Brèves d’Europe début septembre 2017
Union européenne. Selon Jean-Claude Juncker, « La Turquie s’éloigne à pas de géant de l’Europe ». Tout en soulignant qu’il entretenait de « bonnes relations » avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, M. Juncker a déclaré qu’il le soupçonnait de vouloir pousser l’Europe « à dire qu’elle veut mettre un terme aux négociations. »
Selon un responsable de Bruxelles, l’incapacité des gouvernements de l’UE à renvoyer chez eux les migrants qui se voient refuser tout séjour constitue le facteur incitatif le plus important pour gagner l’Europe.
Brexit. Alors que le troisième cycle de négociation doit prendre fin, jeudi 31 août à Bruxelles, le seul point de rencontre, à ce stade, entre les deux équipes de négociateurs porte sur la nécessité… de redoubler d’efforts. C’est à propos du chèque de départ que l’incompréhension semble la plus forte. Le spectre d’un Brexit sans accord resurgirait. Un scénario catastrophe pour les citoyens autant que pour les entreprises.
Pologne. Varsovie est décidé à s’opposer à sa volonté de durcir la directive sur les travailleurs détachés (500 000 Polonais concernés dans l’UE), révision pour laquelle Macron plaide depuis trois jours en Autriche, en Roumaine et en Bulgarie.
« Je conseille au président de se concentrer sur les affaires de son pays, grince Beata Szydlo, Premier ministre polonais. Peut-être ses propos arrogants sont-ils dus à son manque d’expérience. »
De nombreux commentateurs n’ont d’ailleurs pas manqué de souligner que l’argent gagné par les travailleurs détachés dopait les profits des grandes surfaces françaises, très implantées en Pologne.
Russie. Sergueï Choïgou, ministre de la Défense, supervisera les manœuvres des 100 000 militaires déployés sur le terrain, parfois aux frontières mêmes de la Pologne ou des pays baltes. Loyal jusqu’au bout des ongles, ce très proche de Vladimir Poutine a été nommé à la tête de l’armée russe en 2012. Cette démonstration de force a obligé le patron de l’Otan à se rendre en Pologne pour rassurer l’Europe de l’Est.
Sous la bannière « Occident 2017 », la Russie et la Biélorussie s’apprêtent en effet à conduire, à partir du 14 septembre, des exercices militaires de grande ampleur aux portes de l’Union européenne, suscitant la crainte de l’Otan et des voisins immédiats de Moscou, et semant la confusion parmi les chancelleries occidentales. Réponse aux manœuvres de l’Otan dans les pays baltes.
Armia 2017, le Salon militaire russe a exposé 11 000 pièces sur près de 600 000 mètres carrés dans la banlieue boisée de Moscou. « Pour moderniser notre armée, les Russes ont des technologies fiables et pas trop chères », confie un représentant de la Birmanie qui, entre deux tanks, croise ses collègues d’Asie (Chine, Indonésie, Mongolie,…).
Pour sa troisième édition, Armia 2017 s’est tourné vers les pays émergents, élargissant sa base commerciale au-delà de clients traditionnels comme l’Inde. Un marché clef, alors que la Russie est isolée par les Occidentaux depuis la crise ukrainienne. Même les pays arabes étaient présents.
Belgique. L’État islamique (EI) a revendiqué l’attaque au couteau contre des soldats à Bruxelles, dans un communiqué. L’EI précise que « l’opération a été menée en réponse aux appels à cibler les États de la coalition » internationale antijihadistes opérant en Syrie et en Irak, dont la Belgique fait partie.
Des centaines de migrants, pour la plupart des Soudanais et Érythréens espérant rejoindre le Royaume-Uni, dorment chaque soir dans un parc de Bruxelles, un phénomène qui a pris de l’ampleur cet été, faisant redouter une situation comparable à celle de l’ex-jungle de Calais.
Allemagne. Angela Merkel ne regrette en rien d’avoir ouvert en 2015 les frontières de l’Allemagne à des centaines de milliers de réfugiés et de migrants. Dans une interview à Die Welt, la chancelière estime ne pas avoir fait d’erreur en accueillant un million de migrants ces deux dernières années, même si cela a provoqué des dissensions sérieuses au sein de son camp et a entamé sa popularité.
Dans un sondage Infratest dimap pour la chaîne de télévision ARD, la politique migratoire arrive en tête des priorités des électeurs, dont 12 % jugent que le prochain gouvernement devra d’abord se consacrer à cette question et revoir la définition du droit d’asile.
Le parti populiste (AfD) plaide pour un solde migratoire net de « moins de 200 000 » personnes par an et le refoulement des 630 000 étrangers dont la demande d’asile a été rejetée. Il demande par ailleurs une réforme du droit d’asile et le rétablissement des contrôles aux frontières.
Mme Özoguz, secrétaire d’État à l’intégration et vice-présidente du Parti social-démocrate (SPD), fille de travailleurs immigrés turcs, avait déclaré, en mai, dans le quotidien berlinois Der Tages-Spiegel, qu’« il n’est pas possible d’identifier, au-delà de la langue, une culture allemande spécifique. »
Alexander Gauland, du parti identitaire AfD, a rétorqué : « C’est une Germano-Turque qui dit cela. Vous n’avez qu’à l’inviter à Eichsfeld et lui dire ce que la culture allemande a de particulier. » Au Frankfurter Allgemeine Zeitung, M. Gaulant a répété que Mme Özoguz n’a, selon lui, « rien à faire dans ce pays » et qu’elle ferait mieux d’« en chercher un autre ». Un ex-magistrat de la Cour fédérale a déposé plainte contre lui.
Un millier de plaintes « pour haute trahison » ont été déposées contre Angela Merkel par des sympathisants de la droite radicale, a révélé le quotidien régional Mannheimer Morgen. Et le parti nationaliste AfD remonte dans les sondages après une guerre interne de leadership. Sans retrouver les 15 % atteints il y a un an, le parti peut espérer jusqu’à 10 % d’intentions de vote, ce qui le placerait en troisième position derrière la CDU et le SPD.
Italie. Bonne nouvelle, les débarquements de migrants ont baissé de 68 % ces deux derniers mois, passant de 44 846 arrivées en 2016 à 14 391 en 2017. Pour l’instant, sur un an, la diminution est de près de 7 %. Le ministre de l’Intérieur a passé des accords avec le gouvernement d’Al Sarraj et de 14 communautés locales. But : responsabiliser les Libyens moyennant des aides appropriées.
Ce qui revient à confier la sous-traitance du dossier des trafiquants aux pays tiers limitrophes sur le modèle de l’accord entre Bruxelles et Ankara. Depuis le gouvernement Prodi, tous les exécutifs italiens, quelle que soit leur couleur politique, ont adopté cette stratégie. Elle est cynique, pragmatique et efficace.
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.