À chacun son droit à la différence

On connaissait les droits de l’Homme ! Wokisme aidant, on multiplie aujourd’hui les droits de l’Autre.

Ainsi que l’a rapporté France 3 Normandie, le parking de l’hypermarché de Tourville-la-Rivière, possède 2 300 places de parking. Après celles réservées aux voitures électriques, celles en bleu pour les personnes handicapées, en jaune pour les familles nombreuses et en orange pour les femmes enceintes, 14 places sont venues s’y ajouter, celles-ci marquées en rose pour des emplacements réservés aux seniors.

« Ces emplacements reposent avant tout sur la bonne volonté des usagers », dixit la direction.

Initiative louable, mais encore très insuffisante. Ainsi, mettre à l’écart les diesels sataniques doit être considéré comme une nécessité. Quant à la clientèle, d’autres populations doivent aussi être prises en compte. Des emplacements en noir et blanc pour les daltoniens. D’autres plus spacieux pour les papistes et leurs minibus. Souterrains pour les acrophobes. Surélevés pour les claustrophobes. Très éclairés pour les nychtophobes. Cloisonnés pour les agoraphobes. Décorés de smileys pour les hédomophobes. Et les personnes en surpoids, ou les transgenres ? Doit-on les oublier ? Quant aux clients ordinaires, leur particularité étant de ne pas en avoir, ne sont-ils pas en droit d’en revendiquer une ? Au contraire, il conviendrait aussi de prévoir des sous- différenciations. Pensons au cas difficile des femmes enceintes handicapées de plus de quarante ans…

Lorsque chacun peut s’identifier à une catégorie, il devient possesseur de droits particuliers, opposables à ceux des autres catégories. Différencier chacun incite chacun à se différencier. Au nom de ses droits spécifiques, un handicapé se mettra systématiquement sur une place handicapée, même s’il existe des places ordinaires à côté. Logique : toutes les catégories ne peuvent exister qu’en s’excluant mutuellement. Alors, si faciliter l’accès des personnes à mobilité réduite ou des femmes enceintes est évidemment légitime, faut-il vraiment aller au-delà ?

Car à partir de quel âge le supposé senior va revendiquer son droit à la différence et se garer dans le rose ? Interrogé par France 3, Un homme d’apparence jeune, garé sur l’un de ces emplacements roses se défend de l’usurper :

— À partir de 45 ans, on est senior !

Même les places pour handicapés sont de moins en moins respectées avec un contrôle du QR code plus théorique qu’effectif. La multiplication des particularismes a pour conséquence leurs banalisations et chacun ne peut faire respecter le sien qu’en traquant celui des autres, au risque finalement d’alimenter les communautarismes davantage que l’empathie.

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