La musique : arme de destruction identitaire massive ?
Un étudiant britannique a découvert la plus ancienne notation musicale polyphonique. Datée des environs de l’an 900, la page sur laquelle est transcrite la notation évoque la vie de l’évêque Maternianus de Reims (IVe siècle) et figure dans un manuscrit conservé à la British Library.
Dans un autre registre, on apprend de John Brennan, directeur de la CIA, que l’agence a utilisé « le bruit et la musique comme des armes de coercitions psychologiques ». Cette méthode de torture inclut des bruits sourds diffusés 24 heures sur 24, ainsi que des morceaux de hip-hop, mais aussi de Bruce Springsteen, Queen, Aerosmith et Britney Spears.
En somme, la musique outil naturel de convivialité et d’entretien des liens collectifs, utilisée ici au contraire pour supprimer toute capacité de réflexion et déstructurer.
La musique a aussi été utilisée par l’agence étasunienne de développement USAID pour tenter de déstabiliser le régime castriste à partir de 2009. Alors que le gouvernement cubain créait une agence cubaine de rap pour promouvoir les artistes dont le message correspondait à la ligne du parti, l’USAID finançait ceux qui y étaient opposés. Rapidement éventée par La Havane, l’opération s’est révélée un désastre pour la scène alternative.
Le Parlement danois s’intéresse aussi à la musique et malgré une pétition en 2014 de plus de 40 000 signatures et les 2,5 millions de vues pour la vidéo d’appel à l’aide, la ministre de la Culture, Marianne Jelved, avait confirmé la disparition de l’Orchestre national de chambre du Danemark pour janvier 2015.
La situation est pire en France où les organisations professionnelles dénoncèrent dans un communiqué du 17 septembre 2014 le ministère de la Culture et de la Communication. Il supprima alors ses crédits aux conservatoires départementaux et régionaux de musique, après une baisse de 35 % en 2014 et l’arrêt des aides aux écoles de musique associatives en 2010.
Le transfert de crédits prévus par la loi de 2004 n’a, bien entendu, jamais été réalisé. La même politique fut conduite par la mairie de Paris et son adjoint à la Culture, Bruno Julliard, qui voulait réduire la participation de la Ville dans les conservatoires car « il n’est pas suffisant que ces établissements soient pleins. Ils doivent aussi participer à la volonté municipale de démocratiser l’accès à la culture et de lutter contre les inégalités. »
Cette suppression des crédits pour l’entretien et l’enseignement de la musique va contribuer un peu plus au démantèlement de l’identité et de la culture musicale françaises, d’autant plus que les programmes de l’Éducation nationale ont abandonné depuis longtemps leur rôle d’éveil à la musique. Cet abandon contraste avec la politique menée par les pays anglo-saxons où la pratique musicale amateur constitue un ciment de l’identité et de la culture de ces pays au point d’en faire un modèle planétaire.
Ainsi, quand le chanteur britannique Joe Cocker, légende du rock et du blues, disparaît, l’événement a une portée mondiale alors que celle de Robert Goute, pourtant le dernier « tambour-major général » de l’armée française et de renommée internationale, passa inaperçue dans son propre pays.
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Philippe Randa,
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