4 janvier 2025

Défense verbale et défense physique

Par Raymond H. A. Carter

« Par le fruit de la bouche on jouit du bien ; mais ce que désirent les perfides, c’est la violence »[1]. L’homme en porte le germe en lui[2]. Elle est à l’origine de pressions sociales accrues qui entraînent chez l’individu des pressions mentales et physiques ainsi que des pulsions se situant au carrefour de l’organique et du psychique, qui vont se traduire par des excès verbaux et/ou physiques en vue de les compenser. Notre ego en détermine souvent l’origine chez l’Autre.

« Tous les hommes sont “ego”, mais certains le sont plus que d’autres » comme que nous l’indiquons par ailleurs[3]. La violence verbale, vécue comme une toute puissance personnelle d’un individu à un moment donné, même si elle n’est pas un phénomène nouveau, reste consubstantielle à l’humanité et s’accentue tous azimuts aujourd’hui au sein de notre monde moderne jusqu’en des manifestations extrêmes qui se multiplient, malgré un parterre de textes législatifs et de codes, et l’étiolement de l’éducation qui en constituait jusqu’à présent un rempart fiable face à ses excès et conséquences. Partie intégrante de l’Homme, elle appartient à toute société (ethnique, démocratique, …) et y apparaît parfois comme jubilatoire dans certaines manifestations (jeux du cirque, exécutions, …) pour ‘infliger la douleur par plaisir ou vengeance’ comme l’écrira notamment Mark Twain[4].

Et bien que le monde ait connu ses affres maléfiques au cours des siècles à travers des actes cruels, barbares, et massacres en tous genres au sein de collectivités différentes, les leçons n’ont pas été retenues par l’homme. Notre planète devient de plus en plus violente, fragilisée par une modernisation sans mesure que l’on croyait pourtant salutaire pour son futur radieux et le bonheur de l’homme. La violence apparaît à profusion sous diverses formes et manifestations (verbales, physique, images, …) et de plus en plus dans la démesure. « Accélérée par la vitesse, radicalisée par les technologies, elle vire à une civilisation des chocs qui génère et accélère les particules de la colère »[5], et elle provoque la et les misères de notre monde d’aujourd’hui. La violence, qui s’intensifie et s’accroît de façons aussi variées que subtiles, tout en étant à la fois individuelle, collective et multiculturelle.

Avant d’être physique, la violence est généralement verbale, s’appuyant souvent sur ce qui entoure la vie d’un homme, à commencer par son interlocuteur. Selon une récente étude de la Macif et de la Fondation Jean Jaurès, près de 8 Français sur 10 (77 %) déclarent faire preuve de violences verbales adressées à d’autres. 65% disent utiliser de temps en temps des gros mots envers les autres et 12 % tous les jours ; et en ce qui concerne les violences constatées, 86% des Français les considèrent de plus en plus répandues et en perpétuelle augmentation pour 81% d’entre eux, se manifestant davantage chez les femmes.[6]

En fait et pour un majorité, « La violence, c’est les autres ! » à l’image de l’enfer de Jean-Paul Sartre (1905-1980) ; peut-être du fait d’un agglutinement indécent des individus dans des cités de plus en plus grandes et sous pression où l’autre est à abattre et où l’on n’est plus capable de se remettre en question, de mener la grande question sur soi-même, mais réactualisée !

Alors, nous libérons notre fureur et déchargeons sur les autres insultes et insanités qui, à la fois desservent et desserrent la colère que nous portons en nous et évacuons vers l’autre, mais que nous ne parvenons pas gérer, ni contrôler et absorber sans une libération pulsionnelle instantanée multipliant des injures relevant majoritairement du champ de la sexualité à travers une rageuse jouissance qui apaise l’appétit par l’outrance[7]. Décharge qui accroît aussi le stress chez notre prochain. Ce qui n’arrange rien à l’affaire. Et le manque d’éducation, dans toutes les acceptions du terme, n’y prévaut point, et en obère une bonne canalisation pour les atténuer et les brider ; le problème majeur restant que cette violence verbale, qui ne règle rien, débouche souvent sur des violences physiques promues tantôt par une peur globale, voire celle de la mort. L’instinct primal renaturé ! Puis une violence physique, souvent sans parole, s’ensuit avec des conséquences parfois irréparables. D’où la nécessité de pouvoir y faire face en se défendant à ces deux niveaux.

Que ce soit dans la rue, à la maison, au bureau ou dans notre véhicule, si les paroles s’envolent, la violence reste ! Comme nous l’avons développé spécifiquement pour la Défense Verbale à travers nos concepts de communication psychotactique et aïkido Verbal (que j’ai préféré au terme Verbal judo de mon regretté ami à l’origine de sa création, le docteur Georges J. Thompson (1941-2011) compte-tenu de mes plus de 55 années de pratique de cet art martial japonais parmi d’autres, et de son adaptation à la Self-Défense des femmes[8], véritable sujet d’aujourd’hui) et différentes méthodes perfectionnées depuis 2010 pour l’enseigner sur les terrains publics et privés, la défense verbale constitue un atout pour tout un chacun et une sauvegarde intéressante à maints égards. Elle doit être différenciée de la négociation, car cette dernière n’intervient généralement que pour une situation identifiée (prise d’otage, …) et sera menée par des membres d’Unités spéciales (GIGN, RAID…) alors que la défense verbale doit permettre au Citoyen (comme au policier et gendarme d’unités conventionnelles) quel qu’il soit, de réagir au moment même de l’agression (dans la rue, un magasin, un bureau, derrière un comptoir …) pour la régler au plus vite et au mieux, 7 fois sur 10. Les techniques d’Aïkido verbal, sur les bases de l’Aïkido traditionnel créé par le grand maître japonais Ô Sensei Morihei Ueshiba (1883-1969) que nous avons développées, enseignées et faites pratiquées s’inscrivent, à partir d’une distance adaptée, dans le contrôle (bonne gestion de l’espace-temps) des mots agressifs (insultes, …) puis leur esquive, pour les retourner vers l’agresseur de manière simultanée et proportionnée en vue de le dissuader à continuer à perpétrer cette agression verbale. Elle permet non seulement de domestiquer sa propre violence, la contenir et la retenir par une meilleure maitrise de soi (attitude, respiration …) en se dépassant, mais également de mieux aborder celle de l’autre avec la mesure qui s’impose, tant avec respect que détermination.

Nos formations permettent de savoir écouter pour entendre, regarder pour voir, connaître pour reconnaître …, tout en apprenant à observer (les mains, etc.), et en se détachant de notre portable hors de chez nous, véritable piège contre la vigilance, ainsi qu’à mieux communiquer[9].

L’individualisme grandissant dans notre société moderne a sa limite : l’Autre ; vis-à-vis duquel nous devons garder la bonne distance tout en gérant parfaitement l’instant, en défense verbale comme en défense physique d’ailleurs, en le considérant d’abord comme un interlocuteur plutôt qu’un adversaire potentiel à brève échéance. Le fait de pouvoir relativiser la situation, voir la brocarder intelligemment y aidera. Dérision, parfois, vaut raison ! La défense physique, quant à elle, constitue trop souvent la faillite d’une défense verbale limitée ou devenue inefficace. Les techniques sont très nombreuses. Qu’il s’agisse de sports de combat (Judo, karaté-do, taekwondo, …) où ‘l’important est de gagner’ (la médaille, la coupe …) ou d’arts martiaux (Aïkido, …) où ‘l’important est de ne pas perdre’(!), comme expliqué dans plusieurs ouvrages[10], les techniques de défense doit être adaptées aux dispositions pénales relatives à la légitime défense, ce qui n’est guère facile aujourd’hui avec les décisions abusives de certains juges[11]. Combattre, c’est bouger, au niveau de son corps comme dans la tête ! Car, même si les conditions retenues par le législateur pour une légitime défense de soi et d’autrui sont respectées face à un acte d’agression actuel et injuste dirigé contre une personne menaçant notre intégrité physique, l’ajustement d’une défense nécessaire, simultanée et proportionnée n’est pas toujours retenu pour diverses raisons, du fait même de l’inacceptation par certains juges de permettre à un citoyen français à pouvoir se défendre lui-même dans certaines situations, et notamment vis-à-vis d’une certaine engeance liée à l’ultra gauchisme, l’islamisme et l’immigration illégale …

Aujourd’hui, il nous faut apprendre à faire face à la violence dans les meilleures conditions possibles avec une formation en Défense Verbale et la pratique de techniques de défense physique, n’oubliant jamais, même si certains en sourient, que la course à pied fait partie intégrante des arts martiaux si elle en devient la seule voie de salut. « Il n’y a pas d’homme fort, il n’y a que des hommes entraînés » ai-je écrit par ailleurs[12].

La défense verbale permet un éveil sur soi et autrui. C’est à tout un chacun qu’il appartient de se prendre en main courageusement et avec détermination. Il nous faut apprendre à respirer physiquement comme spirituellement et au mieux là où l’air nous manque, et prendre conscience de notre vie dans l’instant (vigilance), afin de gérer risques et menaces de notre quotidien pour un meilleur contrôle de notre stress[13] et notre survie sociale. Apprenons aussi à nous ressourcer, toutes les fois que possible, dans un endroit calme et de prendre un moment pour nous préserver de ce monde de violence, afin de mieux nous retrouver, voire d’y échanger des paroles sans violence toutes les fois que possible avec un Ami. Spirituellement parlant, l’étude de la foi de Jésus, qui nous invite à « aimer notre prochain comme nous-même » (Marc 12 :31), reste plus que jamais d’actualité, et mérite d’être méditée pour nous fournir un havre de paix afin de nous aider à nous abriter de ce monde violent tout en retrouvant force et paix dans le silence de notre vie. Écouter le silence peut engendrer une certaine plénitude pour mieux vivre notre pensée et penser notre vie, voire la compenser.

Notes

[1] Proverbes 13 : 2 ; maximes de Salomon.

[2] « Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : Qui peut le connaître ? » in Jérémie 17 : 9.

[3] Sylvie Kabina-Clopet, « 1944 Meurtre d’une Femme de l’ombre – Évelyne Clopet parachutée en France occupée », Nouvelles sources, 2023, Postface p. 463.

[4] Mark Twain, « Cette maudite race humaine », ‘Recueil d’essais publiés à titre posthume, traduit par Isis von Plato et Jörn Crambeleng, Arles, Actes Sud, 2018.

[5] Gérald Garutti, « Les particules de la colère. Les violences verbales en France », société, 19/09/2024.

[6] Alfred Aurenche, « Exclu RMC. Violences verbales : 77% des Français insultent d’autres personnes ». CA du 19/09/2024.

[7] Heinrich von Kleist, « Penthésilée », dans Théâtre complet, traduit par Ruth Orthmann et Éloi Recoing, Arles, Actes Sud, coll. « Babel », 2001, p. 552.

[8] Aïkido Club Nobuyoshi Tamura Shihan (ACNTS) à Seichebrières (Loiret).

[9] Raymond H. A. Carter, « Comment se défendre verbalement au quotidien – La parole, arme ultime de la ‘communication psychotactique », préface d’Emmanuel Caulier, Diplomatie et stratégie, Éditions de l’Harmattan, 2014.

[10] Raymond H. A. Carter et K. Oriol, « Technique de combat au corps-à-corps », préfacé par Christian Prouteau, Préfet, Délégué à la sécurité des jeux olympiques, Fondateur et ancien Commandant du G.I.G.N., Tomes 1, 2 et 3, Éditions Chiron, 1991-1994.

[11] Raymond H. A. Carter, « Légitime défense et légitime violence”, publié par Eurolibertes.com, le 26 novembre 2024.

https://eurolibertes.com/societe/legitime-defense-et-legitime-violence/

[12] Raymond H. A. Carter, « Technique de combat au Couteau – Knife Fighting techniques », Éditions Chiron, 1996.

[13] Raymond H. A. Carter et Yves Le Mée, « Stress et Défense personnelle » Bien s’en sortir en cas d’agression, Éditions Chiron, 2006.

Raymond H. A. Carter et  Henri Pétry ont publié Doctrine de la fédération française de tir des professionnels armés (éditions Dualpha, collection « Patrimoine de l’Arène », 62 pages, 17 €., préface de Christian Ménard, ancien secrétaire de la Commission de la Défense et des Forces Armées (A.N.), ancien Député-Maire honoraire de Châteauneuf-du-Faou.

Sociétés Militaires Privées (SMP), Contractors, Mercenaires : que n’a-t-on fait d’amalgames pour jeter l’opprobre sur des activités de Défense et de Sécurité s’exerçant en toute légalité. Une formation adaptée, reconnue par les instances publi­ques est une nécessité. Il ne s’agit pas là de former des « rambos », des « bodybuilders », mais des hommes complets, c’est-à-dire des personnes capables de réfléchir, de s’adapter à toute situation, possédant des éléments de géopolitique, maîtrisant une langue étrangère. Cette doctrine a été réalisée en 2023 sous la direction du Comité d’administration de la Fédération Française de Tir des Professionnels Armés avec l’aide du groupe de travail composé de (par ordre alphabétique) : Fabrice AUGERAUD, Olivier BILLY, Dr Raymond CARTER, Me Guillaume DEMARCQ, Jean-Pierre DIOT, Richard ETZWEILER, Dr Vincent LAFORGE, Pascal LIENARD, Pascal LOUIS, Henri PETRY, Cédric ROSSO.

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