Il y a 30 ans, le mur de Berlin tombait
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Il y a 30 ans, le soir du 9 novembre 1989, les autorités communistes de RDA annonçaient la levée de toutes les restrictions sur les voyages à l’étranger. La réaction des habitants de Berlin-Est fut immédiate : ils partirent à l’assaut de ce « mur de protection antifasciste », comme l’appelait le régime communiste, ou « mur de la honte », comme on le surnommait à l’Ouest. Et le mur tomba.
Erigé une nuit d’août 1961 pour mettre fin à l’exode vers l’Ouest des habitants de la RDA qui ne savaient visiblement pas apprécier les « bienfaits » d’un système socialiste pourtant occupé à construire l’avenir radieux du communisme, ce mur était le symbole de la séparation du Vieux Continent entre l’Est et l’Ouest, entre les dictatures socialistes de la sphère d’influence russo-soviétique et les démocraties libérales de la sphère d’influence américaine. « De Stettin [Szczecin, NDLR] sur la Baltique à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu sur le continent », avait remarqué le Britannique Winston Churchill dès 1946.
Quand le mur de Berlin tomba ce 9 novembre 1989, cela faisait déjà un peu plus de trois semaines que le secrétaire général du Parti et dirigeant de la RDA depuis 1976, Erich Honecker, avait été remplacé sous la pression des manifestations de rue et de l’exode massif de la population vers l’Allemagne de l’Ouest par la frontière entre la Hongrie et l’Autriche. Un an après la destitution du dictateur communiste, le 3 octobre 1990, Berlin devenait à nouveau la capitale d’une Allemagne réunifiée.
« Le mur de Berlin n’est qu’un symbole des changements en Europe. Ce n’est pas l’événement qui nous a donné la liberté », rappelait toutefois le cardinal Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire du pape Jean-Paul II, dans un entretien que nous avons organisé avec TVLibertés et le Visegrád Post fin octobre à Cracovie (entretien à voir sur le site de TVLibertés dans le cadre d’une série d’entretiens liés à l’anniversaire de la chute du mur de Berlin). Et en effet, la chute du mur était la conséquence logique d’une crise qui se développait en RDA depuis le printemps 1989 sous l’influence des événements en Pologne et en Hongrie ainsi que des tentatives de réforme de l’URSS par Mikhaïl Gorbatchev, le tout sur fond de faillite économique du système socialiste devenue criante depuis le début des années 80 dans tout le bloc de l’Est.
L’affaiblissement de l’Union soviétique
Constitués principalement autour des Eglises évangéliques et catholique, des mouvements de protestation tentèrent, à partir du mois de mai 1989 – date d’élections locales falsifiées, comme toutes les élections dans les républiques socialistes de l’Est – d’organiser des manifestations de rue. L’omniprésente Stasi, la police politique d’Allemagne de l’Est, faisait de moins en moins peur, et à partir de septembre 1989 ces manifestations régulières devinrent hebdomadaires et attirèrent de plus en plus de monde. Dès son arrivée au pouvoir en 1985, Gorbatchev avait signifié aux dirigeants des pays satellites « qu’ils ne doivent pas compter sur les chars soviétiques pour se maintenir au pouvoir », mettant ainsi officiellement fin à la doctrine Brejnev définie en 1968 lors du Printemps de Prague.
Or les partis marxistes-léninistes d’Europe de l’Est n’avaient dû leur arrivée et leur maintien au pouvoir qu’à la présence de l’Armée rouge à partir de 1945. « Le pouvoir communiste, c’étaient des collabos, des agents, ou des gens qui avaient trahi par opportunisme », estime Marian Charukiewicz, ancien capitaine de la SB, la police politique polonaise, que nous avons également interrogé en octobre avec l’équipe de TVLibertés et du Visegrád Post. Charukiewicz était un des deux officiers de la SB qui, dans les années 1970-1980, collaboraient en réalité avec les dissidents qu’ils étaient chargés de surveiller. Ainsi, l’affaiblissement de l’Union soviétique en raison de la faillite économique du système socialiste et l’embourbement de son armée en Afghanistan, en forçant des tentatives de réformes, a permis aux Polonais et aux Hongrois de réussir là où l’insurrection de Budapest et le Printemps de Prague avaient échoué en 1956 et 1968.
La Hongrie a progressivement démantelé sa dictature socialiste par le haut puisque la volonté de réformes venait du pouvoir communiste lui-même. En Pologne, le mouvement de réforme est venu du bas, c’est-à-dire sous la pression du syndicat Solidarité qui bénéficiait d’un soutien énorme au sein de la population. C’est l’appartenance massive des Polonais à ce premier syndicat indépendant, créé en 1980, ainsi que les sympathies dont il bénéficiait au sein même de l’appareil d’Etat, qui, parallèlement à la crise économique, forcèrent le pouvoir communiste à organiser des négociations en envisageant un partage du pouvoir qui allait se solder en 1989-1990 par la perte totale, au moins en théorie, de ce pouvoir par le Parti ouvrier unifié polonais (PZPR), le parti marxiste-léniniste aux commandes de la République populaire de Pologne.
Dix ans avant : le voyage du pape en Pologne
Mais c’est en 1979 qu’avait réellement commencé la chute de ce système déjà en crise depuis la fin des années 60. Avec le pèlerinage du pape polonais Jean-Paul II dans sa patrie, les catholiques polonais se sont comptés. Le cardinal Dziwisz, pour TVLibertés : « Cette visite a marqué le début de la marche vers la liberté. Plus exactement à partir de son homélie place de la Victoire à Varsovie, avec la prière “Que Ton Esprit vienne et renouvelle la face de la terre, de cette terre”. […] Ce voyage de 1979 a marqué le début de la libération des peuples soumis au communisme. […] Les communistes gouvernent par la soumission, par la peur. Les gens ont cessé d’avoir peur sous l’influence du Saint-Père. C’est ce qui a donné naissance à Solidarité. »
Avec le premier gouvernement dirigé par un opposant au régime communiste en Europe de l’Est à partir d’août 1989, le gouvernement de Tadeusz Mazowiecki en Pologne, et l’ouverture du rideau de fer entre la Hongrie et l’Autriche le même mois, les régimes socialistes d’Europe de l’Est tombèrent comme un château de cartes, quasiment sans effusion de sang (hormis en Roumanie), pendant ce qu’on appelle aujourd’hui « l’automne des peuples ».
Un autre évêque polonais, Mgr Marek Jędraszewski, archevêque de Cracovie (comme avant lui Mgr Dziwisz et, dans les années 1960-1970, Mgr Wojtyla, le futur pape Jean-Paul II), mettait toutefois en garde le 1er août dernier, dans une homélie prononcée à l’occasion des 75 ans de l’insurrection de Varsovie pendant laquelle les forces soviétiques avaient attendu pendant deux mois, de l’autre côté de la Vistule, en août 1944, le massacre de la résistance polonaise par les Allemands : « Par bonheur, la peste rouge ne foule plus nos terres. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’en existe pas une nouvelle qui cherche à conquérir nos âmes, nos cœurs et nos esprits. Elle n’est pas marxiste, pas bolchevique, mais née du même esprit, néomarxiste. Elle n’est pas rouge, mais arc-en-ciel. »
Car si le communisme est définitivement tombé en Europe de l’Est en 1989, le socialisme et le marxisme sont encore bien présents en Europe sous différentes formes, y compris sous la forme ô combien actuelle de l’antifascisme liberticide à l’image de ce « mur de protection antifasciste » qui coupa Berlin et l’Europe en deux pendant 28 ans.
Article publié dans les colonnes du quotidien Présent.
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