Russie : les droits des Pokémons ne sont pas ceux de l’homme !
Il y a encore quelques mois, la nouvelle mode en vogue chez des millions de petits Terriens consistait à chasser les Pokémons dans les rues, les squares, les cimetières, les commerces de proximité comme les supermarchés. Petits zombies courant, les yeux rivés sur leurs téléphones portables, juste histoire d’attraper Pikachus, Taratapouilles, Vistamboires et autres créatures virtuelles, faites de vide, mais en 3D, s’il vous plaît.
En France et à l’Assemblée nationale, il y eut même des lois plus ou moins votées contre ce nouvel engouement digne des scoubidous de jadis, la moitié des parlementaires étant globalement pour et l’autre contre ; mais, tous unanimes sur le fait que personne ne comprenait un traître mot à la question posée.
Après, principe de précaution oblige, il devint nécessaire de réfréner les ardeurs de ces chasseurs, surtout lorsque s’égarant sur des bases militaires et autres locaux policiers. En ex-Yougoslavie, il fut même fortement déconseillé aux touristes d’aller chercher ces bidules numériques sur des terrains pas encore tout à fait déminés depuis la guerre civile de la fin du siècle dernier. Ça aurait tout de même été ballot qu’un geek se fasse bêtement sauter les membres inférieurs, là où tant de patriotes, Serbes, Bosniaques ou Croates firent don de leur vie pour leur patrie.
L’épidémie fut telle que même en Russie, le virus gagna du terrain jusque dans les… églises. Et Libération du 11 mai dernier de nous apprendre : « Le blogueur Rouslan Sokolovski, 22 ans, vient de passer huit mois en détention après avoir publié une vidéo, en août dernier, dans laquelle on le voit chasser les créatures virtuelles dans la cathédrale de Ekaterinbourg, érigée en mémoire et sur les lieux de l’exécution du dernier tsar russe Nicolas II et de sa famille. » Seul regret de ce dissident d’un genre inédit : « Ne pas avoir réussi à attraper le plus rare des Pokémon : Jésus. »
La justice réclamait trois ans et demi de prison ferme. Rouslan Sokolovski a finalement écopé de la même peine, mais avec sursis, tenant compte des huit mois de détention préventive plus haut évoqués ; clémence toute relative, eut égard aux chefs d’accusation retenus contre l’accusé, consistant à « avoir comparé Jésus à un mort-zombie »… Eh oui, à chaque peuple ses tabous. Dans la Sainte-Russie, la religion. Tandis qu’ici, les interdits sont de toute autre nature, homophobie, islamophobie et fréquentation des spectacles donnés par l’humoriste Dieudonné.
À cet égard, on notera qu’en Russie l’article 148 relatif à « l’insulte à l’égard du sentiment des croyants », fait partie du code pénal local depuis 2013, histoire de ne pas renouveler le douteux happening des Pussy Riot, inspiratrices de nos Femen européennes, qui avaient cru bon de mimer une sorte de partouze en pleine église, et ce au moment de l’Eucharistie, tant qu’à faire.
Eh oui, il y a en ces contrées des sujets avec lesquels on ne plaisante pas. Chez nous, c’est un peu pareil, même si ce ne sont pas toujours les mêmes sujets. Question de point de vue, comme toujours. Car en France, c’est tout juste si des militants LGBT venus singer un mariage chrétien en pleine messe, dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, n’ont pas été décorés de la Légion d’honneur. Alors que ceux qui entendaient les virer manu militari de cette enceinte sacrée, c’était miracle qu’ils n’aient pas été envoyés aux galères que les autorités morales leur promettaient.
En attendant que les droits des Pokémons rejoignent ceux de l’homme dans la charte de l’ONU et de la Commission européenne, on notera que la Russie persiste à faire de la résistance, tandis que la France, elle, aurait plutôt tendance à devancer l’appel en matière de dingueries sociétales.
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