Entretien avec Guillaume Fiquet, conseiller éditorial de la Revue d’Histoire européenne
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Qu’est-ce qui fait la différence entre la Revue d’Histoire européenne et les autres revues historiques ?
Il y a 6 ans (déjà !), lors du lancement de la Rhe, nous fixions dans le premier éditorial la ligne de crête à emprunter. Une « troisième voie » entre d’une part une histoire dite « globale », qui n’est pas inintéressante en soit, mais qui a une fâcheuse tendance à verser dans la passion destructrice, la repentance, à nier le fait national et surtout à juger l’histoire à l’aune de nos mentalités d’aujourd’hui et d’autre part l’exaltation d’un roman national, né au XIXe siècle, qui surévalue les mythes nationaux et se met au service de la politique du moment. À l’heure où nous vivons dans une société fracturée, nous devons regarder notre histoire en face, sans fierté aveugle, mais sans lui faire de procès. Si nous avons des choses à déconstruire, ce sont surtout les préjugés, les lieux communs, les légendes noires, nous nous sommes ainsi « attaqués » à l’esclavage, à l’Algérie française, aux USA fauteurs de guerre(s), aux atrocités commises par le FLN, à la Terreur, aux crimes de guerre des alliés, à la guerre froide, aux collabos de gauche et dans un récent numéro à l’Inquisition…
Dans le dossier de votre 25e numéro, avec la « face cachée » de la Résistance, vous n’hésitez pas à aborder ses côtés sombres, ses légendes et mensonges, notamment celles imposées dans le débat historique par le Parti communiste dès 1944… 80 ans après la fin de la IIe Guerre mondiale, peut-on enfin parler sereinement, je vous cite « des déchirements et ambiguïtés de cette période tout en clair-obscur dramatiques » ?
Non, c’est toujours difficile tant les a priori sont ancrés dans la mémoire collective. Dans le cas de la Résistance et de la Collaboration, on peut dire que le roman national a bien fait son boulot ! Et dans l’esprit de nombre de nos contemporains les équations Résistance = gauche et Collaboration = (extrême) droite sont toujours vraies. Alors que le simple examen des faits montre que la réalité est bien plus compliquée que ça, comme toujours…
Vous citez dès les premières lignes le souhait du président Pompidou de ne plus « éternellement entretenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux »… Pensez-vous que le débat historique devrait rester uniquement l’affaire des chercheurs, des historiens et des témoins tant qu’ils sont en vie… et que les politiques, de tous bords, feraient mieux de s’abstenir de l’imposer sans cesse dans le débat politique contemporain ? Et si oui, n’est-ce pas un souhait aussi pieux que celui émit par Georges Pompidou ?
La recherche historique est une science, elle répond à des critères et à des méthodes précis. Mais c’est une science « molle » qui cherche à comprendre le passé à partir de traces (documents, objets, témoignages), qui formule des hypothèses les confronte à des sources, et les interprète, les discute et c’est ce qui fait toute sa richesse.
L’Histoire devrait être au service de la politique et non le contraire. J’ai souvent des contacts avec des chercheurs du Service historique des armées. Ils sont, me disent-ils, souvent en relation avec des cabinets ministériels, des élus… pour préparer des notes pour des voyages diplomatiques, des inaugurations ou des commémorations. Ils sont régulièrement abasourdis par l’inculture du personnel politique, mais surtout par la façon dont celui-ci « tord » la réalité historique au profit de l’idée qu’il veut exprimer. Et ceci au plus haut niveau de l’État, j’en veux pour exemple la commémoration en 2020 par Emmanuel Macron de la bataille de Moncornet (17 mai 1940) qui vit s’affronter panzers allemands et chars français. Contrairement à Stonne (15-27 mai 1940) où les blindés allemands furent réellement stoppés, Montcornet (sans ignorer bien sûr le courage et le sacrifice de nos tankistes) célébré comme un haut lieu de la combativité française n’a strictement eu aucune incidence sur la Bataille de France ; son seul intérêt (politique) est la présence d’un certain colonel Charles De Gaule… encore un bon exemple de l’écriture du récit national par la classe politique.
Dans le numéro 25 d’août-septembre 2025, vous publiez un long entretien avec deux spécialistes de l’actuel conflit russo-ukrainien (Pascal Lassalle et Xavier Moreau)… Aborder ainsi l’histoire actuelle sans le recul du temps est assez inhabituel pour une revue d’histoire, non ? Est-ce une spécificité de la Revue d’Histoire européenne ?
Je ne sais pas si c’est une spécificité mais notre rubrique entretien est effectivement souvent consacrée à l’actualité. C’est également une façon de prendre date, de poser un regard sur des évènements qui prennent, comme toujours, racine dans le temps long de l’Histoire. Dans le même esprit, nous avons également une page d’analyse géopolitique.
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