Référendum turc : La Turquie reste un défi posé aux Européens
par François de Maistre.
C’est au ralliement des bastions conservateurs d’Anatolie centrale et de la Mer Noire que le chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, doit sa courte victoire : 51,3 % des Turcs ont approuvé les 18 amendements transformant leur pays en République Présidentielle, après neuf décennies de régime parlementaire. La participation a été massive : plus de 86 % des 58 millions d’électeurs – Turcs de l’étranger y compris- ont voté. Cette mobilisation massive est à la hauteur des enjeux décrits par le pouvoir : le oui est un remède au terrorisme, aux coups d’Etat, aux crises politiques, aux ingérences étrangères et aux difficultés économiques ; tandis que l’opposition a insisté sur le péril du règne autoritaire et incontrôlé d’un seul homme. C’est une nouvelle page qui s’ouvre pour la relation tumultueuse entre la Turquie et l’Europe.
Erdogan : « Notre peuple va donner une leçon aux Européens : l’Europe va payer pour ce qu’elle a fait »
Samedi 15 Avril, la veille du vote, Recep Tayyip Erdogan avait prévenu : « Notre peuple va donner une leçon aux Européens qui ont voulu nous intimider durant les deux derniers mois par toutes sortes de méthodes hors la loi ». Le chef de l’État qui a obtenu l’approbation de son peuple, se faisait encore plus précis : « Nous allons donner une réponse à l’Allemagne, à l’Autriche, à la Belgique, à la Suisse et à la Suède ». Depuis plusieurs mois déjà, le président Turc s’est lancé dans une surenchère verbale contre l’Union Européenne pour mobiliser ses partisans. Elle laissera des traces de part et d’autre.
La Turquie reste un défi posé aux Européens
La dérive d’Erdogan est suivie avec inquiétude en Europe. Après la réforme constitutionnelle pour renforcer ses pouvoirs, le président envisage de réintroduire la peine de mort dans l’arsenal judiciaire. Pour les Européens, ce serait le point de rupture qui mettrait un terme aux négociations d’adhésion. Les Européens sont divisés face au problème turc. Le référendum s’est trouvé au centre des élections aux Pays-Bas en mars dernier. Certains pays, comme l’Autriche, réclament purement et simplement une rupture avec Ankara. Angela Merkel est plus réservée. Elle ne veut pas perdre le contact avec la Turquie qui « survivra à Erdogan », comme l’a rappelé Wolfgang Schäuble, le Ministre des Finances Allemand. Mais l’enjeu n’est pas que moral.
La Turquie est une pièce maîtresse dans le dispositif de l’OTAN
La Turquie joue un rôle majeur dans plusieurs dossiers clés de la guerre en Syrie à la crise des réfugiés en passant par les négociations de paix sur l’île de Chypre. La question migratoire est devenue l’enjeu d’un bras de fer entre le continent et Ankara. En mars 2016, la Turquie et l’Union Européenne ont conclu un accord pour tarir le flot de réfugiés qui déferlait vers le continent. Depuis, Recep Tayyip Erdogan menace régulièrement de rompre son engagement à contenir les migrants dans son pays.
Les diatribes du président Erdogan comme les soupçons d’espionnage turc sur le sol allemand ont placés Angela Merkel et les Européens sous pression. La chancelière allemande a été obligée de hausser le ton, alors que son opinion publique se raidit. Le 30 Octobre 1961, en plein « miracle économique », la RFA et la Turquie signait à Bad Godesberg une convention sur le recrutement de main d’œuvre. Aujourd’hui, ce sont 2 710 000 personnes qui composent la communauté turque vivant en Allemagne, principalement dans l’ouest : Rhénanie du Nord, Westphalie, Bade-Wurtemberg et Bavière au sud.
L’allié d’Erdogan, le leader du MHP (Parti d’action nationaliste), Devlet Bahçeli, a lui aussi salué « une victoire très importante, incontestable ». La formation ultranationaliste a coécrit le projet avec l’AKP, le Parti de la justice et du développement d’Erdogan (en turc : Adalet ve Kalkinma Partisi).
Le Chef du Gouvernement, Binali Yildrim, a exhibé dans un meeting le signe de main des Loups Gris, les Ultra-nationalistes turcs…
Article paru sur le site Lengadoc Info.
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