Mais au fait pourquoi l’OTAN ?
Les analystes de l’OTAN écrivaient en 1991 : « Moscou ne manquerait pas de considérer comme une provocation intolérable toute tentative de repousser la frontière de l’OTAN jusqu’à la Bug – ce qui aurait pour effet de renforcer la position du camp des réactionnaires en Union soviétique » (https://www.nato.int/docu/revue/1991/9102-03.htm).
Il semble d’évidence à l’heure des événements que l’OTAN se justifie plus que jamais. Mais qu’est ce qui justifiait son existence après la fin de la guerre froide ?
Retour en arrière : chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. Comment réunifier deux Allemagne dont l’une adhère à l’OTAN, l’autre au pacte de Varsovie ? À terme, ce pacte de Varsovie qui plaçait RDA, Pologne, Hongrie, pays Baltes, Tchécoslovaquie et Roumanie sous la tutelle soviétique et l’OTAN conçue sous le parapluie nucléaire américain devenaient sans objet. Vaclav Havel l’ancien dissident alors président de la Tchécoslovaquie, appelle à la suppression des deux. Le 25 février 1991 à Budapest, le pacte de Varsovie est dissous. Mais… pas l’OTAN ! Trop d’intérêts sont en jeu. L’OTAN, c’est un fantastique débouché pour la vente d’armements.
« L’UE ne doit pas se substituer à l’Otan et ne doit pas fermer ses marchés de défense aux Américains » (Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN).
Bush fonce à Prague. Mais à peine Havel rappelé à l’ordre, voilà Genscher, ministre allemand des affaires étrangères qui propose de substituer à l’OTAN un organisme de défense proprement européen : L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, anciennement « Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe » (CSCE). James Baker secrétaire d’État de l’administration Bush, affirme dans un mémorandum en 9 points que ça tombe bien puisque le plus cher désir des États Unis est justement de faire de la CSCE une institution permanente ! Mais comme tout ça mérite d’être un peu retravaillé, pourquoi ne pas profiter de l’OTAN en attendant ? Gagné ! Les Européens de l’Ouest se rangent à cette option.
Donc, pas question de supprimer l’OTAN, mais, on ne l’étendra pas. Principe arrêté le 10 février 1990 à Moscou entre Kohl, chancelier d’Allemagne de l’Ouest et Gorbatchev secrétaire général du parti communiste de l’URSS : il accepte la réunification allemande, mais en contrepartie pas d’extension de l’OTAN.
Douglas Hurd, ministre anglais des affaires étrangères affirme à son homologue soviétique, Alexander Bessmertnykh, le 26 mars 1991 : « L’OTAN n’a aucunement l’intention d’inclure la Pologne, la Roumanie, la Hongrie ou la Tchécoslovaquie ». Le Premier ministre britannique John Major assure : « Nous ne renforcerons pas l’OTAN ! »
Conséquence du conflit yougoslave de 1991 à 2001, dès 1997, Pologne, Tchéquie et Hongrie rejoignent l’OTAN. La reconnaissance du Kosovo, vieux pays serbe, rendra furieux Poutine, et l’incitera à réarmer, ce qui était très précisément l’objectif recherché par les États-Unis et incitera 13 États européens à rejoindre l’OTAN, encerclant aujourd’hui la Russie. Le 11 décembre 2016, 25 états de l’Union Européenne approuvent le lancement du fonds européen de défense. En réponse, le secrétaire à la Défense américain, Jim Mattis déclare en janvier « la défense commune est une mission pour l’Otan et pour l’Otan seule ». Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan renchérit : « l’UE ne doit pas se substituer à l’Otan et ne doit pas fermer ses marchés de défense aux Américains »
En 2019 un commandement OTAN supplémentaire a été installé à Ulm, en Allemagne. La 3e brigade blindée des forces armées américaines en Pologne devait être remplacée par la 2e brigade blindée, mais les deux sont restées, violant les accords Russie-OTAN signés en 1997
Selon l’ancien directeur de la CIA, Robert Gates, « il était nécessaire de poursuivre l’expansion de l’OTAN vers l’est. »
Analysons les budgets militaires : (Sources : SIPRI, Institut international de recherche sur la paix de Stockholm) Sur dix ans et en milliards de dollars, celui des USA n’a jamais été inférieur à 600 Mds.
Pour la Russie, c’est en moyenne dix fois moins : 70 Mds en 2016 ; 66 Mds en 2017 et 51 Mds en 2018. Les dépenses militaires russes diminuent tandis que celles des États-Unis augmentent de 7 % jusqu’à représenter douze fois celles de la Russie. Selon IHS Markit, cabinet d’analyse financière des entreprises de défense, les dépenses militaires françaises ont dépassé le budget de défense russe en 2017 et 2018. En 2019, le budget militaire US est passé à 732 milliards de dollars ; celui de la Russie à 65 milliards. Les grandes entreprises américaines d’armement ont réalisé pas moins de 54 % de toutes les ventes d’armes du monde en 2020. Les journalistes le taisent, trop attachés à la promotion des intérêts américains sous l’influence de certaines fondations très active auprès des médias comme « Young Leaders », (Jeunes leaders), créée en 1976 pour promouvoir l’amitié entre les États-Unis et la France.
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