En mémoire d’un auteur libre
Il y a quarante ans, le 29 mars 1977, disparaissait à l’âge de 41 ans un homme libre : Dominique de Roux. Plus que le romancier de L’Harmonika-Zug ou de La Mort de L.-F. Céline, ce père des célèbres « Cahiers de l’Herne » fit partager les textes d’Ezra Pound, de Gombrowicz ou de la Beat Generation. Essayiste, il forgeait de cruels aphorismes qu’on lit dans L’Ouverture de la Chasse, Immédiatement ou La France de Jean Yanne.
Dominique de Roux fut aussi un redoutable polémiste quand il s’attaquait au libéral américanolâtre Jean-Jacques Servan-Schreiber, l’Emmanuel Macron du début des années 1970. Curieux du monde, il devint journaliste et reporter et partit pour le Portugal post-salazariste. Il suivit de près le conflit colonial en Angola et au Mozambique d’où il en tirera Le Cinquième Empire et Le Livre Nègre. Il rencontrera dans les maquis angolais le chef de l’UNITA, Jonas Savimbi, dont il deviendra bientôt le conseiller politique. Savimbi rejetait tout autant la domination portugaise que la tutelle marxiste soviético-cubaine.
Dominique de Roux assumait cet engagement politique au nom d’une « Internationale gaulliste », émanation de son étonnant ouvrage consacré à L’Écriture de Charles de Gaulle (1967), lui l’ancien partisan de l’Algérie française. Son biographe, Jean-Luc Barré dans Dominique de Roux. Le provocateur (Fayard, 2005), rapporte « le silence du général de Gaulle, alors qu’il est dans les habitudes du chef de l’État de répondre personnellement à tout envoi d’écrivain (p. 317) ». L’homme de Colombey comprit que Dominique de Roux avait deviné ses desseins les plus profonds, desseins qu’on reverra en 1982 dans Le Livre des compagnons secrets (ACL – Rocher) du R.P. Martin.
Au-delà des affres quotidiennes de la politique, Dominique de Roux traduisait dans une prose proche du Raymond Abellio dans Assomption de l’Europe l’action gaullienne qui œuvrait à « la tâche politico-stratégique suprême de la France, plaque tournante, axe immobile et Empire du Milieu d’une unité géopolitique au-delà des frontières actuelles de notre déclin, unité dont les dimensions seraient à l’échelle de l’Occident total, dépassant et surpassant la division ternaire du monde blanc entre les États-Unis, l’Europe et l’Union Soviétique (L’Écriture de Charles de Gaulle, p. 91) ». Pas si mal pour quelqu’un qui lançait : « Moi, Dominique de Roux, déjà pendu à Nuremberg (Immédiatement, p. 234) »
Bonjour chez vous !
Cette chronique hebdomadaire du Village planétaire a été diffusée sur Radio Libertés le 31 mars 2017.
Vous avez aimé cet article ?
EuroLibertés n’est pas qu’un simple blog qui pourra se contenter ad vitam aeternam de bonnes volontés aussi dévouées soient elles… Sa promotion, son développement, sa gestion, les contacts avec les auteurs nécessitent une équipe de collaborateurs compétents et disponibles et donc des ressources financières, même si EuroLibertés n’a pas de vocation commerciale… C’est pourquoi, je lance un appel à nos lecteurs : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS DÈS MAINTENANT car je doute que George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs ne soient prêts à nous aider ; il faut dire qu’ils sont très sollicités par les medias institutionnels… et, comment dire, j’ai comme l’impression qu’EuroLibertés et eux, c’est assez incompatible !… En revanche, avec vous, chers lecteurs, je prends le pari contraire ! Trois solutions pour nous soutenir : cliquez ici.
Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.