Noir c’est noir : héritiers, je vous hais !
Entretien Philippe Randa, écrivain, chroniqueur politique et directeur du site de la réinformation européenne EuroLibertés.
Propos recueillis par Guirec Sèvres, publiés sur le site Synthèse nationale
Que vous inspire la zizanie chez les héritiers Hallyday ?
Tout d’abord, c’est une affaire strictement familiale qui aurait dû le rester ; en quoi le cupide crêpage de chignon d’une famille trois fois recomposée concerne-t-il le domaine public ? Les journalistes, qui en font toujours tellement avec la supposée déontologie de leur profession, brocardent pourtant allégrement celle-ci pour une basse question d’audience… Autrefois, ce type de déballage relevant du seul voyeurisme était cantonné à une presse spécialisée qu’on appelait avec mépris « la presse à scandale »… Aujourd’hui, toute la presse est devenue « à scandale »… Et certains journalistes, bien sûr, n’hésitent pas à brandir leur fameux slogan du « droit à l’information » du public. Imposture et médiocrité, voilà ce que cela m’inspire, à titre personnel.
Certains en profitent pour affirmer que souvent les héritages divisent, provoquent des drames et qu’au fond, ils contreviennent à la Déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » ; qu’en pensez-vous vous-mêmes ?
Que cette Déclaration universelle des droits de l’homme, dont l’époque actuelle fait tellement de cas, est généralement diversement interprétée par les uns ou par les autres en fonction d’intérêts le plus souvent strictement personnels… Pour ma part, si je la prends en considération, je n’en fais pas pour autant l’alpha et l’oméga obligatoire de la condition humaine. Quant à la notion d’héritage, la grande majorité des gens, toutes classes sociales confondues, considère généralement l’héritage, non seulement comme parfaitement naturel, mais surtout exempt de toute réprobation. Si la richesse de quelqu’un vient d’un héritage familial, personne ne le lui reprochera, considérant qu’il a bien de la chance et qu’on aimerait bien en avoir soi-même ; de même, si sa richesse provient d’un gain au loto, par exemple : personne ne lui en tiendra rigueur… Mais un homme très riche qui doit sa réussite financière à son seul travail, à sa seule intelligence, suscitera bien souvent l’aigreur chez ses contemporains ; il n’est pas rare alors que jaillissent à son propos des suspicions acides : il n’aura pas été un remarquable travailleur, mais un odieux exploiteur du labeur d’autrui ; il n’aura pas été malin, ses escroqueries supposées n’auront pu être prouvées, etc. Et pour les complotistes, sa réussite ne pourra qu’être la preuve de son appartenance à quelque société secrète, qui en douterait ?
Personnellement, que pensez-vous du droit à l’héritage ?
Ce n’est ni un droit, ni un devoir, c’est naturel… Quel parent, digne de ce nom, ne voudrait pas transmettre un héritage à ses proches ? Je soupçonne fortement ceux qui y voient malice d’être particulièrement égoïstes et de vouloir profiter eux et eux seuls de ce qu’ils ont acquis (ou reçus, ce qui ne les gênerait nullement !) en se donnant bonne conscience vis-à-vis de leurs héritiers légitimes. Mais on songe toujours à l’héritage sonnant et trébuchant, alors que le premier héritage qu’on doit transmettre à ses proches, se fait d’abord et principalement de son vivant : son affection, son exemplarité, son devoir de transmission d’une éthique de vie, sa protection éventuellement… Dans le cas de la famille Hallyday qui défraie la chronique actuellement, personne ne fait remarquer qu’elle s’agite dans la fange parce que le responsable de ce désastre humain n’est plus de ce monde… Favoriser certains de ses enfants, pourquoi pas ! Cela peut avoir une explication parfaitement honorable. Encore faut-il, de son vivant, en fournir la raison à tous les intéressés et prendre ses dispositions pour ne laisser planer aucune discussion ensuite.
Johnny Hallyday n’en a peut-être pas eu le temps…
Que l’on sache, il n’est pas décédé brutalement, mais d’une longue maladie… qui lui a laissé le temps d’établir 3 ou 4 testaments différents ! Comme quoi, il n’y a pas que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ; les bêtes de scène également.
Philippe Randa vient de publier Une démocratie hors de prix (éditions Dualpha, préface d’Aristice Leucate, 172 pages, 23 euros).
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