À sauts et à gambades : Cauda & Pichon, le Lagarde & Michard de la vacherie
Qu’est-ce qu’un recueil de chroniques littéraires ? Une suite de textes qui respirent l’air du temps selon l’humeur flaireuse d’un écrivain. Les pages, improvisées au jour le jour, saisissent l’instantané pour s’éprouver à lui, rassembler ce qu’elles feignent de disperser ; ainsi composer en secret ce qui répugne à la durée – l’éphémère – et à la mise en forme – le fragment.
L’essai de Jacques Cauda (dont nous découvrons la belle verve) et Philippe Pichon (dont nous avions goûté le Cas Céline. Coupable mais de quoi ?, beau succès de librairie) s’intitule À sauts et à gambades – titre soufflé par le grand Montaigne. Nous précisons d’entrée qu’il aurait pu s’appeler Deux écrivains en liberté. Au lieu de se répéter, les auteurs se complètent. Plutôt que de se contredire, ils s’amusent. L’un dit que l’époque empeste ; l’autre, que l’odorat du chroniqueur est sensible à l’air d’un autre temps. Cauda encense Aragon que Pichon déteste ; ils ont en partage une tendresse pour Proust et un pet pour Céline ; etc.
Cauda et Pichon n’ont pas besoin de se forcer pour réagir contre l’avachissement et dissiper la pestilence. Il leur suffit d’être fidèles à soi à travers le souvenir de leur famille originelle. Une mémoire d’autrefois leur a tout dicté. Ils ont connu le peuple dans les révoltes de sa noblesse et les attachements de sa fraternité, avant que ne le calomnie la sauvagerie de bandes populacières. Là est leur berceau, nés à la vie, sous la garde de la douceur sans mièvrerie et de l’exigence sans ostentation. L’effort comme prix du mérite, la discipline spartiate des apprentissages comme exercice de maîtrise, les compagnons du Devoir en complices du premier tour de France, la petite reine qui a pignon sur rue comme roue de la fortune de son royaume, les couplets de Brassens comme cailloux blancs du conte, les almanachs de la coutume, la littérature des colporteurs, qui prépare aux chemins buissonniers d’Alain-Fournier, les chats de Colette, la mélancolie virile et la pudeur d’homme de Guilloux, plutôt que la rhétorique crétine de Jacques « Minus » Henric ou de Philippe Sollers, ou encore le phrasé ratatiné d’Alexandre Jardin ou de Christian Bobin : voilà leurs repères et leurs trophées, leurs amitiés et leurs amours, leurs rubans rouges et leurs rayons de soleil, leurs kiosques à musique et leurs ports d’attache, leur talent commun de franciscain laïque qui noue des liens que ne dénoueront pas les intimidations de la « modernité », l’éclat de leur humilité et la sourdine de leur orgueil.
La nostalgie qui se complaît et qui falsifie, les reflets du miroir factice et devant lui les pas de la danse vaniteuse, ne font pas l’affaire de leur littérature. Autre chose les inspire : le naturel, dans sa familiarité et dans sa rigueur ensemble. Ils sont familiers sans se dépenailler ni s’encanailler ; ils sont rigoureux sans dédain ni pose. De là ce qui les révulse, l’actualité des traîne-savates et celle des pontifes pédantesques, la démagogie et la cuistrerie. De là que leurs chroniques protestataires et songeuses se lisent comme des commentaires indirects de leurs récits (car l’un et l’autre sont des romanciers à la prose aiguisée) et, à leur insu, s’organisent, à contre-courant, à contre-mode, comme une synthèse de leur romanesque.
À sauts et à gambades, Ardavena, 2024, 370 pages.
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