Brèves d’Europe mi-août 2016

Union européenne. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a choisi de confier au Britannique Julian King le nouveau portefeuille de la Sécurité au sein de l’exécutif européen. Comme ce poste est spécialement créé, les responsabilités des autres commissaires resteront inchangées.

Julian King hérite ainsi d’un poste stratégique dans un domaine où son pays dispose d’un « opt-out » (option de retrait), c’est-à-dire d’une possibilité de ne pas appliquer les décisions européennes et de décider au cas par cas de sa participation aux politiques communes.

1. King, qui a fait la plus grande partie de sa carrière en Europe, est depuis le 1^erfévrier 2016 ambassadeur du Royaume-Uni en France, selon le site internet du Foreign Office.

Selon une enquête du New York Times, à partir de l’interview d’un repenti allemand de l’État islamique et de documents de services de renseignements français, belge et allemand, une branche secrète de l’EI, Emni, est chargée depuis fin 2014 des attentats dans le monde.

Elle disposerait en Europe « de centaines d’agents » autochtones ou revenus de Syrie. Estimant qu’en France elle dispose d’effectifs déjà largement suffisants, elle essaye de se renforcer au Royaume-Uni et en Allemagne.

Europa, le bâtiment qui abritera le nouveau siège du Conseil européen à Bruxelles, est enfin prêt, après dix ans de travaux… et une légère explosion du budget. Un œuf dans un cube : voilà la dernière merveille architecturale dans laquelle les fonctionnaires européens auront le loisir de travailler dès janvier 2017, lorsque les dernières touches auront été apportées au nouveau building bruxellois.

Pologne. « Seigneur, aie pitié de ton peuple, Seigneur, pardon pour tant de cruauté » : comme promis, le pape François a gardé le silence à Auschwitz, écrivant ces seuls mots sur le livre d’or du camp de la mort. Le pape inaugurait de sa présence les JMJ qui se déroulaient en Pologne.

Le pape François a lancé un appel aux jeunes à Cracovie lors de la soirée finale des JMJ. Fustigeant le caractère émollient du monde moderne, le pape a précisé « le temps qu’aujourd’hui nous vivons n’a pas besoin de jeunes-divan, mais de jeunes avec des chaussures, mieux encore, chaussant des crampons. Il n’accepte que des joueurs titulaires sur le terrain, il n’y a pas de place pour des réservistes. »

Et de préciser : « Si tu n’y mets pas le meilleur de toi-même, le monde ne sera pas différent ». Et « l’histoire aujourd’hui nous demande de défendre notre dignité et de ne pas permettre que ce soient d’autres qui décident notre avenir. »

« Je tiens à être claire là-dessus : les Polonais vivant au Royaume-Uni continueront à être les bienvenus et nous apprécions leur contribution à notre pays », a déclaré Theresa May, Premier ministre britannique, lors d’un point de presse avec la chef du gouvernement polonais Beata Szydlo.

La communauté polonaise, forte de quelque 790 000 membres, forme le plus gros contingent des trois millions de citoyens de l’Union européenne installés au Royaume-Uni, où le polonais est la langue la plus parlée après l’anglais.

Crimée. Visite d’une délégation de parlementaires français sous la houlette de Thierry Mariani. Le député souhaite faire l’éloge de la levée des sanctions à l’égard du Kremlin, décidées depuis le conflit ukraino-russe, et favoriser la coopération dans la lutte contre le terrorisme avec Moscou. Inutile de dire que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, désapprouve cette initiative.

Au nombre de ces parlementaires, on note : Nicolas Dhuicq (Aube 1^re), Jacques Myard (Yvelines 5^e), Yves Pozzo di Borgo (sénateur de Paris), Thierry Mariani (organisateur, Français de l’étranger), Claude Goasguen (Paris, 14^e), Patrice Verchère (Rhône 8^e), Sauveur Gandolfi-Scheit (Corse 1^e), Marie-Christine Dalloz (Jura 2^e), Jérôme Lambert (Charente 3^e).

Italie. La lune de miel de Virginia Raggi, nouveau maire de Rome et membre du M5S, aura été de courte durée. Elle est confrontée au grave problème des ordures ménagères qui gangrènent les trottoirs jusqu’aux quartiers chics de la capitale et des problèmes de circulation consécutifs aux travaux sur la ligne C du métro.

Une campagne financée par le ministère de l’Intérieur italien entend dissuader les candidats au départ depuis l’Afrique. La diffusion d’enregistrements audio et vidéo chocs revient sur les dangers de la traversée et les violences de la part des passeurs.

Cette campagne, dont le coût s’élève à 1,5 million d’euros, consistera à diffuser des messages principalement dans une quinzaine de pays d’Afrique occidentale, en passant par la radio et la télévision, mais aussi par les réseaux sociaux.

La ministre italienne de la Défense, Robert Pinotti, a indiqué que l’Italie pourrait autoriser les États-Unis à employer ses bases aériennes et son espace aérien pour mener des frappes en Libye contre l’État islamique (EI), s’ils en font la demande.

L’aviation américaine a commencé à bombarder lundi 1er août des positions du groupe État islamique (EI) dans la ville libyenne de Syrte à la demande du gouvernement libyen d’accord national (GNA).

L’Italie accueille actuellement quelque 140 000 demandeurs d’asile et a secouru en mer près de 90 000 migrants en détresse. Parmi eux, 11 000 mineurs non accompagnés. Plus de six demandes d’asile sur dix sont refusées par l’Italie, car les demandeurs ne satisfont pas aux critères d’éligibilité.

Grèce. Le FMI, dirigé par Christine Lagarde, reconnaît que le soutien systématique qu’il a donné à l’euro, fondé sur une conviction politique, l’a poussé à transgresser toutes ses règles et a provoqué une catastrophe économique dont la Grèce, le Portugal et l’Irlande ont fait les frais.

Ce qui est frappant dans le rapport, c’est que les procédures de travail du FMI ont été totalement anormales et aberrantes : « Beaucoup de documents étaient préparés en dehors des canaux habituels. On ne sait même pas qui a pris certaines décisions, quel rôle jouait qui dans la chaîne de commandement ». À l’image de Bruxelles : une machine folle !

La Grèce a connu une augmentation des arrivées depuis la tentative de coup d’État et la répression en Turquie, selon les données officielles du secrétariat général des systèmes d’information et de communication grec.

Actuellement, 3 495 migrants se trouvent sur l’île de Lesbos, 2 509 sur Chios et 1 030 sur Samos. Le rapport grec suggère que, pour la première fois depuis la signature de l’accord UE-Turquie, le nombre de réfugiés présents dans le nord de la mer Égée a dépassé les 7 000.

Allemagne. « Oui à la démocratie, non au coup d’État » : tel était le slogan autour duquel près de 30 000 manifestants, très majoritairement sympathisants du président turc, Recep Tayyip Erdogan, se sont rassemblés à Cologne dimanche 31 juillet après-midi.

Le rassemblement, au cours duquel des appels à rétablir la peine de mort ont été scandés par la foule et auquel des membres de groupuscules nationalistes turcs ont pris part, s’est déroulé dans le calme.

Autriche. Le chancelier autrichien Christian Kern a l’intention d’engager « une discussion rigoureuse » de la question concernant la suspension des négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, le 16 septembre au Conseil européen.

Selon M. Kern, la Turquie ne peut pas être candidate à l’adhésion à l’UE « que ce soit maintenant ou dans les décennies à venir ». Il a également déclaré qu’à ce stade, les négociations « n’étaient qu’une fiction diplomatique. »

Belgique. Un prêtre de 65 ans a été attaqué, à Lanaken, près de Liège en Belgique, par un homme qui se serait présenté comme un demandeur d’asile aux Pays-Bas. Le suspect s’est présenté au domicile du père Jos Venderlee et a voulu prendre une douche, ce que son « hôte » a accepté. Après être sorti de la salle de bains, le demandeur d’asile a réclamé de l’argent, et face au refus du prêtre, l’a agressé à coups de couteau.

Hollande. Le 5 août s’est déroulée à Amsterdam l’Olympiade homosexuelle avec un 100 mètres disputé en stilettos (chaussure à talon haut) aux pieds. La nuit s’est poursuivie sur le dancefloor de la Troya Ibiza & White et le 6 la traditionnelle parade a eu lieu… sur les canaux. Grandeur et décadence.

Angleterre. Theresa May a suspendu son approbation sur le chantier de constructions de deux EPR à Hinkley Point, dans l’ouest du pays. Elle donnera sa réponse fin septembre. La vraie raison, c’est la présence de la Chine. Car EDF a bâti son financement avec des capitaux chinois.

Pékin repeint le plafond. Si la suspension de Hinkley Point irrite tant à Pékin, c’est que ce projet représente la porte d’entrée du nucléaire chinois en Occident. Car Pékin veut s’imposer comme acteur incontournable dans l’exportation des centrales nucléaires.

« Le groupe de conseillers autour de Theresa May prône un retour clair aux anciennes priorités », analyse Kerry Brown. Londres renoue avec une époque où « la sécurité, les valeurs et les questions politiques étaient jugées plus importantes que les affaires commerciales », et cette posture gêne Pékin.

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Philippe Randa,
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