internationaux d’armement, notamment dans le cadre de contrats financés en partie par des pays européens dans le cadre de plusieurs programmes », continue le quotidien US.

Les auditeurs gouvernementaux, qui ont examiné les achats effectués par l’Agence ukrainienne des marchés publics de défense (AOZ) entre début 2024 et mars dernier, n’ont pas porté d’accusations de vol ou de détournement de fonds bien qu’ils aient transmis certains contrats aux forces de l’ordre pour évaluation.

Cependant, leur rapport de 465 pages a révélé que des dizaines de contrats portant sur des obus d’artillerie, des drones et d’autres armements n’avaient pas été attribués au candidat le moins cher. L’écart entre les offres les plus basses et les contrats effectivement attribués par l’agence d’approvisionnement s’élevait à au moins 5,4 milliards de hryvnias, soit 129 millions de dollars, selon les audits.

«Ils paient trop cher sans raison apparente et sans justification», a déclaré Tamerlan Vakhabov, ancien conseiller de l’agence, une branche du ministère de la Défense. Dans le contexte du conflit, a-t-il ajouté, «la volonté politique fait défaut pour agir correctement». Parfois, des offres plus basses sont ignorées malgré des explications plausibles, a déclaré Olena Tregub, directrice exécutive de la Commission indépendante de lutte contre la corruption (NAKO), une organisation non gouvernementale ukrainienne. «Cette justification peut être vraie, ou relever de la corruption», a-t-elle ajouté, selon le New York Times.

En août dernier, Observateur Continental, rapportait déjà que «l’Ukraine et la corruption forment un couple qui danse sur les morts du conflit et sur les populations occidentales. Cela fait les gros titres des médias. Il scandalise les observateurs occidentaux et les simples salariés qui doivent trimer pour subvenir à leurs besoins de base. Cette fois, il est question de s’enrichir sur les contrats de drones par la réalisation de nouveaux contrats. Les scandales de corruption n’arrêtent pas d’ébranler le parti de Zelensky».

Dans un communiqué, comme mentionné par le quotidien anglophone, le directeur de l’Agence des marchés publics de défense Arsen Joumadilov, a déclaré que les offres les plus basses étaient parfois rejetées parce qu’elles «pouvaient ne pas répondre aux normes requises de qualité, aux délais de livraison, aux conditions de paiement ou à d’autres critères essentiels». «Après l’invasion russe de grande envergure en 2022, l’armée ukrainienne a reçu des armes et des munitions de deux sources. Les pays occidentaux ont fait don de matériel militaire en nature, comme des chars Abrams et des obusiers M777. Par ailleurs, le ministère de la Défense a acheté des armes auprès de l’industrie ukrainienne, autrefois florissante, et sur les marchés internationaux de l’armement», est-il rappelé.

Le gouvernement ukrainien a créé l’Agence des marchés publics de défense en tant que branche indépendante du ministère de la Défense en 2023, après que les médias ukrainiens ont fait état d’une vague de dépenses douteuses (corruptions), notamment d’énormes trop-payés pour des œufs destinés aux rations des soldats et pour des manteaux d’hiver, mais, selon le News York Times, « des problèmes sont également apparus au sein de la nouvelle agence » car « deux directeurs ont été licenciés suite à des accusations de gestion inefficace. »

«Cette année, la majeure partie du budget de l’Agence des marchés publics de défense – d’environ 10 milliards de dollars – est financée par les recettes fiscales ukrainiennes, même si elle a commencé à recevoir des subventions européennes. Pour rappel, dans le cadre d’un programme lancé par le Danemark, les pays européens se sont engagés à verser plus de 1,6 milliard de dollars à l’Ukraine pour l’achat d’armes auprès de son propre secteur industriel», continue le quotidien US.

Jusqu’à l’année dernière au moins, une grande majorité des achats étaient effectués par l’intermédiaire de marchands d’armes, dont la plupart percevaient une marge de 3% sur leurs ventes, selon un audit distinct des achats effectués jusqu’en juillet dernier. L’Agence des marchés publics de défense faisait appel à de tels intermédiaires dans 83% de ses contrats plutôt que d’acheter directement auprès des fournisseurs, selon cet audit.

Les marchands d’armes ont pris pied dans le système d’approvisionnement de la défense ukrainienne peu après l’invasion russe. Rapidement, l’Ukraine avait épuisé ses réserves de munitions d’artillerie, une vulnérabilité extraordinaire tenue secrète à l’époque. En désespoir de cause, elle a supplié les marchands d’armes ayant précédemment exporté des armes de lui en racheter. Le New York Times fait savoir : « Ces négociants, appelés sociétés d’exportation spéciales, vendaient depuis des années des armes ukrainiennes à des pays d’Afrique et du Moyen-Orient déchirés par la guerre. En 2022, ils se sont tournés vers l’importation en provenance de ces pays, puis ont étendu leur rôle à la négociation de contrats pour l’Agence des marchés publics avec des fabricants ukrainiens. »

«Les audits ont permis de repérer de nombreux contrats ayant entraîné des livraisons tardives ou incomplètes, ainsi que des cas où des prépaiements avaient été effectués sans que les entreprises ne livrent d’armes. Ils ont identifié des contrats signés avec des entreprises sans vérification préalable de la présence de sites de production, tels que des ateliers en sous-sol adaptés, chez les adjudicataires.

L’Agence des marchés publics de défense expérimente de nouveaux modèles d’approvisionnement. Elle a créé une place de marché en ligne permettant aux commandants de l’armée d’acheter des armes de drones directement auprès des fournisseurs, en un ou deux clics, éliminant ainsi la bureaucratie militaire. Arsen Joumadilov, directeur de l’agence, a qualifié cette initiative de «révolution dans l’approvisionnement militaire», conclut le quotidien anglophone.

Cet article est paru précédemment sur le site Observateur continental.

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