Un hispanophobe à la tête de la Catalogne
par Olivier Bault.
Les indépendantistes catalans ont enfin réussi à se mettre d’accord pour faire élire lundi par le parlement de Barcelone, à une voix près, un président de cette communauté autonome espagnole. Quim Torra, le nouveau président de la Catalogne, n’est pas un modéré. Au vu de ses écrits et commentaires publiés au cours de la décennie écoulée, il n’est même pas exagéré de dire que son hispanophobie agressive relève du plus pur racisme, voire d’un suprémacisme catalan comme le décrivent les médias espagnols. Jordi Canas, porte-parole du parti Ciudadanos (né de Ciutadans de Catalunya, une plateforme civique catalane opposée au discours indépendantiste) l’a décrit sur Twitter la veille de son élection comme étant un fasciste et un ultra-nationaliste xénophobe, en donnant à l’appui de ces qualificatifs un des textes de Quim Torra qui a également été cité par Inés Arrimadas, leader de Ciudadanos au parlement catalan.
Sous le titre « La langue et les bêtes », Quim Torra comparait en 2012 les habitants de Catalogne de langue castillane (c’est-à-dire espagnole) à des « bêtes à forme humaine ». La Catalogne serait selon lui un pays où l’on « voit les bêtes parler », des « bêtes d’un autre type. Des charognards, des vipères, des hyènes. Des bêtes à forme humaine, toutefois, qui distillent la haine. Une haine folle, nauséabonde, comme avec une denture artificielle moisie, contre tout ce que représente la langue [catalane]. Ils sont ici, parmi nous. Toute expression de catalanité les répugne. C’est une phobie malade. Il y a quelque chose de freudien dans ces bêtes. Ou une petite anomalie dans leur ADN. (…) Elles ont un prénom et des noms, ces bêtes. Nous en connaissons tous une. Elles foisonnent. Elles vivent, meurent et se multiplient. »
Les médias espagnols citent encore de nombreux textes et tweets publiés par ce personnage qui semble vouer une haine farouche aux habitants de la Catalogne qui ne parlent pas le catalan. Quant au programme de gouvernement de cet ultra-nationaliste catalan, il consistera à se considérer comme un président par interim qui, pour ses décisions, consultera Puigdemont avec lequel il devait se réunir à Berlin dès mardi. Dans son discours d’investiture, Torra a promis aux Catalans un Conseil de la République que dirigera le « président en exil », et une assemblée parallèle constituée de conseillers (ministres du gouvernement régional), députés, sénateurs et eurodéputés indépendantistes, chargée de mettre en œuvre, sans passer par le parlement de la Communauté autonome, la république autoproclamée le 27 octobre dernier. Torra veut aussi confier aux conseillers en fuite les départements qui leur incombaient avant le référendum illégal du 1er octobre.
Il souhaite aussi restaurer l’autonomie de cette région gouvernée depuis Madrid depuis le référendum illégal. Le radicalisme des séparatistes catalans pourrait toutefois bien rendre ce dernier projet impossible à réaliser.
Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.
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