26 avril 2016

Le langage technique et argotique des « forces spéciales »

Par Fabrice Dutilleul

« Jusqu’à présent, aucun dictionnaire bilingue (français-anglais)
n’a levé le voile sur le langage technique et argotique
en usage au sein des « forces spéciales »
des deux côtés de l’Atlantique »

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rédiger un tel ouvrage bilingue ?

Si nous sommes en guerre, comme on nous l’assure, il est de notre devoir de tenir compte de ce constat des plus inquiétants et de connaître les outils dont nous disposons afin de contrer ce péril islamiste.

Une évidence géopolitique d’abord : plus de 60 000 membres de troupes d’élite alliées sont en première ligne sur divers fronts au Moyen-Orient depuis une quinzaine d’années. Or, ces nombreuses opérations militaires restent marquées sous le sceau de la plus stricte confidentialité. Afin de combattre ce terrorisme mondialisé, on assiste non seulement à une intensification des raids aériens menés par une coalition occidentale, mais également à la montée en puissance de raids commandos alliés. Bien que le mythe de ces redoutables « forces spéciales », capables de porter le fer au sein de l’ennemi, fasse la une des quotidiens, le public sait fort peu de choses sur ces mystérieux « guerriers de l’ombre ». Jusqu’à présent, aucun dictionnaire bilingue (français-anglais) n’a levé le voile sur le langage technique et argotique en usage au sein des « forces spéciales » des deux côtés de l’Atlantique.

 

Quelles ont été vos sources ?

Essentiellement de deux ordres :

  • Sources livresques : face au péril croissant que constitue Daech, fort de quelque 25 000 combattants fanatisés auxquels il faut ajouter environ 6 000 islamistes en Libye provenant du Tchad, du Niger, du Soudan et de Tunisie s’est dressée une coalition arabo-occidentale dans laquelle évoluent diverses « forces spéciales » qui jouent un rôle déterminant en mutualisant leurs expériences et leur savoir-faire respectifs. En particulier d’ex-commandos britanniques (Special Air Service et Special Boat Service) et américains (US Army Rangers, Delta Force et US Navy SEALs) relatent dans des récits auto-biographiques leur entrainement, ainsi que certaines de leurs missions périlleuses avec force détails concernant aussi bien leur équipement ultra moderne que leur audacieuses techniques opérationnelles. Ces membres d’unités d’élite impressionnent le lecteur par leur extraordinaire polyvalence : ne sont-ils pas souvent à la fois experts en arts martiaux, tireurs de haute précision, chuteurs opérationnels, voire nageurs de combat ? De plus, en qualité d’officier de réserve interprète et du chiffre, j’ai conservé des liens avec des camarades en activité qui m’ont aidé au cours de mes recherches linguistiques. Enfin, je continue à m’intéresser à des questions militaires depuis plusieurs années comme l’attestent mes précédentes publications bilingues : Dictionnaire de la Police et de la Pègre (1990), Dictionnaire du Renseignement et de l’Espionnage (2000), Dictionnaire des Armes Légères et de Balistique (2009).
  • Sources cinématographiques : Bien que moins enrichissant sur le plan linguistique, le cinéma n’en demeure pas moins un complément visuel et sonore non négligeable pour le spectateur attentif. À cet égard, le cinéma américain nous a déjà offert d’authentiques chefs-d’œuvre comme Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979), The Deer Hunter (Michael Cimino, 1979), et Platoon (Oliver Stone, 1985).

Plus récemment, un film comme Navy Seals (Les Meilleurs, Lewis League, 1990) nous révèle certains codes de cette élite des nageurs de combat américains. En 2001, le réalisateur Ridley Scott fut le premier à nous présenter les forces spéciales américaines en action dans La Chute du faucon noir lors du tragique fiasco en Somalie. Un second film constitue un quasi-documentaire sur la traque et la « neutralisation » de Ben Laden par les Navy SEALs au Pakistan (Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow, 2012). Enfin, American Sniper (Clint Eastwood, 2015) relate l’histoire tragique d’un tireur de haute précision qui s’est distingué sur plusieurs fronts.

Le cinéma français a finalement comblé son retard sur Hollywood dans le genre des films de guerre en 2011 avec Forces spéciales (mis en scène par Stéphane Rybojal). Il s’agit d’un film sérieusement documenté sur les techniques opérationnelles de ce cercle très fermé que constituent les troupes d’élite françaises (membres du C.O.S.). Le tournage fut éprouvant (6 semaines dans les montagnes du Pamir et 4 semaines à Djibouti) pour les acteurs formés et encadrés par deux commandos marine qui assuraient leur protection dans ces zones dangereuses.

 

À quel public votre dictionnaire s’adresse-t-il ?

Ce Dictionnaire des Forces Spéciales (français-anglais/anglais-français) vient à son heure en se destinant à un éventail varié d’usagers : traducteurs (récits de guerre) ; adaptateurs cinématographiques (doublage et sous-titrage de films étrangers) ; spectateurs et téléspectateurs curieux de suivre et de savourer le dialogue d’un film de guerre en version originale ; lecteurs de récits de commandos désireux de les apprécier dans leur langue d’origine.

 

Dictionnaire des Forces Spéciales, de Jean-Paul Brunet, 286 pages, 27 euros, éditions Dualpha, collection « Patrimoine des Lettres », dirigée par Philippe Randa. Pour commander, cliquer ici.

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