Le système politique néerlandais explose en vol
La presse du système a transformé la campagne en vue des élections législatives aux Pays-Bas en un affrontement entre deux hommes : le Premier ministre libéral de droite Mark Rutte (VVD), censé représenter la sagesse et la lutte contre les démons du « populisme », et le dirigeant du parti d’opposition patriotique anti-islamisation Geert Wilders, symbole désigné de ce « populisme » remettant en cause les fondements de la société. Mais cet affrontement sur un ring entre deux adversaires – à l’instar du Brexit (Oui-Non), des élections présidentielles aux États-Unis (Clinton-Trump), du deuxième tour des élections présidentielles en Autriche (écologiste-nationaliste) – n’en est pas un, car les scrutins néerlandais se déroulent à la proportionnelle.
Et ce qui devait arriver, arriva ! Les électeurs, de plus en plus déçus par les partis du système, ont déplacé leur vote vers d’autres formations politiques, en tous genres.
Le parti du Premier ministre, le VVD, chute et son partenaire de coalition gouvernementale, le parti travailliste PvdA, disparaît quasiment de l’échiquier politique. Le troisième pilier du système, le Parti chrétien-démocrate CDA remonte légèrement la pente suite à une cure d’opposition, mais reste à un niveau très bas par rapport à ses scores d’antan. Le VVD a bénéficié de la crise avec la Turquie et du fait qu’une partie des électeurs, ayant pressenti la possible ingouvernabilité du pays à l’issue du scrutin suite à la multiplicité des partis, se sont reportés sur la seule formation politique apparaissant comme pouvant obtenir un résultat appréciable en nombre de sièges.
Le PVV de Geert Wilders accroît son score et devient le deuxième parti du pays, mais n’atteint pas ses objectifs affichés. La forte participation électorale et le nombre important de partis d’opposition, parmi lesquelles deux autres formations patriotiques – Forum pour la Démocratie et VNL – en sont les principales raisons, ainsi probablement que le programme 100 % anti-islamisation du PVV qui peut effrayer une partie de l’électorat qui craint que les Pays-Bas, si le PVV prend part à un futur gouvernement, se retrouvent en indélicatesse avec de nombreux pays musulmans.
Une partie des électeurs de Geert Wilders veut mettre la pression sur les autres formations politiques, tout en ne désirant pas voir celui-ci appliquer ses idées. Ils attribuent en quelque sorte – au figuré – à Geert Wilders un rôle de bouffon du Roi devant être acerbe envers le Roi (le Premier ministre et les ministres, voire les politiciens du régime) tout en ne désirant pas voir le président du PVV prendre la place du Roi (devenir ministre ou Premier ministre).
Geert Wilders est cependant le vainqueur idéologique de ce scrutin, car il a placé ses sujets de prédilection au centre de la campagne et les partis de centre-droit VVD et CDA ont été contraints de proposer des mesures allant dans le sens de celles réclamées par le PVV, afin de couper l’herbe sous le pied à ce dernier (comme Nicolas Sarkozy l’a fait en 2007 avec Jean-Marie Le Pen lors de la présidentielle).
Face à cette situation (forte participation électorale, concurrence d’autres partis patriotiques, éparpillement des voix sur de nombreux partis, politique de la terre brûlée pratiquée par d’autres formations politiques à l’encontre de celle de Geert Wilders…), les résultats du PVV peuvent être considérés comme bons.
Le scrutin batave a confirmé un scénario en cours dans divers pays d’Europe occidentale. De nombreux électeurs sont déçus des partis du système et se réfugient dans l’abstention ou votent pour des partis d’opposition. Mais comme ces électeurs mécontents ne sont pas d’accord entre eux, leurs votes s’éparpillent sur divers partis aux programmes antagonistes, voire farfelus, et cela conduit à de plus en plus de difficultés à mettre en place un exécutif, mais aussi à gouverner car l’exécutif est souvent désormais constitué de partis aux idées fort peu convergentes. Le fait que la presse du système mette en avant la montée de partis soi-disant populistes a avant tout pour objectif de masquer la désagrégation du système politique perçu par les citoyens comme les représentant de moins en moins.
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Philippe Randa,
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