16 mai 2024

Nouvelle- Calédonie : la  partition, c’est  une solution !

Par Jean-Claude Rolinat

Les plus graves émeutes depuis quarante ans viennent d’endeuiller la « Grande Terre », une île magnifique qui offre à la France un splendide « porte-avions » dans le Pacifique, et contribue à lui donner le deuxième plus grand domaine maritime mondial. Une partie des Canaques du FLNKS – le « Front national de libération Kanak », un conglomérat de mouvements séparatistes autochtones –, vient d’agresser son propre territoire, incendiant ici ou là établissements publics ou commerciaux, pillant habitations comme supermarchés, ouvrant même le feu sur les forces de l’ordre, qui enregistrent à l’heure où ces lignes sont écrites, deux morts dans les rangs de la gendarmerie, et un grand nombre de blessés. On n’avait pas vu une telle insurrection depuis les évènements de 1988 (1)  qui aboutirent aux accords de Matignon mettant un terme, provisoire, à l’affrontement politico social entre Caldoches et Canaques. Il faut dire que l’archipel vit sous le régime d’un fragile compromis, réunissant sous le même toit du palais du Congrès territorial à Nouméa, élus séparatistes et loyalistes. Comme tous les compromis, celui-ci ne donne une totale satisfaction à aucune des parties. Pourtant, tout en restant juridiquement au sein de la République française, la Nouvelle-Calédonie dispose d’un très large statut d’autonomie, avec son hymne et ses propres emblèmes. Seules la défense, la monnaie et la politique étrangère sont absentes de ses compétences. Cycliquement – on en est au troisième ! -, un référendum d’autodétermination doit faire émerger une tendance dominante. À chaque fois, c’est la solution du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République qui l’emporte, au grand dam d’indépendantistes  rêvant d’une Kanaky indépendante qui rejoindrait la cohorte de micro États surnageant dans le Pacifique, tous étant, plus ou moins, les obligés d’une grande puissance : États-Unis, Chine ou Australie. Si Taïwan se fait mettre à la porte par certains, sa grande sœur continentale regarde avec intérêt  cette poussière d’îles, à commencer par notre « Grande Terre » et ses ressources en nickel, mais pas que. Cette ressource, dont toutefois les cours se sont affaissés – provisoirement ? -, fait de l’île le deuxième pourvoyeur mondial. Elle est essentielle, notamment pour les batteries de véhicules électriques. Et nombreux sont ceux qui lorgnent sur la Nouvelle-Calédonie, cet « Eldorado » dont la France ne peut pas et ne doit pas se priver.

Les raisons de la colère

L’élargissement du corps électoral  aux personnes  qui ne votaient jusqu’ici qu’aux seules élections nationales compte-tenu de leur faible temps de résidence, a été le prétexte  aux plus graves débordements depuis l’insurrection des insulaires autochtones en 1988. L’amendement constitutionnel élargissant les listes électorales à 25 000 nouveaux inscrits, a été adopté à l’Assemblée nationale dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 mai, par 351 voix contre 153. À la même heure, Nouméa s’embrasait. Pour protéger leurs demeures et leurs familles, des « caldoches » – pour faire court le « colonat » blanc, mais pas que -, ont, eux aussi, érigés des barricades de fortune, et se sont armés. On peut les comprendre devant la violence et la sauvagerie des jeunes indépendantistes, chauffés à blanc par leurs dirigeants, avant que ces derniers, comme les leaders des partis loyalistes n’appellent au retour au calme. Le gouvernement français, devant cette explosion de violence, a décrété l’état d’urgence et dépêché par la voie des airs 500 hommes afin de renforcer les 1800 policiers et gendarmes qui se trouvent sur place, effectif bien faible pour contrôler 19 000 km².

Référendum, vous avez dit référendum ?

Déjà, pour calmer la situation, le gouvernement Rocard avait  signé les accords de Matignon en 1988, puis ses successeurs avaient paraphé ceux de Nouméa dix ans plus tard, conduisant progressivement les institutions locales à plus d’autonomie sans toutefois, conduire à l’indépendance. Trois référendums ont sanctionné, cycliquement, le refus d’une majorité des habitants à ce choix qui serait funeste pour le destin commun  de l’île et de la France. On le sait, les « vautours » guettent leur proie, et même l’Azerbaïdjan dont on ne peut pas dire que la Calédonie soit dans l’aire d’influence ( !), souffle sur les braises en envoyant dans l’île des « journalistes » pour conseiller les partis membres de la coalition du FNLKS. D’ailleurs, dans les rangs des émeutiers, à côté des drapeaux de la « Kanaky », on a vu émerger des pavillons azéris. La réponse « du berger à la bergère », après que Macron ait décidé – à juste titre -, d’aider, un peu, militairement, l’Arménie ?

Pour la troisième fois, après les consultations de 2018, et 2020 – toujours négatives pour les séparatistes-, le 12 décembre 2021  le corps électoral se prononçait à 96 % des participants contre l’indépendance. Le front canaque ou « kanak » – majoritaire d’un seul siège au Congrès et dans l’exécutif local – avait appelé non sans succès, au boycott. Une fois de plus, une majorité d’électeurs  s’était dessinée pour refuser la sécession, l’incertaine aventure vers les mirages de l’indépendance. En l’absence massive des électeurs canaques, la majorité loyaliste ne faisait aucun doute, le précédent référendum du 4 octobre 2020 ayant repoussé l’indépendance par 53 % de « non ». Convoquera-t-on le corps électoral jusqu’à ce que, enfin, il accepte que l’île quitte la République ?

L’impossibilité de « faire nation »

Comme en métropole – à l’inverse par exemple, de la Martinique ou de la Réunion, où le sentiment « français » est encore fort –, les communautés vivent côte à côte, avant d’être face à face, comme le disait feu Gérard Collomb, ancien maire de Lyon et ministre macroniste de l’Intérieur. Alors, que faire ? Il faut prendre en compte la carte électorale. La province du nord et celle des îles Loyauté, la mal nommée, sont aux mains d’exécutifs locaux indépendantistes. Celle du Sud, la plus peuplée, est gouvernée par une majorité loyaliste. La population globale de l’île se répartit, schématiquement, en trois catégories : les tribus Canaques, qui ne parlent pas toutes les mêmes idiomes ! – environ 40 %  sont, incontestablement, les authentiques peuples premiers -, les Européens- les « Caldoches »-, et les Polynésiens et autres Indonésiens, se répartissant les 60 % restants. (Sans oublier dans ce dernier pourcentage, une part de métis, issus de toutes ces catégories ethniques.) Nouméa, la métropole – une bonne centaine de milliers de citadins -, avec son kiosque à musique au toit rouge, place des Cocotiers, a tout de même un petit air de préfecture bien française, où les boulangers pétrissent le pain « comme chez nous », et servent des croissants tout chauds le matin…

Le nord et les îles, ultra majoritairement peuplées de Mélanésiens, pourraient constituer l’embryon de Kanaky indépendante, en coopération économique et financière avec la province du sud, qui pourrait accéder au statut de département d’outre-mer. Chacun y trouverait son compte. Il faudrait, toutefois, négocier le statut des « broussards » de la province nord, qui pratiquent l’élevage comme des « cow-boys du bout du monde », et celui des Canaques « séparatistes » qui désireraient rester au sud. Et aussi trouver un compromis pour le nickel, la richesse à partager. Une union économique et monétaire entre les deux entités serait indispensable pour le « bien vivre » de tout le monde, car il ne faut pas oublier que la plupart des produits de première nécessité ou de consommation courante est importée. En plus, la France devrait s’assurer que la Kanaky indépendante, devenue sa voisine, n’accueille pas sur son sol, une puissance hostile. D’où l’intérêt de lier à cette affaire les deux puissances « blanches » du secteur, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, depuis que nous avons renoué avec cette dernière des relations normales, apaisées bien après l’affaire du Rainbow Warrior de juillet 1985…

On le voit, la piste est étroite et semée d’embûches pour conduire à la clôture définitive de ce dossier. Les Canaques, à juste titre, craignent d’être minoritaires « chez eux ». On peut comprendre ce sentiment, nous autres métropolitains qui, de jour en jour, sommes submergés par des populations exotiques entrées illégalement sur notre territoire, dont le pouvoir parisien est incapable de maîtriser les flux. Cette peur du « Grand remplacement » – honorable dans l’hémisphère sud, condamné par les « bonnes âmes  progressistes» dans l’hémisphère nord !-, peut être jugulée. Donnons aux Canaques un « os à ronger »(2), une indépendance sur les deux-tiers du territoire, en coopération avec le dernier tiers restant, lui, français sous le statut de DOM. (3). Cette solution de la partition, déjà évoquée il y a de lointaines années par le grand écrivain ADG – alias Alain Fournier, hélas disparu-, qui avait fait souche là-bas, est peut-être une chance. Pensons à un exemple négatif, celui des Afrikaners d’Afrique du sud qui, à vouloir tout garder, ont tout perdu ! Pourquoi ne pas évoquer cette alternative entre le « tout ou rien » ?

Notes

  • La gendarmerie de Fayoué avait été attaquée par les Canaques : 5 des nôtres étaient morts. Un sobre monument érigé à Dumbéa, commémore le sacrifice de ces hommes tombés au service de l’É Ensuite, une prise d’otages, qui s’est mal terminée – « affaire de la grotte d’Ouvéa » -, ensanglantait encore l’archipel : 19 Canaques, 14 otages et deux militaires trouvaient la mort au cours de l’assaut lancé le 5 mai.
  • Sans jeu de mots aucun, rappelons tout de même que c’est la France qui mit un terme au cannibalisme que pratiquaient, encore, certaines tribus primitives au XIX ème siècle, lorsque notre pays s’installa sur ces terres oubliées, pour ouvrir un…bagne ! (Lire à ce sujet le merveilleux roman d’ADG, « Le Grand Sud », édité chez Jean-Claude Lattès en 1987.)
  • DOM, ou Département d’Outre-Mer.

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