6 février 2021

Amazon go home !

Par Philippe Randa

Si les confinements imposés l’année dernière aux Français ont sans nul doute profité au géant américain de la vente par correspondance Amazon, ils n’ont pas manqué également d’attirer l’attention sur sa face obscure.

Les manifestations d’opposants à l’implantation de ses nouveaux sites se sont ainsi multipliés, comme en novembre dernier, devant la préfecture du Haut-Rhin contre son projet d’ouverture d’un entrepôt à Ensisheim. Une commission devait rendre un avis ce jour-là. Réunion annulée.

« Officiellement pour raison sanitaire, mais probablement aussi à cause de notre pression et de la fronde des commerçants contre le reconfinement, qui commencent à se rendre compte du mal que leur causent les plates-formes d’e-commerce », expliquait alors Pascal Lacombe, porte-parole du Chaudron des alternatives, un des collectifs mobilisés.

Samedi 30 janvier, ce sont à nouveau des centaines d’opposants qui se sont rassemblés dans plusieurs villes de France contre des implantations annoncées du géant US, dénonçant « le fait qu’Amazon détruise plus d’emplois qu’il n’en crée et qu’il s’agit d’emplois précaires qui rendent malades, notamment en termes de troubles musculo-squeletiques », a accusé Sophie Jallier, porte-parole du collectif à l’initiative d’un rassemblement à Carquefou, dans la banlieue de Nantes ; de son côté, Isabelle Schaeffer, membre de l’association Réseau urgence climatique et sociale sud Alsace (Rucssa) déclarait : « Aujourd’hui, nous dénonçons un système économique à bout de souffle et qui use la planète. Cela nous impose de modifier nos manières de vivre et de réfléchir à des fonctionnements plus résilients. »

Étrangement, un argument n’est jamais soulevé par les opposants à Amazon : celui de sa volonté clairement affichée d’arriver sur internet à un quasi-monopole de la diffusion… Et qui dit monopole, dit bien évidemment l’interdiction de tout « article » dont Amazon jugerait les « valeurs » contraires aux siennes.

Ce n’est donc pas seulement pour des raisons économiques, écologiques ou humaines qu’il est nécessaire de s’opposer à ce monstre venu d’outre-atlantique, mais surtout, avant tout et peut-être même principalement pour préserver la simple liberté d’expression.

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