Le « quoi qu’il en coûte » d’une journée ordinaire au tribunal
La salle d’un tribunal de province où, ce jour-là, les affaires traitées concernent uniquement des différents entre propriétaires et locataires. Quasi-exclusivement des questions de loyers impayés.
Les bancs du premier rang sont occupés par les avocats du principal bailleur social du département ; les suivants par les plaignants convoqués et leurs accompagnants, parmi lesquels peu de propriétaires particuliers, comme mon ami qui avait un différent avec son locataire. J’étais là pour le soutenir.
Il est toujours instructif de vivre en direct des scènes de la vie quotidienne, de celles qui pourrissent la vie de nos compatriotes.
Ce que j’ai entendu paraîtrait invraisemble pour beaucoup… mais beaucoup moins pour quelques autres, habitués à une société devenant chaque jour plus kafkaïenne que la veille.
Les plaidoieries des avocats et les explications de madame la juge, en charge ce jour-là des « affaires » de cette cour, données aux personnes duement convoquées pour cause de litige locatif, me laissent tout d’abord perplexe : combien d’années d’études faut-il avoir fait pour comprendre le début d’un commencement d’explications du jargon judiciaire employé ? À l’évidence, quelques-unes… que ne se sont sans doute pas infligées la grande majorité des personnes présentes. Moi-même, d’ailleurs, simple touriste, bref…
Mais plus inquiétant, je doute pour ma part que la plupart des personnes directement concernées ne comprennent également nombre des demandes, précisions, conseils, avertissements ou mises-en-garde de madame la Juge, pourtant, là, parfaitement compréhensible pour le commun des mortels.
Ce n’est à l’évidence guère le cas pour les « cassos » (cas sociaux) concernés dont les expressions de visages sont aussi explicites que les réponses qui leur sont « arrachées » par la magistrate.
Cette journée, m’assure-t-on, est une journée judiciaire comme un autre. Et pourtant, je crois bien un moment qu’on m’a fait une bonne blague, genre « caméra cachée ».
Parmi les nombreux échanges, mon étonnnement rejoint celui de madame la juge quand cette dernière demande à un locataire quel est le montant mensuel de son loyer. Bien embêté, celui-ci se tourne alors vers… l’avocat de son bailleur qui, peut-être lui, le sait ! Mais qu’on ne s’inquiète pas, ce n’est pas parce qu’il ignore la somme dont il aurait dû s’acquitter chaque mois qu’il n’est pas prêt à s’engager – croix de baobab-croix-de-fer, madame la Juge ! – à payer tous les mois la somme de… 100 € ! En rattrapage de ses nombreux loyers impayés ? Ah ! non ! seulement 100 € ! Il ne peut pas faire davantage, faut être raisonnable, quand même !
Un autre locataire, assigné par son bailleur pour défaut de paiement depuis plus d’une année, en explique la raison avec une assurance et une candeur frôlant l’admiration : sa fille ayant trouvé bague à son goût, son mariage coûta fort cher ! Alors, en bon papa qu’il est, n’est-ce pas ! il n’a pas hésité à ce que les deux tourtereaux gardent de ce jour le plus beau des souvenirs… et quand on aime, on ne compte pas, c’est bien connu ! et puis, l’exemple venant d’en haut, voire même de très haut, même si « quoi qu’il en coûte », comme a dit l’autre, Mozart de la finance à ses heures et mari à Brigitte le reste du temps.
Et ainsi de suite… cela prend l’après-midi avant qu’enfin ! mon ami puisse exposer son cas.
Son locataire a payé ses premiers loyers, certes, puis a quitté l’appartement en début d’année (nous sommes en décembre), sans avertissement, sans rendre les clés, sans faire l’état des lieux… Bénéficiant de la caution de Visale, soit, pour ceux qui connaissent, « l’action logement (qui) se porte garant gratuitement pour couvrir loyers impayés et dégradations locatatives », mon ami a bien encaissé jusqu’alors tous ses loyers, mais désire désormais obtenir l’autorisation légale de récupérer son appartement déserté… ce qu’il obtient.
Satisfait, il va pouvoir faire appel à un huissier pour ouvrir la porte de celui-ci, établir l’état des lieux… et éventuellement demander à Visale de lui régler sa remise en état, comme prévu dans la convention. La suite ne le regarde pas.
La suite ? C’est-à-dire l’action que Visale va entreprendre contre son locataire « insouciant » ? « indélicat » ? « débile » ? qui a cumulé près d’un an de loyer pour… rien !
Contrairement à mon ami qui a obtenu ce qu’il désire, ce qui me réjouit pour lui, je sors pour ma part de cette immersion dans la réalité d’une journée au tribunal assez écœuré après tant de bêtises entendues, tant d’énergies déployées, tant de temps perdu, tant d’argent public gaspillé… Et je me souviens alors de cette réplique qui m’a fait tellement rire en regardant le film La Poison de Sacha Guitry, parlant des journalistes et des personnels employés par les tribunaux : « C’est ignoble de tuer… Mais ça fait vivre tant de monde ! »
Mais moins toutefois que ne pas payer son loyer, puis-je assurer désormais !
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