par Sophie Akl-Chedid
Le futur canal « Ben Gourion » est-il un des véritables enjeux de la guerre de Gaza ? Le 7 octobre, dans les heures qui ont suivi le déclenchement de l’opération terroriste « Déluge de Al Aqsa », le monde entier, et en premier lieu les israéliens, se sont interrogés sur la « faille incroyable » des services de renseignements de l’État hébreux qui a permis au Hamas de détruire plusieurs Kibboutz dans les environs immédiats de la Bande de Gaza, de massacrer plus d’un milliers de civils et de retourner « à la maison » avec un grand nombre d’otages.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait alors affirmé « ne pas avoir été averti des intentions de guerre du Hamas », affirmation immédiatement démentie par l’Égypte. Dimanche matin, il a présenté ses excuses pour avoir de nouveau renvoyé la responsabilité de l’attaque du Hamas à l’armée et aux renseignements. Ce rétropédalage a fait suite à une déclaration de l’ancien premier ministre Yaïr Lapid lors d’une conférence de presse tenue samedi soir et qui a affirmé avoir reçu des informations des services de renseignement dès fin septembre, tout comme monsieur Netanyahou : « A la veille de Yom Kippour, le 20 septembre, j’ai publié un avertissement contre une très possible flambée de violence simultanée sur plusieurs fronts. Les documents que j’ai examinés ont également été soumis à Netanyahou. Ceux qui ont fourni ces renseignements sont les mêmes membres des services de sécurité que Netanyahou accuse de ne pas l’avoir alerté. »
Une manipulation ?
Par ailleurs, on sait aujourd’hui que le Qatar finance le Hamas depuis des années, encouragé en cela par Netanyahou et les États-Unis pour se débarrasser de l’OLP. On peut conséquemment s’interroger sur les véritables enjeux de cette attaque. Le Hamas a-t-il été manipulé par ses « généreux donateurs » et ses « grands chefs » depuis Doha pour commettre l’innommable et ainsi justifier le nettoyage de Gaza ? Et dans quel but ? Pourquoi un impressionnant arsenal militaire des forces américaines s’est-il immédiatement déplacé sur la zone avec notamment le porte-avions d’attaque Eisenhower accompagné du plus grand porte-avions du monde, le USS Gerald R. Ford ? Si l’on prend en compte l’adage juridique qui dit « pas d’intérêt, pas d’action » et la localisation géostratégique de la Bande de Gaza, une hypothèse s’impose avec une acuité grandissante.
Le 18 juin 20023, le cabinet ministériel de Benjamin Netanyahou a approuvé un plan visant à exploiter un immense champs gazier estimé à 36 milliards mètres cubes de gaz naturel au large de Gaza, avec l’accord de l’Autorité Palestinienne et la participation de l’Égypte. Ce projet du « Champs marin de Gaza » fait partie d’un programme tripartite pour « le développement économique palestinien et le maintien de la sécurité et de la stabilité dans la région. »
Les participations au projet seraient réparties comme suit: 27.5% des parts pour le Fond d’Investissement palestinien, 27.5% pour Consolidated Contractors (Israël) et 45% pour le Egyptian Natural Gas Holding (EGAS). Le plan prévoit la construction d’un pipeline sous-marin pour transporter le gaz brut vers les raffineries égyptiennes. Le Hamas contrôlant Gaza depuis 2005, sa collaboration était également incontournable. Un article du Carnegie Endowment for International Peace, publié en mai 2023, affirme que l’attitude du Hamas envers Israël s’est sensiblement modifiée du fait d’un calcul cout/bénéfice en faveur des intérêts de la milice, « ce qui a permis à Israël de profiter d’un calme sécuritaire dans les régions proches de la Bande de Gaza tout en assurant au Hamas sa mainmise totale sur la Bande (…) Cette détente a également facilité les transferts de soutiens financiers au Hamas avec le plein accord d’Israël (…) »
Or, on sait que l’attaque du 7 octobre était minutieusement préparée au moins depuis un an, alors, le Hamas a-t-il simulé sa bonne volonté dans le seul but d’engranger un maximum d’argent et d’armes et d’affermir davantage encore son autorité dans la Bande de Gaza, estimant ne recevoir que des miettes du gâteau consenti à l’Autorité Palestinienne ?
Ou bien a-t-il subodoré le plan B qui le jetterai en dehors de l’échiquier ?
Un canal pour concurrencer le Canal de Suez
Le projet du « canal Ben Gourion », réactualisé par Israël depuis 2021, verra le jour au sud de la Bande de Gaza et vise à concurrencer le canal de Suez pour relier la mer Méditerranée à la mer Rouge, un jackpot d’environ 8 milliards de dollars par an.
Selon les plans existants, Israël creusera deux canaux indépendants pour assurer la fluidité des transports maritimes contrairement au Canal de Suez qui ne compte qu’une seule voie utilisée pour l’aller et le retour en alternance. De plus, l’Etat hébreux prévoit la création de centaines de petites villes touristiques tout au long du canal, avec des hôtels, des restaurants et des boîtes de nuit. Mais pour sécuriser le projet, la Bande de Gaza doit être à minima repoussée à l’ouest du canal, ce qui exige un prétexte d’ampleur quasiment biblique. De là à imaginer que Netanyahou ait fait la sourde oreille aux avertissements de l’Egypte et de ses propres services de renseignement sur la probabilité d’une attaque de grande envergure sur les villages israéliens limitrophes de Gaza, il n’y a qu’un pas….
Naturellement l’Égypte s’est opposée avec véhémence au projet « Ben Gourion » dont elle sera la première victime en perdant le monopole du transport maritime entre l’Asie et l’Europe, ainsi que son statut de tête de pont touristique vers l’Arabie Saoudite et son gigantesque projet de ville futuriste Neom, ville connectée d’une superficie de 26 000 km2 qui prendra naissance sur les bords de la Mer Rouge. Selon ses concepteurs, Neom reliera économiquement les pays arabes, l’Afrique, l’Asie, l’Europe et l’Amérique et devrait rapporter aux investisseurs plus de 500 milliards de dollars. Or, le projet Neom, fruit de la vision économique de Mohammad Ben Salman, le place au croisement des intérêts économiques communs sur la mer Rouge et préfigure de futures et nécessaires relations diplomatiques entre Riyad et Tel Aviv, même si les évènements en cours à Gaza retarderont probablement l’adhésion de l’Arabie aux accords d’Abraham, opinion publique oblige.
Il suffit d’ajouter à ces intérêts le projet présenté en juillet 2017 par le ministre israélien des Transports qui vise à créer un réseau ferroviaire transcontinental pour le Moyen-Orient reliant Israël aux États du Golfe à travers la Jordanie et l’Arabie saoudite pour s’interroger : face à ces projets titanesques impliquant des centaines de milliards de dollars, que pèse la vie des gazaouis ? Les « parrains » du Hamas recevront leur récompense, les morts seront enterrés puis oubliés, l’Autorité palestinienne, débarrassée du Hamas et du Djihad islamique, finira par accepter une solution à deux Etats qui enterrera défensivement la « cause » palestinienne.
Seule la réaction de l’Iran reste une inconnue.
Mais ce n’est qu’une hypothèse…
Article paru sur le site du Nouveau Présent.
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